The Lost Sword of Tolenteur : le vent qui vient à travers la montagne m'a rendu fou

AGON : The Lost Sword of Toledo – The Lost Sword of Tolenteur : le vent qui vient à travers la montagne m'a rendu fou

“Francisco is innocent !”

Prologue

Il est des jeux qui s’infiltrent dans votre ludothèque comme un pet dans un ascenseur : par erreur, par hasard, ou par vengeance divine. Je pensais en avoir fini avec Samuel Hunt, ses bésicles, sa voix de cierge éteint et ses énigmes tristes comme une fellation sous camisole chimique. Mais non. Il a fallu que je replonge. Pas par masochisme, non. Par principe. J’ai commencé cette saga, je la finirai. Même si elle s’achève dans l’urinoir d’un cybercafé espagnol mal chauffé.

Car The Lost Sword of Toledo, quatrième épisode (ou deuxième, ou fœtus mort-né selon les grimoires), n’est pas un voyage, mais une punition. Une promenade pépère à travers des ruelles espagnoles vides, des interfaces conçues par des bourreaux, et un scénario digne d’un téléfilm du dimanche sur Arte.

I. Tolède, mon amour (en décomposition avancée)

Adieu Londres, Madagascar, et les trappeurs hurluberlus de Laponie. Samuel Hunt a pris un vol direct pour Tolède, et on aurait préféré qu’il rate l’avion. L’action se déroule dans trois rues, une forge, un parvis, une église à peine bénie et deux maisons tristes comme une chambre d’ado fan de Mylène Farmer.

La ville ne change pas. Elle ne respire pas. Elle pue l’ennui et le JPEG compressé. On navigue en vue subjective à 360°, un supplice visuel qui évoque les premiers panoramas QuickTime VR : tourner, cliquer, vomir. Une épreuve digne de l’école des aveugles pour développeurs hongrois.

II. Le retour du professeur nécrophile

Samuel Hunt n’a pas changé. Toujours aussi élégant, toujours aussi vide. Il reçoit encore des télégrammes de son collègue, ce NPC spectral qu’on imagine en train de masturber un pigeon entre deux messages. Sa femme continue sa biographie après la mort de son mari, même mort il continue à nous emmerder !

Sa mission ? Aider une jeune espagnole endeuillée à innocenter son fiancé, accusé à tort d’avoir volé une épée. Voilà. Pas de magie. Pas de conspiration. Juste un vol à la con, commis par un autre personnage à la con, dans un monde où même le suspense s’est suicidé.

Les PNJ sont taillés dans le bois d’un banc d’église : rigides, inexpressifs, dotés d’un doublage anglais plus flegmatique que la BBC. Mention spéciale au policier local, qui donne l’impression d’avoir été recruté dans une maison de retraite pour acteurs morts.

III. Gameplay : le supplice de la pelle

Ah, ce gameplay. Toujours les mêmes tortures. Toujours les mêmes menus conçus par un taxidermiste aveugle. Mais Toledo pousse le vice encore plus loin, avec des énigmes dignes d’un escape game organisé par un prof de techno sadique :

Le remplissage du tonneau au charbon, moment d’anthologie rétrograde, où Samuel pelle comme un damné pendant cinq bonnes minutes. Un enfer d’autant plus absurde que n’importe quel jeu de 2000 aurait automatisé la chose avec un bouton “utiliser”. Ici, non. Tu pellettes. Tu pleures. Tu continues.

Le développement photo, expérience ésotérique impliquant fioles, bains chimiques et manipulations millimétrées. On se croirait dans Breaking Bad, sans la drogue, sans les Mexicains, sans l’intérêt.

Le kaléidoscope infernal, puzzle cauchemardesque où il faut corréler des chiffres gribouillés sur un mur avec des images cryptées planquées dans les quatre coins du jeu. Une épreuve qui fait passer les calculs de Fibonacci pour un épisode de Dora l’exploratrice.

Tout dans Toledo est pensé pour ralentir. Ralentir l’action. Ralentir la pensée. Ralentir la libido. On clique trois fois de trop, on parle à des murs, on résout des énigmes conçues pour allonger artificiellement un jeu aussi creux qu’une poupée gonflable percée.

IV. L’intrigue ? Quelle intrigue ?

Un fiancé accusé. Une épée volée. Et un jeu de société, vaguement mentionné à la toute fin, histoire de dire qu’on est encore vaguement dans AGON. Voilà le scénario. Pas de rebondissement. Pas de mystère. Pas de méchant. Juste une série de quiproquos de province, comme une pièce de boulevard écrite par un stagiaire de Plus belle la vie.

Le jeu promettait un artefact mystérieux, une fresque ésotérique, des secrets ancestraux. On a eu une enquête de prétoire mal ficelée, avec des dialogues qui sentent le Google Translate et des révélations aussi palpitantes qu’un épisode d’Affaire Conclue.

V. Merci Ghylard, toi au moins tu nous respectes

Le jeu est en anglais, bien sûr, sans sous-titres, sans amour, sans pitié. Mais heureusement, un certain Ghylard – messie barbu de la traduction francophone – a pondu un patch salvateur. Il est trouvable sur Planète Aventure, ce site fabuleux où les passionnés pansent les blessures laissées par les studios oubliés. Merci Ghylard. Sans toi, cette critique aurait été rédigée en latin sous la pluie.

VI. L’épée brisée d’une saga inachevée

Toledo devait faire partie d’une saga en quatorze épisodes. Il n’y en aura eu que quatre. Pas de conclusion. Pas de catharsis. Juste ce dernier râle, aussi sec qu’un biscuit périmé. Mais au fond, ce n’est pas grave. Contrairement à Winds of Winter, personne n’en voulait.

C’est le genre de jeu qui finit sa vie dans une boîte à chaussures entre une souris morte et un CD d’installation de RealPlayer. On le garde par fétichisme, par honte, par respect pour les disparus. Mais on ne le relance jamais. Jamais.

Verdict : 3.5/10

Un huis clos andalou, moisi de bugs, de lenteurs et d’interfaces médiévales. À jouer uniquement si vous êtes historien du pixel ou puni par la vie. À éviter, sauf si vous collectionnez les aventures avortées comme on collectionne les ongles de pied dans des bocaux étiquetés.

“I don’t know how you find your way to me and who you are, Mr. Hunt, but this is not so important presently.”

D'autres critiques à lire ici → https://onanistevideoludique.blogspot.com/

onanistevideoludique
4

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ma Collection de Point & Click

Créée

le 14 nov. 2025

Critique lue 2 fois

Critique lue 2 fois

Du même critique

Metal Gear Solid: Peace Walker
onanistevideoludique
8

Quand Kojima chie un chef-d’œuvre sur une nappe de Flunch

Metal Gear Solid : Peace Walker – Quand Kojima chie un chef-d'œuvre sur une nappe de Flunch“Vic Boss !”PrologueIl fallait oser. Hideo Kojima, prophète lunatique du jeu vidéo, annonce un Metal Gear...

le 11 oct. 2025