Funambule au-dessus du chaos

Un thriller assez bien fait, même s'il manque un peu de vitalité, comme son héroïne, une enquêtrice qui peine à se remettre du traumatisme ancien de la mort de son mari.

Tout va mal dans sa vie: humiliée par son supérieur, en conflit avec son ado de fille, criblée de dettes et aussi prise d'angoisse à la vue et à la pensée de cadavres, elle peine à s'en sortir.

Un collègue ambitieux décide, en se basant sur son ancienne réputation de super flic qu'elle avait acquise avant la mort de son mari mais qu'elle a perdu depuis à cause de ses crises de panique, de tenter le pari de la suivre dans une enquête sur des suicides qu'elle est la seule à voir comme des meurtres maquillés. Propulsée par cette aide inattendue, notre enquêtrice s'empare de cette affaire qui la mènera sur un terrain dangereux, d'où il sera difficile de revenir vivant.

Dans une atmosphère de conflits, de manifestations violentes et de cocktails Molotov, dans un pays rongé par la corruption, entre les abus qui pourrissent de toute part la société, à tous niveaux (du commissaire qui la descend devant tous ses collègues, jusqu'aux enfants fils de députés qui harcèlent impunément sa fille au collège), l'héroïne, en permanence au bord de la crise de nerfs, toujours proche du malaise, toujours en équilibre entre l'abandon et la lutte, et la chute ou l'acharnement, continue, à contre-courant, d'aller de l'avant pour faire la lumière sur ces meurtres, surmonter ses appréhensions.
Le film est ponctué de plans très beaux sur la ville à l'envers, le ciel en bas, des croisements d'autoroutes, vus de haut, de visages..., qui tournent et semblent désaxés, ternes, nimbés de nuages, reflétant bien l'atmosphère de la ville et l'état d'esprit de l'héroïne.

Un film sympathique, pas transcendant mais tout de même pas mal du tout, qui finalement, malgré son aura dépressive et presque fataliste tente de nous encourager à affronter comme l'héroïne l'adversité avec ruse et courage.