Il est dit que Heinz Edelmann est l'artiste qui a le plus contribué au film, et qu'il n'a usé d'aucune substance. C'est dur à croire, mais si c'est vrai, alors la force d'esprit dont l'Allemand a fait preuve pour imaginer le monde psychédélique est tout à fait remarquable. Il est dommage que les Beatles aient été doublés même en VO, car cela laisse flotter le film Yellow Submarine au-dessus de l'océan musical, sans amarres.
Mais du design à l'ambiance, tout réussit à la création de George Dunning ; c'est un des films d'animation les plus créatifs que j'ai pu voir, ayant su créer une sorte d' « humour graphique » inimitable puisant largement dans l'absurde – et j'aime l'absurde. Il y a une certaine gêne à se sentir totalement dissocié du monde réel par l'animation comme par le surréalisme discordant, mais l'œuvre ne lésine pas sur les chansons ni sur les jeux de mots (la plupart intraduisibles, hélas) pour rétablir quelque dimension tangible.
On est ainsi mis aux premières loges d'un fourmillement permanent multi-facettes légendaire qui laisse malheureusement voir la précipitation avec laquelle le film a été produit ; çà et là, l'image est ratée, et par ci par là, le doublage – quoique magnifiquement casté – dérape légèrement. Doit-on se réjouir que ses accrocs puissent de plus en plus être mis sur le compte de l'âge de la chose ? C'est à débattre, mais pas le déferlement multi-artistique jubilatoire qui tapisse le dessin animé !
Quantième Art