Papa de l'ailleurs

Sam Philippe est un bon père. Avec Tony son fils ils jouent tranquilou quand une vive lumière les enveloppent. Trois ans plus tard, Tony vit avec sa mère et son beau-père dans un appartement de Londres quand son père revient. De la plus naturelle des façons, comme le spectateur a l’honneur de le découvrir : en accouchant adulte du corps d’une jeune femme agressée par une mystérieuse créature (une charmante scène). Il prétend qu’il ne se rappelle de rien, mais met dans la confidence Tony : tous deux ont développé de nouvelles capacités qui ne laisseront que peu de chances à leur entourage.

Le scénario, constamment bousculé et réécrit arrive pourtant à un mélange assez réussi entre science-fiction et film d’horreur. On peut même y ajouter une composante sociale, avec la famille recomposée qui se demande comment intégrer Sam à celle-ci, et même si elle le doit. Cela permet de développer les personnages, mais aussi de jouer sur l’ambiguïté du supposé paternel, dont les intentions ne sont pas évidentes.

Si l’enlèvement surnaturel est assez commun, la façon dont le film le marie avec une dimension horrifique est assez bien trouvée. Xtro laisse des questions en suspens, mais ne se prive pas dans sa représentation de la violence, assez dure. Celle-ci se révèle même parfois assez imaginative, comme les pouvoirs de Tony qu’il utilise comme un enfant. Dans ses moments, le film plonge dans un aspect surréalisme inquiétant, à l’image de cette voisine agressée par une figurine géante.

Mais la création de Harry Bromley Davenport, producteur, scénariste et réalisateur, interpelle aussi par sa représentation de l’horreur, énigmatique et dérangeante dans une déformation charnelle très bien rendue. Les effets spéciaux sont assez réussis, pervertissant la chair des créatures et le contact humain. Les femmes victimes deviennent des matrices. Le corps devient pourriture pervertie par l’influence extérieure.

Le film contient beaucoup d’éléments, et se montre maladroit sur certains, comme la direction de certains acteurs. Mais pour un film de série B, de plus britannique, il se montre assez particulier, oscillant entre différents genres, sachant se montrer plus directif et parfois plus énigmatique. En réduisant au plus près, ce n’est que l’histoire d’un père et de son fils, mais présenté d’une façon qui n’appartient qu’à Xtro. Le film est curieux, mais réussit son pari, il intrigue et dérange.

Deux films utiliseront le terme d’Xtro, toujours réalisés par la même personne, mais chacun est indépendant.