Avernum
Avernum

Jeu de Spiderweb Software (2000PC)

Avernum a été créé en grande partie par un seul homme, Jeff Vogel, légende vivante du jeu indé (c'est lui qui le dit : http://www.youtube.com/watch?v=Ouslq8_3EQc ) et fondateur de Spiderweb Software, essentiellement constitué de lui-même (et un peu son ex, et éventuellement quelques potes pour les artworks, musique...).
Il s'agit en fait du remake de son Exile, jeux en 2D lancé en 94 sur Mac, ayant connu deux suites, elles aussi ayant subit un lifting isométrique avec Avernum 2 et 3, remakes respectif d'Exile 2 et d'Exile 3.

Sorti 2 ans après Baldur's Gate et 3 après Fallout, Avernum souffre d'un "défaut " majeur qui rebutera surement une bonne partie de son public potentiel : il est moche.
Dans le sac à soucis, on notera aussi que les menus prennent les trois quarts de l'image sans pouvoir être réduits, que les portrait de nos vaillants compagnons font penser à ces vieilles BD dégueulasses qu'on trouve au cul des paquets de gâteaux Top Budget, et que les objets ne sont différenciés que par leurs caractéristiques (toutes les épées ont la même icône, de la barre de fer rouillé à Excalibur laser + 12, par exemple). Ajoutons l'inventaire archaïque (à la verticale avec barre de défilement pour tout voir, à la Gothic premier du nom) et la difficulté à voir ce qu'on peut équiper et surtout comment.

Cela étant dit, Avernum pallie à son indigence graphique par le texte. Chaque location visitée donne lieu à une page descriptive épicée de commentaires, dans un ton pince-sans-rire simple et efficace. Si ce n'est pas forcément de la grande littérature, le niveau d'anglais est remarquable, et Vogel nous plonge dans son aventure avec humour, concision et une force d'évocation qui fait mouche.
Sans être une aventure textuelle (on est pas dans Zork), Avernum se joue sur une frontière stimulant l'imagination comme je ne l'ai jamais expérimenté ailleurs (si ce n'est peut-être dans Zork, justement). On se surprend à compléter naturellement la pauvreté des sprites, et les dragons, à peine plus grands que nous à l'écran, se parent d'envergures titanesques à l'aune des aventures épiques que nous croyons vivre.

Le jeu, dans son fond, est un CRPG classique, avec son lot de donjons à nettoyer, de quêtes à accomplir et de points d'expérience à engranger. Les règles sont simples, et clairement détaillées à travers l'Aide et les fiches Infos de vos personnages. La création de votre équipe de 4 compagnons est totalement libre, et si quelques modèles nous sont proposés, libre à nous de partir de zéro et d'attribuer nos points de compétence comme bon nous semble.

Il n'y a pas dans Avernum de système de quête active pour nous prendre par la main, à nous de noter les infos importantes (carnet et stylo furent d'inestimables alliés !). L'univers est de toute façon solidement construit, et si son immensité nous invite à nous y perdre, chaque élément, lieu ou objet trouvera son utilité, sa raison d'être et sa place au sein de notre voyage. La cohérence de cet univers ajoute au plaisir qu'on a à l'explorer, et prendre le temps de visiter tel ou tel donjon, grotte ou ville sera de toute façon récompensé.

Quant à l'histoire, elle est le premier morceau d'une vaste épopée qui sera déroulée sur les 6 jeux qui composent la saga Avernum, la première trilogie, remake des 3 Exile, s'étant vu agrémenté d'une seconde trilogie entre 2006 et 2008.
Il serait dommage de trop en dire, la vivre par le jeu restant encore l'un des grands arguments addictifs de cette aventure qui s'étale facilement sur 60 à 100 heures de jeu. Disons qu'elle se penche sur le destin de toute une société plus que sur celui de notre petite équipe de héros, d'illustres anonymes (non, nous ne sommes pas fils de Bhaal ce coup là). Trois fins sont possibles, et toutes sont accessibles en une seule partie. Elles sont chacune la résolution d'un arc indépendant des 2 autres, et libre à nous de nous y accrocher, de sauter de l'un à l'autre ou de nous occuper d'autre chose.

En 2012 Jeff Vogel a sorti un nouveau remake de cet Avernum, titré Avernum : Escape from the pit, et qui embellit largement l'affaire. La résolution modulable, l'ergonomie grandement améliorée de l'inventaire et un nouveau système d'attribution des compétences en font un jeu certainement plus attrayant, et à raison, que cette version 2000 clairement dépassé et pas vraiment améliorable techniquement (jamais entendu parler de mods, widescreen, lifting... rien... le remake fait tout ça finalement).
Une démo d'une vingtaine d'heures (!) déblocable à tout moment est disponible sur le site de Spiderweb Software. Il est en outre régulièrement bradé sur Steam. A ce niveau là, je ne vois pas ce qu'il vous faut de plus. Et si vraiment le décollement rétinien ne vous effraye pas, l'ensemble de la série des Avernum (de 2000 à 2008) est disponible pour trois fois rien sur GOG.

Un vrai coup de cœur.
Tom_A
7
Écrit par

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Créée

le 14 mai 2014

Modifiée

le 14 mai 2014

Critique lue 786 fois

Tom_A

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