Il y a de l'idée.

J'ai l'impression que je vais devoir faire la même critique que pour Assassin Creed Unity. Oui, parce qu'à quelque détail près et s'il n'y avait un changement de décor et d'époque, eh bien je joue au même jeu.

Le même jeu, un peu moins foiré cela dit, ça vaut le coup de le signaler.

Au départ j'étais sceptique. Je suis de celle qui pense que plus ils se rapprochent de notre époque, plus les Assassin's Creed se perdent. D'abord parce qu'à mon sens on perd pas mal de charme des épisodes originels (Ceux avec Altair et Ezio, hein.) et surtout parce que l'époque moderne est beaucoup plus complexe à traiter historiquement! Ce n'est un secret pour personne mais cette licence se targue de reproduire l'histoire en nous immergeant dans une période donnée. Alors évidemment la série fait des approximations, des raccourcis (c'est un jeu après tout). Ce n'est pas trop gênant quand on est loin dans le passée, ça devient casse gueule quand c'est à portée de main. La Révolution Française, la révolution industrielle anglaise sont des époques qu'on touche du doigt, qui ont eu une grande résonance sur le monde tel qu'on le connait aujourd'hui, et dont l'interprétation divise encore. Et quand AC arrive avec son opposition binaire Gentils Assassins/ Méchants Templier et tente de la faire correspondre à une époque de bouillonnement politique eh bien... Ben ça foire un peu, quoi. Unity, le III... calquer une approche binaire sur une période historique complexe et controversée c'est chaud. Syndicate s'en sort pas trop mal en décidant de se tenir à l'écart de la politique et des jeux de pouvoir (à quelques brèves exceptions nous ne croiserons pas de membres de la caste politique de l'époque). On s'interressera plus à la vie grouillante de Londres, au prolétariat, au rapport de force avec le capit... Ouais on dirait que je parle d'un jeu marxiste alors que c'est pas du tout le cas. N'empêche que la binarité de Syndicate se place ici. Le méchant a du pognon et du pouvoir dont il faut mauvais usage, et les héros sont là pour l'en déposséder au profit des déshérités, tel des robins des bois de l'ère contemporaine. Loin de moins l'idée de dire que tout est parfait, mais au moins on évite la bête caricature.

Comme d'habitude le jeu est beau, et il se dégage une atmosphère particulière du Londres de la Révolution Industruielle, enfummé, mais étrangement beau. La reconstitution historique de la ville est époustouflante comme toujours, mais Londres souffre du même travers que Paris dans Unity. La ville est mécanique, sans vie. La faute à son immensité? Peut-être. Le fait est que, on peine à s'attacher à la ville, où à un quartier en particulier, d'autant plus que la base secrète est mouvante, nous coupant encore plus de la ville. Dans une mécanique de jeu qui n'est pas sans rappeler Assassin's Creed Brotherhood (enfin, les souvenirs que j'ai de Brotherhood.) il faut délivrer Londres de la racaille qui l'infeste. (donc remplacer les mauvais pauvres, par des bons pauvres. Des pauvres à nous. Youpee.) Au début les missions de libération sont sympas est variés, mais très vite se transforment en routine mécanique et franchement chiantes. Et honnêtement on ne devrait pas avoir l'impression de farmer dans un jeu de ce genre. Ça ruine l'immersion et la mécanique de jeu. C'est gavant. J'ai été soulagée quand j'ai terminée les dernières missions. Franchement c'est ce genre de mission "libres/monde ouvert" qui à mes yeux ont empoisonnées la franchise. On a l'impression qu'Ubisoft nous fait du remplissage. Il n'y a pas que les missions de libérations qui donnent cette impression. Il y a aussi cette foultitude de petites merdes à aller chercher partout. (fleurs séchés, illustration, bouteille de bière...) Ce genre de passage chiants tue le souvenir qu'on garde du jeu. De Unity je ne garde pas tant le souvenir du scénario ou des moments épiques, que de ces passages ultra-gavants pour résoudre les énigmes de Nostradamus. Il est probable que je me souvienne de Syndicate comme d'un jeu consistant à prendre des bases ennemies petit à petit.

J'avais reproché à Unity le manque d'ancrage historique (via des personnages précis) de son scénario et la foule de personnages annexes mal exploités. Syndicate se rattrappe légèrement. Cette fois ci, on compte seulement une poignée de grandes figures (et non des moindres: Darwin, Dickens, Marx, Bell...) mais plus attachantes et aux relations mieux travaillés avec les personnages principaux. Mais le problème demeure: elles sont en marge du récit, inessentielles. Il me manque le temps ou de Vinci et Machiavel était des compagnons indispensable de notre héros. (J'ai eu de l'espoir avec Darwin cela dit. Espoir douché.)
Le scénario lui avait plus de cohérence que le précédent. J'ai bien aimé le concept Jacob/ Evie, même s'il m'a fallu du temps pour m'attacher aux personnages. (Jacob est lourd et Evie est chiante.) Ils sont sympathiques mais sans surprise, parfois juste clichés. On voit venir à des kilomètres à la ronde leur dissenssions et disputes. Et c'est dommage. Ubisoft aurait pu créer quelque chose de cool, mieux travailler son scénar, ses personnages. Mais comme d'hab' on reste en surface. C'est dommage, on touchait quelque chose (surtout à la fin, mais c'est le drame des AC, ils gèrent toujours mieux leurs fins que le reste du jeu.) Le manque d'investissement émotionnel que l'on met dans les personnages c'est pour moi la plus grosse tare des scénarios jeux de la licence depuis le 4. Faute de pouvoir s'attacher, on survole.
L'histoire, elle, tient sur ses deux pattes, avec quelques antagonistes plus colorés que d'autres. Le grand méchant de l'histoire gagnerait à avoir un peu plus d'épaisseur, mais ne manque pas de charisme.

Point méta-histoire: c'est bien, elle est moins envahissante que dans les précédents volets. Ce qui serait mieux c'est qu'elle dégage. Sauf, si vous avez l'intention de donner une personnalité à l'Initié.

Petit point gameplay: j'ai été agréablement surprise par le grappin et les calèches. Non seulement ils ont leur place dans Londres, mais ils sont carrèment indispensables. La ville est trop grande pour se passer des calèches. L'achitecture générale de la ville (bâtiments haut, rues très larges) rend à mon sens indispensables le grappin pour éviter que se déplacer ne devienne fastidieux (comme ça l'était parfois dans Unity...). Rien à redire sur le système de combat. Il est simple à prendre en main et un peu mieux géré que dans Unity. Le free run est mieux géré que dans le précédent opus. L'infiltration est bien aussi. On a récupéré la possibilité de pouvoir porter les corps des victimes et de les balancer un peu partout! Un petit plus aussi à la possibilité d'assommer les gardes ou de les enlever, pour ceux qui aiment jouer sans buter tout le monde En somme les mécaniques de gameplay sont plus que correctes.

Les deux points noirs du précédent opus (l'IA et le portage PC) sont largement améliorés. Je n'ai souffert d'aucun bug majeur durant toute ma partie (une première!). Alors certes on est loin d'avoir à faire à une BONNE optimisation. Le jeu rame un peu, j'ai été obligé de downgradé la qualité des textures, ombres et cie. (alors que mon ordi fait tourner Witcher 3 à fond...) Mais dans l'ensemble ça va. L'IA a été améliorée par rapport à Unity (je veux dire par là qu'ils ont cessé d'être ultra agressifs TOUT le temps.)

Verdict? Ce n'est pas un mauvais jeu. Par bien des aspects il est même sympathique. Comme je le disais, Unity en mieux. Mais je ne lui pardonne ni le remplissage à outrance, ni le manque de profondeur du scénario, ni cette impression d'inachevé général quand je parcours le monde ouvert. Savoir si vous voulez y jouer où dépendra de votre rapport à la franchise. Moi je l'aime cette franchise, mais de manière lucide. Achetez le en solde.
La bonne nouvelle? Si prochain Assassin's Creed il y a, il ne sera pas bâclé. Du moins je l'espère.