Risque double, résultat mitigé

Ce film partait sur un risque double. D'une part, il adaptait un jeu vidéo, et tout le monde sait que les adaptations de jeux vidéos sont loin d'être fameuses. D'autre part, il appartenait au genre fantasy, un genre qui peut être excellent dans la littérature ou pour les jeux vidéos mais qui n'a connu son heure de gloire qu’éphémèrement au cinéma. Ici, selon moi, le résultat s'avère mitigé.

Je vais directement pointer le problème numéro un du film : il est trop refermé sur lui-même. Il était prometteur et nous présente un univers riche. Seulement, comme il ne semble s'adresser qu'à ses fans, j'ai été perdu pendant une bonne partie du film. Trop de questions me taraudaient l'esprit : Comment la magie marche ? Qu'est-ce qui différencie les Orcs bruns des Orcs verts ? Plutôt que d'introduire correctement l'histoire et de nous expliquer son univers, le film se perd dans des références non seulement inutiles mais qui ne sont pas aidées par le scénario. Sérieusement, c'est bien de parler des Dunes de Givrevent, mais je ne connais rien de l'univers Warcraft, donc s'il n'y a pas de repères géographiques, je me perds. Et des références comme ça, il y en a tout du long. Ce genre de fan-service effleure dans le sens du poil certains fans et irrite les autres. Moi, j'étais complètement perdu, parce que le film va trop vite.

Je crois aussi que ce doit être la première fois que je vois un univers aussi "fantasy" au cinéma, avec une magie aussi présente j'entends. Personnellement, ça ne me dérange pas : cela plante un décor assez joli et vaste. Seulement, trois problèmes se posent. Premièrement, comment fonctionne la magie ? D'un côté, elle m'a l'air très puissante et la formation de mage semble être accessible à tous. Mais de l'autre côté, il n'y a que peu de mages dans le film. Ensuite, le film présente plusieurs races, incluant les Nains et les Elfes (ces derniers n'apparaissant que brièvement dans le film dans un espèce de cosplay raté). Toutefois, comme il est centré sur le conflit entre les Humains et les Orcs, ils passent au second plan et c'est d'autant plus frustrant qu'ils auraient pu disposer d'un véritable rôle au sein du récit. Enfin, troisième problème : trop de numérique ! Il n'est pas raté, loin de là (hormis quelques effets qui font tâche), mais mis à part les Humains, tout est de numérique !

Concernant les personnages, c'est très inégal. Travis Fimmel interprète un Lothar qui se méprend beaucoup à son rôle de Ragnar dans Vikings, tant dans les mimiques que dans le comportement un brin cynique, sans parler de ses remarques humoristiques souvent inappropriées qui peuvent désamorcer toutes les situations un minimum dramatiques du film.

Puis, là où le bât blesse, c'est que les autres personnages Humains se révèlent assez fades, car trop ancrés dans un rôle stéréotypé, y compris ce jeune mage censé représenter un homme déterminé et plein de connaissances mais qui ne se démarque pas. Par comparaison, les Orcs sont beaucoup plus réussis. Si on en omet un ou deux, le film évite de faire dans le manichéisme facile des "Gentils Humains" contre les "Méchants Orcs". Durotan est un Orc bon et déterminé, Drakka est une mère forte et Ogrim est tiraillé entre deux idéologies. Ils transcendent beaucoup mieux l'écran que leurs homologues humains.

Niveau scénario, je ne sais pas trop quoi dire. Des bonnes idées mais souvent gâchées par des clichés. Du coup, le déroulement de la dernière partie du film s'en retrouve prévisible et sans intensité, car le film n'a pas pris le temps de développer ses enjeux. En outre, la mise en scène assez confuse n'aide pas non plus à trouver quoi que ce soit "d'épique" dans les batailles.

Warcraft, c'est donc un film prometteur qui aurait pu être mieux s'il avait su exploiter son potentiel, sortir des sentiers battus et mieux mener son histoire. Toujours est-il que, pour se consoler, on pourrait se dire qu'il est mieux que la moyenne des adaptations de jeux vidéo et des films fantasy, mais franchement, était-ce difficile ?