Retour dans la tête de McGee.

Pour être franc avec vous, Alice ne vaut clairement pas un 9 entre les mains d'un jeune joueur qui aurait grandi avec les consoles de dernière génération. Madness Returns est résolument orienté old school et surtout bourré de petit bugs qui en agacerait certains. En effet, il n'est pas rare de se trouver face à de petits problèmes de collisions ou à de vilaines textures.
Ce jeu n'en reste pas moins une petite (chrono) bombe. Pour le fanboy qui sommeille en moi, c'est un vrai régal que de replonger dans l'univers d'Alice revisité par American Mc Gee après un premier épisode qui m'a marqué au fer rouge. Ce nouvel épisode n'est nullement décevant sur ce point. On retrouve l'aspect plates-formes, les armes farfelues et les univers bien glauques, en passant par les célèbres protagonistes imaginés à la base par Lewis Carroll. Le jeu reste cependant foncièrement différent du précédent de par ses astucieuses trouvailles de gameplay, comme les groins à assaisonner, le lapin bombe pour atteindre des plates-formes inaccessibles, les passages secrets que l'on ne peut voir qu'en étant petite, ou juste un level design souvent ingénieux.

En plus de cela, chacun des cinq chapitres sont parsemés de phases visant à varier le plaisir de jeu, comme un ersatz de Sonic, de la plate forme en 2D, un shoot old school ... Celles ci restent convenablement réalisées et font offices de petits jeux correct, voir très amusants comme lorsque l'on devient une géante qui écrase les Cardes (les gardes cartes).
Chaque chapitre est également entrecoupé de quelques petits tours dans le Londres réel, cela permettant à l'histoire d'avancer, bien que les interactions soient très limités. L'histoire, justement, est minutieusement distillée et, même si on se doute du fin mot de l'histoire assez vite, difficile de ne pas être surpris par les sujets adultes abordés (la folie bien entendu, mais aussi le viol ou la pédophilie).

Le point fort du premier opus est ici son atout principal : son ambiance. Encore plus glauque qu'auparavant, plus saignant et tout aussi dérangé, on prend plaisir à admirer les créations horrifiques du game designer américain. L'Unreal Engine 3 renforce cette impression, en compensant par ailleurs quelques affreuses textures. Tout est soigné dans le détail, jusqu'à Alice elle même, de ses robes toutes travaillées à sa chevelure bougeant au grès du vent.
Son autre point fort se situe dans les combats dynamiques. Si Mlle Lidell ne sait plus lancer son glaive, elle a acquis une fluidité qui permet de se sortir d'un sale pétrin plus facilement qu'auparavant, et ce même avec la caméra parfois capricieuse.

Niveau musique, Chris Vrenna reprend (un peu) de son job, avec cette fois les musiques de combat, mais cela reste très loin de la qualité de son travail sur le premier épisode. Jason Tai, qui signe la quasi totalité de la bande originale, insuffle de nouvelles sonorités et le tout s'avère très souvent juste et dans le ton avec ce que l'on voit. Un autre très bon point.

La durée de vie est tout à fait correct pour un jeu de notre temps, notamment si vous cherchez à remplir le jeu en entier (ou presque). A l'instar des derniers jeux Batman, on y reviendra pour trouver ce qui nous manque et ainsi débloquer quelques artworks au combien jolis quoique mal optimisés sur console.
La difficulté n'est pas bien élevé, je n'ai eu pratiquement aucun mal à le terminer en difficile (sans utiliser une seule fois le mode rage), et vous serez surpris de ne pas trouver de boss excepté à la fin, d'autant plus que ce ne sont pas les occasions qui manquaient .. !

Un étrange choix qui ne dénature en rien l'expérience à vivre avec ce nouveau Alice. Après tout, les ventes n'ont pas vraiment suivies, ce qui veut sûrement dire que la licence ne continuera pas de sitôt, même si ce n'est pas ce que je lui souhaite. Alors, profitez en pour y jouer tant qu'il est encore temps.