Yurigokoro
5.8
Yurigokoro

Film de Naoto Kumazawa (2017)

Divulgâchage d'un film qui de toute façon s'auto-divulgâche

Ça commence avec une psychopathe tuant des gens. Mais en fait elle est toute choupinette donc elle fait ça très proprement et avec délicatesse. Alors pourquoi pas, y'avait de jolies couleurs après tout. J'ai même cru que le film s'orientait vers la J-Horror sucrée avant que la tueuse n'arrête ses activités interlopes, sauvée par l'amour et le bonheur de femme au foyer accomplie. Bon... Un peu déçu mais de bonne humeur, j'accepte ce tournant avec un nouveau pourquoi pas. Du sentimental horrifique pour jeunes femmes japonaises c'est une curiosité après tout. Puis c'est l'hiver, j'ai des mouchoirs en poche au cas où le tire-larmes serait efficace.


Sauf que le vrai drame il est dans la construction du script. Le film continue son intrigue sur l'identité de la tueuse, protagoniste d'un mystérieux récit retrouvé dans un placard. Si l'enquêteur, vaillant adolescent de 25 ans, cherche encore à comprendre ce qu'il lit, le spectateur a tout sous le nez bien avant lui et on s'ennuie ferme. À mon étonnement le film continue de dérouler sa dramaturgie comme si de rien n'était. La tentative de suicide larmoyante (en sautant dans une rivière noire et accompagné par des violons ! Le film est soigné tout de même) d'une femme qu'on sait encore vivante 25 ans plus tard, on y croit moyen. Le final explicatif est du même acabit, lacrymal, au violon et piano, il devient irritant à nous faire des révélations verbeuses et périmées d'une bonne heure.


Comment expliquer cette aberration ?


C'en est tellement absurde que si on était encore en 35mm j'accuserais un projectionniste peu attentif à l'ordre des bobines. Je ne miserais pas non plus sur un exercice de style trop astucieux pour moi, j'ai un peu d'amour propre.


Je vais me montrer respectueux et ne pas insulter l'intelligence d'autrui non plus et mettre ça sur le compte de la pathologie. La réalisatrice doit avoir une phobie des incohérences. Une phobie très très poussée qui l'amène à nous préparer au twist en le révélant en amont. Une peur maladive, au point de nous sortir la carte de la chirurgie esthétique pour nous faire accepter le changement d'actrice entre les 20 et les 50 ans du personnage. Vous savez ce modèle d'actrice petite, fine, aux cheveux bruns, longs et plats. Vraiment, on avait besoin de la chirurgie pour l'accepter...


... bon ok, c'était drôle au moins.

Homdepaille
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le 25 janv. 2019

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