Une énorme claque que ce Whiplash, dont on m'avait vanté les mérites depuis sa sortie.
J'avais (très) peur de la déception, comme très souvent lorsqu'un film est sur-vendu par son entourage, mais il n'en est point. On a là affaire à un long métrage d'une qualité exceptionnelle : duo d'acteur hallucinants, réalisation superbe, colorimétrie soignée, montage impeccable etc etc... Et bien entendu une BO extraordinaire, largement à la hauteur de ce qu'on attends pour un film sur la musique, notamment sur le jazz.
On peut toutefois mettre un petit bémol (haha) sur le scénario un petit peu léger et prévisible, et sur quelques choix de réalisation, qui s'acharnent à montrer au spectateur que "il faut saigner sur sa batterie pour bien jouer, sinon ça pue"... Sans ça c'était le 10/10 (EDIT : finalement, je lui ai bien mis 10 ;) ), le perfect combo, le 100% succeed.
Toutes les scènes musicales sont parfaites. Au delà de mon avis sur le propos du film dont je vais parler un peu après, ces scènes sont filmées de manière remarquable. Elles débordent de vie, d'énergie, de réalisme (dédicace au plan sur la trompette qui vide sa tuyauterie pleine de bave sur le sol). Il y a un souci à la fois du détail et à la fois de l'envie de faire entrer le spectateur dans l'intimité d'une formation musicale de très haut niveau. Grisant.
Le film soulève de nombreuses questions sur la formation des élites musicales.
Celle qui m'a tourné en tête à la fin de Whiplash était la suivante : et si Andrew n'avait pas été poussé par les méthodes quasi barbares de Fletcher, aurait il accompli ce magistral solo de fin ? Est ce qu'il aurait passé la frontière indescriptible qui sépare les grands talents des génies intemporels ? Certes il n'était déjà pas mauvais avant la rencontre avec son professeur/bourreau (rayer la mention inutile), mais on nous mets ici face à une réalité glaciale : oui, l'accès au statut de génie musical, d'icone générationnelle, est un véritable parcours du combattant. Fletcher l'a bien compris, et se tue à (trop ?) appliquer des méthodes quasi militaires, usant à toutes les sauces de l'humiliation pour encourager ses élèves à aller au delà de leurs limites.
Et c'est dur. Difficile d'assister à ce qui se rapproche de la manipulation, de la torture psychologique. Difficile de regarder un bon gars comme Andrew se laisser aspirer dans cette spirale, laissant derrière lui tout ce qu'il avait (sa copine, sa famille, sa vie sociale...). Mais c'est aussi jouissif. Jouissif de voir ce qu'il arrive à faire, surtout dans cette scène de fin. Et jouissif pour le public du grand show final (nous, dans la vie réelle...) d'assister à une telle démonstration de talent...
On peut nuancer en se posant aussi la question de la "prédestination" : Andrew avait il le talent nécessaire dès le début ? Aurait il finit par traverser cette fameuse frontière d'une autre manière ? Je pense que la question reste ouverte, malgré le parti pris assez évident du film contre cette prédestination.
Voilà ce que je pense de Whiplash. Si vous avez l'opportunité d'aller voir ce film, malheureusement trop peu programmé dans nos salles, foncez.
Et bordel, IT'S NOT MY FUCKING TEMPO !
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Créée
le 30 janv. 2015
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