C’est marrant ce film là je l’avais complètement oublié alors que paradoxalement il m’avait assez marqué lors d’une diffusion nocturne sur M6 il y a une bonne dizaine d'années, disons que ça m’est revenu en farfouillant les pages de SensCritique, je lui ai mis 4/10 un peu au pif il y a quelques mois puis je me suis dis que ça serait sympa de me refoutre dedans pour voir, et franchement c’était plutôt sympa, oui.

"Wishmaster" nous plonge en pleine légende, celle des djiinns, démons ancestraux hantant les couloirs entre les mondes depuis l’aube des temps, à l’aspect monstrueusement démoniaque leur maitre a pour mission d’exaucer trois voeux en échange d'âme de mortels, une fois 1000 âmes collectées il pourra ouvrir une porte permettant à son armée d’investir la Terre. Mais au XIIe siècle un sorcier perse réussit à l'emprisonner dans un opale flamboyant pour y demeurer éternellement, huit siècles plus tard il est malencontreusement réveillé par un bijoutier suite à un malheureux hasard, le début d’un nouveau cauchemar.

Déjà je dois dire que l’intro est franchement excellente car elle donne le ton résolument gore du film, le massacre complètement what-the-fuckesque du palais est limite jouissif, des lambeaux de chairs serpentent de partout, les squelettes sortent des enveloppes corporelles, des monstres visqueux s’extirpent des abdomens pour dévorer d’autres convives, etc, bref génial (ou ridicule selon les avis), une sorte d’orgie mode Clive Barker. Visuellement c’est un peu kitsch, entre univers coloré, maquillages à l’ancienne et nouveaux effets numériques de l’époque (1997), ça semble tout de même assumé et volontairement fun tout en gardant un registre terrifiant, habituellement ça peut me saouler mais ici ça a fonctionné parce qu’en plus l’histoire, aussi abracadabrantesque soit elle, propose quelque chose d’assez distrayant et modérément passionnant. Je ne connais pas bien la mythologie des djinns (même si ici c'est d’avantage dérivé par rapport aux légendes orientales) mais c’est abordé assez correctement pour s’y intéresser très vite, le principe est simple, il suffit d’avoir vu "Aladdin", cependant le fameux génie est bien plus ordurier, c’est le moins qu’on puisse dire, son but est de volontairement sous-interpréter les souhaits de ses victimes pour les anéantir plus facilement et récolter son quota d’âmes tout aussi rapidement.

Le film se veut aussi et surtout être un hommage au cinéma d’horreur des années 80 et dévoile un arsenal impressionnant de symboles de cette période dorée : Wes Craven à la production, Robert Kurtzman (responsable des FX de "Predator" et "Evil Dead 2") à la réalisation, la légende Tom Savini au maquillage, et même la présence au casting de trois des interprètes de slasherman les plus charismatiques du cinéma, Robert Englund (Freddy Krueger), Kane Hodder (Jason Voorhees) et Tony Todd (Candyman). Cependant les personnages principaux restent des acteurs moins connus, Andrew Divoff qui joue le Djinn est terrifiant et construit un monstre démoniaque mémorable, son jeu, peut être un brin cliché textuellement, inspire les pires inquiétudes et il le fait avec un panache et une tonicité bien gardée; les autres par contre sont moins convainquant, l’actrice principale en tête qui est parfois assez énervante dans ses crises médiumniques, enfin ça reste tout de même correct.
Le problème principal du film, outre son aspect un peu kitsch qui peut passablement déranger, est son scénario qui peine à clairement se développer, car à un moment il devient inexorablement bordélique et maladroit, paraissant ouvert aux facilités les plus stéréotypées, et les tueries (aussi cool soient elles) apparaissent parfois comme des minis sketchs prévisibles parasitant le fil conducteur de l’intrigue, c’est un peu dommage même si c’est bien souvent le lot commun de ce genre de longs métrages.

"Wishmaster" est un film d’horreur tout juste correct, pas très bien foutu avec une histoire repoussant sans doute un peu trop les limites du bon sens mais l’univers est fort sympathique, doté d’un méchant charismatique et machiavélique, niveau gore on en a pour son compte (c’est d’ailleurs l’aspect qui ressort le plus au final), et les divers clins d’oeil aux 80s sont amusants. Ça reste un bon petit moment niveau horror-movie pop-corn, rien de plus.

(+1)

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le 26 févr. 2015

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JimBo Lebowski

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