A priori sans prétention, Alan Wake a en réalité tout pour proposer une expérience dont beaucoup de joueurs se souviendront. En effet, quand on s'y frotte de plus près, on s'aperçoit que ce qui semble être un énième jeu d'horreur aussitôt fini aussitôt oublié, apporte un véritable vent de fraîcheur vidéoludique.


Alan Wake et sa femme Alice se rendent à Bright Falls, une petite ville de montagnes aux saveurs de mélange entre SIlent Hill et Twin Peaks, afin de prendre des vacances. Dès son arrivée, Alan est très vite remarqué par les habitants de la ville de par son métier d'auteur à succès. Pour ajouter à son agacement, il apprend que sa femme a préparé ces vacances pour qu'il tente de se remettre à écrire après deux ans de syndrome de la page blanche. Cependant, rien ne va se dérouler comme prévu car Alice se fait enlever par une force maléfique qui vit dans l'obscurité. Alan qui a assisté, impuissant, à la scène se réveille alors après une semaine d'absence dont il n'a aucun souvenir. Il va donc essayer de retrouver sa femme dans cet endroit où l'obscurité règne.
A travers six épisodes qui se présentent comme ceux d'une série télévisée, l'histoire alterne entre phases de jours qui mettent l'accent sur la narration et phases de nuits où le gameplay est l'élément principal. Le scénario est sûrement l'élément le plus réussi du titre. On y retrouve une ambiance fantastique mêlée à une enquête sur la disparition d'Alice et sur le passé de cette ville qui cache de sombres secrets. L'intrigue motive le joueur à aller jusqu'au bout de l'histoire et l'on passe de l'horreur des premières confrontations avec l'Ombre (cette force maléfique qui exerce un pouvoir sur la ville) à l'interrogation face au mystère de la situation dans laquelle se retrouve le héros.


Pendant les phases de nuits (qui constituent la majorité du jeu), on retrouve un TPS horrifique classique hormis une particularité. En effet, la lampe torche, qui ne sert qu'à voir où l'on va dans les autres jeux d'horreur, est ici l'élément clé du gameplay. Les ennemis possédés par l'Ombre resteront invincibles tant qu'Alan ne les aura pas éclairé (plus ou moins longtemps selon le type d'ennemi). Une fois éclairés et leur "bouclier" d'ombre retiré, ils seront enfin vulnérables aux armes à feux. Par ailleurs, on apprécie la gestion de la lumière qui apporte une réelle cohérence avec le scénario. Ici les checkpoints sont les zones éclairés par les lampadaires que l'on croise et globalement tout ce qui émet de la lumière constitue un élément rassurant pour le joueur. Les développeurs jouent avec cela pour créer des situations de tensions très efficaces, notamment dans lesquels le joueur est poursuivi par des hordes d'ennemis en pleine forêt alors qu'il essaie d'atteindre une source de lumière qu'il aperçoit au loin. De plus, ces sources de lumières constituent aussi des balises pour que le joueur sache où aller sans se sentir tenu en laisse dans un couloir. Les niveaux proposent tout de même un certain espace d'exploration dans lesquels on retrouve de nombreux objets collectionnables. Ces derniers peuvent s'avérer très intéressants et renforcer le l'univers du jeu, notamment les émissions de radio et de télévisions. Les pages de manuscrits collectionnables sont elles aussi très intéressantes dans leur manière de servir l'histoire. Cependant, on pourrait reprocher un trop-plein d'item disséminés. A part les exemples déjà cités, on peut aussi collecter des thermos de café qui se retrouvent parfois dans des endroits improbables, des piles de canettes à exploser et de (trop) nombreux autres éléments pour étirer la durée de vie. Heureusement qu'explorer les lieux et savourer l'ambiance est assez plaisant pour contrebalancer ce point noir.


Le jeu propose donc plusieurs idées novatrices mais présente aussi des défauts. Nous avons déjà abordé celui des objets collectionnables mais on peut aussi citer la répétitivité qui se fait sentir vers la fin (et un dernier épisode qui étire vraiment la formule avant la résolution finale). L'histoire très bien ficelée comporte son lot de personnages caricaturaux (notamment Barry, le comic relief du jeu) et peut parfois perdre le joueur mais reste d'une grande qualité.
Alan Wake est donc un jeu qui apporte un grand nombre de propositions intéressantes. Une expérience qui prend des risques et qui ne parvient pas à éviter certains écueils. Malgré cela, ses défauts ne ternissent que très peu ce jeu qui maîtrise parfaitement son ambiance (qualité assez rare dans le jeu vidéo), offre une histoire très prenante et un gameplay agréable la grande majorité du temps. La cohérence entre l'histoire et les phases de jeu renforce l'ensemble et de tout cela se dégage une atmosphère que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.
Autre point très appréciable : La fin est ouverte, pousse à la réflexion mais surtout aux hypothèses, à l'image du reste de l'intrigue. Le jeu fait donc tout pour mettre à contribution le joueur, qui s'impliquera aisément dans l'histoire qui lui est racontée.


Beaucoup trop méconnu, Alan Wake a certes un peu vieilli, mais reste une oeuvre à part dans le paysage vidéoludique. Comptez environ une heure par épisode (donc environ six heures de jeu) pour finir cette oeuvre dont on ne peut que déplorer le manque de succès.
Alan Wake s'impose comme une oeuvre marquante de la génération Xbox 360 (il s'agit d'une exclusivité Microsoft disponible aussi sur PC) et peut se trouver à un prix dérisoire, surtout pour la perle rare qu'il représente.

Haarrow
8
Écrit par

Créée

le 11 févr. 2019

Critique lue 150 fois

Steven Mahieu

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