La Nouvelle Vague. Ce courant français ayant en grande partie changé notre vision du cinéma, mais qui a surtout réussi à créer un rejet absolu du public, tant certains faux cinéphiles ne jurent que par elle. Naturellement, face à une telle démonstration d'arrogance de ces amoureux de Beaubourg qui pensent que le cinéma ne doit jamais rimer avec le grand spectacle, on s'éloigne et on ne porte que peu d'intérêt à un mouvement qui clairement en vaut la peine. Et après avoir admiré la nouvelle fresque d'Angelina Jolie, l'auteur de ces quelques lignes qui ne connaît encore rien aux Godard et aux Truffaut vous le dit tout haut : il est grand temps d'y jeter un oeil.


Dans un décor idyllique, prouvant une fois encore que les étrangers savent mieux filmer la belle France que nous, la caméra de dame Pitt se pose comme un appareil photographique. Il n'y a pas le moindre plan qui ne soit pas étudié, composé, et ne se pose comme une magnifique carte postale. La pertinence de l'esthétisme proposé nous invite au rêve. La réalisatrice fait une véritable déclaration d'amour à son décor, et nous l'offre avec générosité.


Si son sujet peut apparaître simple, traiter de la dégénérescence d'un couple avec justesse est probablement l'exercice le plus difficile qui soit, tant tout le monde peut se sentir concerné. Là où Maïwenn choisissait la débauche d'énergie, l'excentricité pour démontrer sa vision, Jolie préfère l'isolement, l'intimiste, les demi-mots. Pour être sûre que sa relation fonctionne, autant faire appel à son mari, et quand ce dernier est l'un des meilleurs comédiens de ces derniers décennies, le choix ne peut qu'être gagnant. Tout se situe dans les jeux de regards, et on ressent tout aux côtés de ce couple. On partage leur détresse, leur ironie, et on les suit dans le vice qui les rapproche.


Aucune carte des clichés, aucun ressort vulgaire ne viendra entacher cette histoire qui joue autant sur sa forme que sur son fond. L'envie d'ailleurs nous assaille, l'envie de se mettre en irntrospection totale aussi. On est surtout ébahis par ce degré de maîtrise proposé par Angelina Jolie, qui parvient non seulement à retranscrire sa passion pour un mouvement cinématographique, mais aussi à y apposer une empreinte unique.

ThierryDepinsun
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le 18 déc. 2015

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