Développeur : Rogue Entertainment
Editeur : EA Games
Type : Action-Aventure
Sortie : 2000

Pour jouer à Alice, il faut vraiment pas être bien dans sa tête. Premier (et seul, à vrai dire) jeu marquant d'American Mc Gee, Alice est un trip sous acide. Je suppose que tout le monde connaît l'histoire d'Alice, celle-ci ne reprend pas le dytpique de Caroll : il se passe des années plus tard, lorsqu'Alice est prostrée sur un lit d'hôpital, après avoir survécu à l'incendie qui a ravagé sa maison et brûlé vif ses parents presque sous son nez.

Autant vous dire que ça se ressent dans les graphismes. C'est glauque, malsain, cintré, à l'occasion complètement barré. Tous les habitants du Pays des Merveilles on été revus et corrigés comme des personnages de cauchemar. Le chat du Cheshire à lui tout seul est un des alliées les plus flippants du jeu vidéo, justement parce que seul son visage traduit la démence, sa voix n'a rien d'un félin psychopathe. Ludiquement parlant, c'est de l'action aventure tout ce qu'il y a de plus classique, avec une souris pas toujours au top et des contrôles parfois peu pratiques ; un saut frustrant, à l'occasion. Ca se ressent particulièrement dans la zone du jardin, lorsqu'on est réduit à la taille d'une fourmi : relativement peu intéressant, le level-design est correct, sans plus. Même combat au niveau du scénario, pour ainsi dire inexistant. Son importance dans le jeu est relativement périphérique.

Cela dit, le reste est un régal. Une école aux murs qui foutent le camp sur le néant et aux dalles qui se réarrangent au fur et à mesure, des tours emplis de mécanismes complètement dingues, un asile avec des cinglés qui n'ont pas l'air d'être au courant qu'on ne peut pas courir sur le plafond, bref, on nage en pleine démence tantôt le design tantôt la structure des niveaux donne l'impression que les gd étaient en plein bad trip. Le tout est desservi par une musique lancinante et désespérée, qui a un petit quelque chose de pervers et malsain ; pas du tout dans la veine silent hillienne, mais certains niveaux restent à ce titre extrêmement perturbants.

On alterne entre combats et énigmes, et si ces dernières ne posent pas de réel problème, les combats se révèlent à l'occasion assez retors. J'avoue, j'ai joué en mode difficile dès le début ; mais vu que j'y parvenu sans trop de mal, choisissez ce mode d'entrée de jeu si vous êtes un tant soit peu expérimenté. Je ne veux même pas savoir à quel point le mode facile doit être une promenade de santé, et je crois que ça nuirait beaucoup à l'expérience ; il faut souffrir dans ce jeu, se faire éventrer par des garde cartes, voire détruit par les explosions que l'on provoque avec le surpuissant tromblon, mourir assassiné par des fourmis, décapité par des pièces d'échecs, encore, et encore, et encore. Je trouverais complètement abusé qu'un jeu aussi malsain soit facile. C'est contre-nature.

Tout comme les armes d'Alice, d'ailleurs. Si certaines, comme le tromblon ou le couteau de boucher, servent naturellement à faire des trous non prévus par le créateur, la plupart des armes sont des jouets détournés, pervertis de leur but premier et enfantin pour devenir des instruments de mort. Le pire, c'est que c'est très amusant de fendre un garde-carte en deux, de le voir se répandre en gerbes de sang, de tirer sur les nombreuses bestioles qui peuplent la folie d'Alice.

C'est encore un jeu « à l'ancienne », comme on dirait aujourd'hui. Linéaire, mais pas pour autant directif avec ses culs de sac et ses trial and error, en particulier à cause de certains sauts particulièrement vicieux ; je pense surtout à un passage du jardin, qui est clairement le plus faible du jeu ; il mérite vraiment qu'on passe outre pour aller dans la suite, autant pour la musique que pour les boss, pour la plupart assez difficiles, mais tous étant des personnages emblématiques du jeu ; le jaberwocky et la Reine de Cœur font évidement partie du lot, auxquels s'adjoignent quelques surprises qui font de ce jeu un petit bijou glauque mais fêlé.
Morki
7
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les machins barrés pour agités du bocal et L'héroïne oupa

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le 15 avr. 2011

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Morki

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