Le vol spatiotemporel à destination des Croisades partira dans 5 minutes
Oui, je sais ce que la plupart des personnes ayant joué à ce jeu en pensent: c'est répétitif, le gameplay est bancal, mais quelle sensation de liberté. Puis le 2 est sorti, et on a officiellement déclaré que le 1 n'était qu'un brouillon, que le 2 était une vraie tuerie tant scénaristiquement qu'au niveau du gameplay. Mais moi qui ai pourtant adoré le 2, permettez-moi d'aller à contresens, et d'encenser le premier opus.
Pourquoi?
Parce qu'Ubisoft Montréal y a mis toute sa substance. Parce que la mise en scène est d'une beauté incroyable, parce que le scénario nous présente les Assassins d'une façon étrange, séduisante, un peu fausse mais finalement plus proche de la réalité que des études historiques. Parce que la bande-son de malade nous donne cette impression de surréalisme, parce qu'on a réellement l'impression d'être Desmond plongé dans la matrice, qui découvre un monde qu'il ne comprend pas.
D'ailleurs, la parenté avec Matrix est très forte, que ce soit la simulation de réalité ou la capacité à se mouvoir différemment. Car on oublie souvent, maintenant qu'on est en 2013, quel effet a eu Assassin's Creed sur notre façon de jouer. Altaïr se sert de la foule comme d'un vêtement, s'appuie contre les murs, s'assoit sur les bancs, escalade avec une souplesse et une facilité proprement jubilatoire. Et c'est là que se situe l'essence du jeu. "Rien n'est vrai, tout est permis", ce n'est pas anodin. Au-delà des rues piétonnes noires de monde et d'une actualité des Croisades que personne ne remet en question se cache un autre monde, qui n'a pas besoin de magie pour exister. Il suffit de changer sa façon de voir le monde. Escalader les toits, avoir une vue globale de la cité grâce à un promontoire, écouter les conversations, considérer les objets de la ville, chariots, étals et autres, non comme des obstacles, mais comme den nouveaux chemins qui s'offrent à nous. Ne plus voir le combat comme le terrain du plus fort et du mieux armé, mais comme celui de ceux qui savent le voir comme une danse. Les aAssassins, et Altaïr en premier, sont portés par leur cause dans une lutte que personne ne voit et qui n'existe que parce qu'eux-mêmes existent. Car le monde des Templiers n'est pas tout noir. Si quelques personnes en souffrent, l'on reste songeur devant la dernière confession de nos cibles. N'est-on pas dans l'erreur? Ne faut-il pas encourager l'ordre et le bien-être? Ce n'est pas le choix des Assassins. Eux veulent la liberté, que les hommes puissent faire leurs propres choix et décider par eux-mêmes comment ils veulent vivre leur vie.
Il faut également souligner la reconstitution: si les faits sont loin d'être similaires à la réalité, la vie qui est mise dans ces rues est impressionnante. Mendiants, marchands, civils se faisant brimer, soldats, crieurs publics, prêtres... Si les autres épisodes poussent le vice encore plus loin, force est de reconnaitre que les développeurs ont fait fort.
Alors, que penser d'Assassin's Creed? Parce que dans les faits, le jeu est beaucoup trop facile, très répétitif et un peu lourd à prendre en main.
Hé bien moi j'ai été subjugué, parce que j'ai trouvé un jeu profond, un des vrais Ubisoft, un premier opus, comme Splinter Cell ou Prince of Persia, pas encore rentré dans le moule du mercantilisme. Une expérience vidéoludique qui réussit l'exploit d'être novatrice, ambitieuse et d'avoir fédéré une vraie communauté de joueur.
Alors on dira ce qu'on veut, mais Assassin's Creed est et restera une révolution.