Un rejeton Drebin qui ne tire pas qu'à blanc

Un quatrième volet des "Y a-t-il un flic pour sauver... ?" ("The Naked Gun") en 2025, tentant franchement de ressusciter la loufoquerie généreuse des comédies de la team ZAZ (Zucker-Abrahams-Zucker) d'antan et avec la complicité de Liam Neeson en fils de Franck Drebin (Leslie Nielsen) ou encore celle de Pamela Anderson en relève de Priscilla Presley... Même si le projet était un serpent de mer depuis plus d'une décennie (une suite avec Leslie Nielsen lui-même avait d'abord été envisagée avant sa mort en 2010), lorsque la bande-annonce de ce "Y a-t-il un flic pour sauver le monde" a déboulé de nulle part, il faut bien dire qu'elle a quasiment pris tout le monde de court tant le projet et sa mixité improbable d'éléments paraissaient lunaires... et promettaient, chose étonnante, d'être plutôt drôles et fidèles à tout ce que l'on pouvait attendre d'une suite tardive comme celle-ci.

Entre un braquage de banque stoppé par ses talents ahurissants de déguisement en petite fille et le suicide maquillé d'un cadre d'une multinationale high-tech, l'inspecteur Franck Drebin Jr. va devoir mettre la main sur un très dangereux "device plot" tout en étant très sensible au charme de la soeur du défunt, amatrice de chaises à emporter...

Et on peut le confirmer, l'esprit des premiers "Naked Gun" est bel et bien respecté dans cette suite épousant bien évidemment, comme ses prédécesseurs, l'intrigue et les clichés façon premier degré du film noir pour y faire déferler un tsunami permanent de gags complètement absurdes ! Peut-être même parfois un peu trop car, quand il lorgne vers un terrain de jeu d'humour très proche de la verve comique des ZAZ, il semble souvent n'en tirer que les mêmes ficelles de gags façon slapstick ou double sens graveleux, le condamnant à en singer les contours comme par obligation de retrouver la nostalgie de cette source d'époque forcément, elle, vue comme truffée de trouvailles sur ce plan. C'est d'ailleurs sans doute là à la fois la plus grande qualité et le plus grand défaut de ce "Y a-t-il un flic...?" 2025: chercher à s'étaler sur le plus large éventail de registres humoristiques possible en mêlant des rires venus du passé à de nouveaux aux élans plus modernes et originaux .

En termes de rythme et de qualité à délivrer, cet objectif est de fait très dur à tenir pour une comédie qui se doit d'enchaîner les situations grotesques de manière constante sur la durée. Outre l'aspect figé de certains gags en réminiscence de la trilogie précédente, le film de Akiva Schaffer ne peut donc qu'être inégal selon la sensibilité humoristique de chacun au vu de la large palette de moyens déployée pour faire rire et engendrer parfois un lot de loupés assez conséquent dans sa course toujours plus folle vers le n'importe quoi.

De notre côté, en plus de quelques idées génialement débiles souvent glissées en arrière-plan ou au coin d'un rapide échange, il faut bien avouer que l'on a été le plus séduit par la part de "Y a-t-il un flic... ?" qui se sert de l'héritage de son terreau cartoonesque comme tremplin à des situations vraiment inédites pour le rejeton de Frank Drebin, aussi allumé que son père, et sa femme fatale sidekick. Ainsi, même si certaines des plus flamboyantes d'entre elles faisaient partie des bandes-annonces diffusées en amont (on ne se lassera jamais du coup de l'écolière), le film en a heureusement gardé de drôlissimes sous le coude avec, entre autres, une escapade amoureuse enneigée totalement dingue (et peut-être meilleur moment du film selon nous), un "jeu" de décors délirant ou encore un premier dîner romantique à l'interprétation très étrange pour un regard extérieur.

Et puis, le film combine trois rares qualités : celle d'être le seul représentant de la comédie US volontairement débile en cet été 2025 (si ce n'est de l'année), celle d'être une des rares dans la litanie de suites tardives de films à succès que l'on nous sert ces dernières années à avoir tout compris de l'esprit dérangé de son matériau d'origine et, enfin, celle de donner clairement le sentiment d'avoir été conçu dans une bonne humeur ne pouvant être que communicative.

À commencer, sur ce dernier point, par un Liam Neeson forcément inattendu dans un tel rôle mais épatant en parvenant à conserver l'image de son faux-père culte Leslie Nielsen à travers son personnage tout en lui apportant ses propres aspérités et une Pamela Anderson, choix idoine pour son rôle, manifestement venue là pour s'amuser (on est d'ailleurs plutôt content que ces deux-là se soient également trouvés à la ville, leur entente est palpable dans la fiction).

Certes, la trilogie précédente conservera sa couronne et ce quatrième opus reste bien trop en dents-de-scie pour s'imposer comme un hit à la hauteur, mais le nouveau Drebin a quelques bons éclats de rires à réserver qui en sont dignes. Et, en ces temps de disette du genre, on les prend sans rechigner.