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"Reputation is an idle and most false imposition; oft got without merit and lost without deserving." Shakespeare, Othello


Aydin (Haluk Bilginer) est un ancien comédien de théâtre à la retraite qui a ouvert un hôtel troglodyte en Cappadoce, l’hôtel Othello. Il vit avec sa jeune épouse Nihal (Melisa Sözen), sa sœur Necla (Demet Akbağ), son assistant Hidayet (Ayberk Pekcan) ainsi qu'une bonne. Un client de l’hôtel venu faire une pause dans son voyage en moto à travers la Turquie demande s'il y a des chevaux. Aydin lui dit que non, mais va ensuite en acheter un à un homme qui capture et dresse des chevaux sauvages. Aydin essaie d'écrire un livre sur l'Histoire du théâtre turc, il écrit aussi des articles pour un petit journal local, mais se fait embêter de toutes parts. D'abord par des locataires qui ne payent pas leur loyer. Depuis que leur télévision a été saisie, ils ne sont pas contents et le jeune fils va lancer une pierre contre la voiture du propriétaire. Les locataires sont deux. Un alcoolique qui a fait de la prison, le père de l'enfant. Son frère, qui est hodja.

Aydin se fait aussi embêter par sa sœur. Cette dernière vit dans la maison dont ils ont hérité de leurs parents après son récent divorce dont elle a du mal à se remettre. Elle déprime, s'ennuie, et embête son frère en lui faisant des reproches notamment sur son écriture. Pourquoi perd-il son temps à écrire alors qu'il n'a aucun talent ? Il parle de sujets qu'il ne connait pas. Pareil pour la jeune épouse. Celle-ci l'a épousé alors qu'elle était très jeune et qu'elle admirait surement le célèbre comédien de théâtre qu'il était alors. Mais il a vieilli, il n'est plus l'homme qu'il était, et la vie qu'il mène dans cet hôtel au milieu du nul part est très différente de la vie qu'elle aurait voulu. Bref elle a l'impression de s'être fait avoir. Par conséquent elle traite son mari très mal, mais lui se laisse faire.

Tout cela donne lieu à des dialogues de disputes excessivement longues, répétitives et ennuyeuses montrant des personnages qui tournent en rond pouvant faire penser vaguement à Sonate d'automne de Bergman mais surtout à son film suivant Le poirier sauvage où un aspirant écrivain insulte un vrai écrivain. Nous avons le droit à une sorte de joute pseudo-intellectuelle sans queue ni tête avec citations de Shakespeare à la fin du film entre Aydin (saoul) et le plus tout jeune instituteur. Le film s'achève par Aydin tirant au fusil sur un petit lapin, symbole de l'innocence et de la mignonnerie. Cela nous fait penser que malgré sa propre bêtise sa femme avait raison : il est méchant. Tuer les petits lapins ça ne se fait pas. Pourquoi avait-il besoin de tuer un petit lapin ? Et ce n'est pas parce qu'il a libéré le cheval sauvage que ça excuse quoi que ce soit !

On peut faire un parallèle avec le livre de Pamuk Neige. En effet, les deux œuvres se déroulent dans une partie neigeuse de la Turquie en plein hiver (Kars dans Neige, la Cappadoce ici), le théâtre est central (la pièce de théâtre qui se joue dans Neige, le livre sur le théâtre qu'écrit Aydin dans Winter Sleep) et l'écriture joue un rôle majeur (les poèmes du poète Ka dans Neige, le livre sur le théatre qu'écrit Aydin encore une fois ).

Vraie note 7,5.

Créée

le 28 déc. 2023

Critique lue 10 fois

Hunkarbegendi

Écrit par

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