Si Wolverine sauve les meubles, c'est parce qu'il n'est pas commode.
Le nouvel opus du X-Men le plus populaire est un film... déconcertant. C'est à dire qu'il y a dans ce "Combat de l'Immortel" d'impressionnantes qualités, autant que de défauts impardonnables. La première moitié du film est sans doute la meilleure. En à peine 20 minutes, James Mangold parvient avec une fluidité étonnante à passer des forêts de pins enneigées au calme des bâtisses rougeâtres du Japon. Cette introduction, précédée d'un flash back joliment envoyé, étonne par le rythme appliqué, où l'on voit aussi bien Logan suivre un ours à travers les arbres que le mutant sapé tout d'un coup en costard noir. Il y a dans ces 40 premières minutes un ton imposé aux antipodes de l'ambiance populaire des derniers films de super-héros. Ce rythme si particulier donne à ce "Wolverine" un charme des plus plaisants. Ce charme agit d'ailleurs jusqu'à la première grande scène d'action se finissant dans un train. Un esprit série B, dans la façon de filmer la poursuite comme dans un "Taken", se fait ressentir et donne à "Wolverine" ses meilleurs moments.
Hélas, il faut vite déchanter une fois l'intrigue éparpillée et les personnages séparés. Si les scènes d'action sont réussies, le récit finit par patauger sévèrement, précisément quand l'intimiste s'installe de façon prédominante chez le héros. Pendant une durée qui semble interminable, le film se résume à un Logan s'endormant et se réveillant sans cesse, à répétition où le fantôme de Jean Grey, émouvant à sa première apparition, finit par devenir l'un des points lourds de l'oeuvre. Ce qui aurait du se révéler une liaison touchante entre le héros et sa nouvelle compagne devient une histoire d'amour à deux balles, appuyée par une lenteur dérangeante qui donne l'impression que le film ne redécollera jamais. Puis le scénario repousse le héros à se lancer dans l'action, enfin, pour mieux faire ressortir ce trauma de la malédiction que représente l'immortalité. Mais ce trauma, justement, est édulcoré. Bien mis en place en début de métrage, le traumatisme de Logan finit par devenir secondaire et quand celui-ci se sent obligé d'éclater au visage du spectateur, il le fait de façon peu subtile et répétitive, ne se résumant après qu'aux apparitions de Jean Grey. Le final, s'il n'est pas désagréable, ne fait finalement pas avancer grand chose et les scénaristes y font une erreur difficile à digérer, en faisant du méchant l'ennemi d'hier quand celui-ci était alors présenté comme un personnage sympathique.
"Wolverine : le Combat de l'Immortel" n'est pas un véritable ratage, ses propositions dans la manière de modifier la construction d'un film de super-héros étant honorables et pendant un temps convaincantes. Mais la pente qu'il emprunte finit par devenir trop sinueuse pour qu'il se relève et finit dans le divertissement lambda où seul les charismes de Hugh Jackman et Rila Fukushima arrivent à sauver les meubles. Si Wolverine reste un personnage fascinant de cinéma, il faut bien admettre que ses aventures solo, déjà entachées par un premier "Origins" pas terrible, ne sont pas vraiment concluantes, à l'inverse de ses apparitions en groupe, où il peut, face à ses confrères, être un sujet bien plus performant.