Typique des oeuvres malheureusement plus célèbres pour leur confection chaotique que pour leur véritable valeur cinématographique, Waterworld aura effectivement été un véritable parcours du combattant pour ses créateurs et traîne encore aujourd'hui une sale réputation, pas toujours justifiée d'ailleurs.


Gigantesque véhicule à destination d'un Kevin Costner ne se sentant plus pisser mais qui allait connaître, sans le savoir, ses derniers instants de gloire avant longtemps, Waterworld revient de loin, de très très loin même. Son tournage sera un véritable enfer pour toute l'équipe, étant principalement mis en cause la logistique hallucinante d'une telle entreprise, la guerre ouverte entre la star et le cinéaste Kevin Reynolds (les deux resteront brouillé pendant de longues années), un scénario sans cesse remanié et de sérieux dépassement de budget s'étalant sur une post-production laborieuse. Résultat des courses, le film coûtera une blinde et se condamnera lui-même à un échec tout relatif, les recettes à l'international lui permettant tout de même de rentrer dans ses frais.


Quand on revoit le bousin aujourd'hui, on peux comprendre aisément un tel bordel, même si l'accueil glacial de l'époque parait légèrement excessif, le film de Kevin Reynolds ne méritant pas son statut de navet boursouflé. Sorte de Mad Max aquatique, Waterworld a pour principal défaut son orientation même, ou plus exactement son manque d'orientation véritable. Tour à tour post-apo bis, blockbuster estival, western, swashbuckler, fable naïve ou comic-book déjanté, Waterworld ne semble jamais choisir. D'où ce sentiment d'assister à un délire foutraque à près de 200 millions de dollars.


Difficile de prendre tout cela au sérieux, ce qui est franchement dommage vu les moyens mis en place et le tour de force technique orchestré par Kevin Reynolds et son équipe. Si l'ensemble manque de fond (on est plus proche du troisième Mad Max que du deuxième) et rate son dernier acte (pas aidé par des incrustations foireuses), on ne peut nier un sens évident du spectacle, immense défouloir régressif comportant pas mal de morceaux de bravoure spectaculaires.


Bénéficiant de décors imposants (l'immensité de l'océan donne franchement le tournis), d'un casting plus que sympa, d'un score palpitant signé James Newton Howard et du savoir-faire d'un metteur en scène en plein chaos, Waterworld est certes un film bancal, imparfait, longuet et tout ce que vous voulez, mais reste sympathique et fascinant dans son ratage tout relatif.


Déjà affaibli par l'échec de l'excellent Wyat Earp qui lui tenait à coeur, Kevin Costner perdra de sa superbe suite à cette expérience douloureuse, ce qui n'empêchera pas un gros studio comme la Warner de lui faire confiance pour son faramineux Postman, qui, lui, sera en revanche un flop commercial en bonne et due forme, achevant de remiser la star au placard.

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le 13 juin 2015

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Gand-Alf

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