Après avoir « inventé » ses morts-vivants et présenté leurs conditions dans son premier opus de 1968, George Romero se consacre dans ce second de 1978 à imaginer, au travers d’un quatuor de fuyards, l’organisation humaine à l’intérieur de cette société zombifiée, dystopique, installée. L’aspect gore passe au second plan. D’abord à cause des effets, maquillages et trucages d’il y a 40 ans forcément caduques et gentillets de nos jours. Et surtout parce que la clef de voûte de ce qui reste de ce film aujourd’hui ne s’axe non plus sur le danger, mais bien sur le comportement des vivants.
Honte à moi, mais je n’avais jamais vu cette 1ère génération de films quand j’étais môme, et la surprise de cette vision à la fois originale (pour l‘époque) et originelle était très sympa, pour ce qui est devenu un véritable genre à l’intérieur du thème de l’horreur. Du coup c’est presque décevant de réaliser à quel point la saga de Walking Dead ou des super films comme 28 jours/semaines plus tard ne sont que des refontes, répétitions et perfectionnements, techniques, psychologiques, et de simples actualisations sociétales et rythmiques ; même l’aspect saga n’est pas une nouveauté.
Précurseur de l’adaptation sociale des vivants, la morbide conjoncture nous enseigne avec nos héros comment survivre, s’alimenter, se déplacer, il dévoile qu’au-delà du fléau ce sont encore et toujours les perversions humaines post-apocalyptiques à la Mad Max qui constituent le pire quand elles s’organisent en bandes de pillards ensauvagés. Il ouvre l’apprentissage nécessaire d’un pragmatisme qui passe par la froideur indifférente, le meurtre réduit à de l’outillage, et la découverte monstrueusement empirique d’une nouvelle plage de valeurs redéfinissant les vertus, autant que le fossé séparant barbares et civilisés.