Un voile trouble de la mythologie X-Men se lève avec la sortie en salle de Commencement. Que les férus d'action se montrent indulgents, il est ici question d'hommes avant tout.


Source de sous-entendus tenaces et de digressions au potentiel narratif sous-exploité, la rencontre des deux mentors historiques des X-Men aura finalement su charmer les huiles de la Twentieth. Préquelle des préquelles, X-Men : Le Commencement sera l'occasion d'assister à la naissance des X-Men en tant qu'organisation, certes, mais surtout à la rencontre des véritables stars du film que sont le Professeur X et Magneto.

Surfant sur le succès mérité de son tonitruant Kick-Ass, Matthew Vaughn se voit catapulté aux commandes du show et parvient, malgré des restrictions artistiques que l'on sent plus sévères ici que sur son dernier bébé, à insuffler à ses personnages une humanité touchante, de même qu'à distiller des touches d'un humour autrement plus subtil que celui des blockbusters de base. Et si tous ne sont pas parfaits, en particulier les apprentis mutants, insipides quand ils ne sont pas grotesques, c'est avec une joie pleine de candeur qu'est accueillie chaque apparition des deux figures principales.

Fils de leur temps, malgré – ou grâce à – leurs mutations génétiques spécifiques, Xavier et Lehnsherr sont les parfaits vecteurs des éléments constitutifs de leur époque. La libération des mœurs pour un Xavier (McAvoy) noceur, baratineur de première et fripon patenté, usant et abusant de ses particularités pour séduire les jeunes étudiantes de Harvard ; l'héritage chronique d'une Guerre Mondiale aux conséquences indélébiles, d'autant plus pour l'ancien juif déporté qu'a été Lehnsherr (Fassbender, bluffant de charisme), reconverti en chasseur de nazis impitoyable.

Et l'époque, c'est bien ce qui fait le charme de ce Commencement. Probablement pas étranger au raz-de-marée Mad Men et sa réactualisation glamour de sixties dorées – au point d'en débaucher l'une de ses actrices principales pour jouer le rôle essentiel de Frost (January Jones) – l'esthétisme du film s'en voit renforcé au point de faire oublier une certaine paresse rythmique et des scènes de bravoure pas toujours très sexy.


A n'en pas douter figure incontournable des futurs blockbusters estivaux, Matthew Vaughn signe avec X-Men : Le Commencement un divertissement racé emprunt d'humour et d'humanité, auquel il faut néanmoins pardonner une certaine paresse en terme d'action. Porté par deux figures charismatiques au background étoffé, cet X-Men fait la part belle aux gueules et prouve que, pour qui veut se divertir l'été, tout n'est pas que taule froissée et humour potache. N'en déplaise à Bay.
Dardefion
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le 29 juin 2011

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