Plus qu'un jeu vidéo ! Plus qu'un film ! Une expérience rare et marquante à ne surtout pas rater !

#modepavéon...

Je m'excuse d'ailleurs d'avance pour la longueur – confronté au même problème que Pascal, je n'ai pas eu le temps de faire court – et espère que vous trouverez de la motivation et de l'intérêt à me lire, et apprécierez ce que j'ai envie (ou besoin) de partager à propos de l'expérience BEYOND : Two Souls.

J'ai d’ailleurs essayé d'aérer au maximum mon texte, pour ne pas trop rebuter à la lecture.
J'espère que la longueur ne vous fera pas fuir (ou abandonner en plein milieu, car le plus intéressant n'est pas forcément au début, forcément, plus on avance plus cela s’approfondit) car je pense sincèrement que j'ai quelques trucs intéressants à dire sur le sujet et que j'ai quand même passé plusieurs heures (dont une nuit blanche) à rédiger tout ça, à essayer de dire le plus de choses possible, et le mieux possible pour mieux vous faire ressentir l'extraordinaire expérience qu'est Beyond.

J'espère que mon avis donnera (ou redonnera) envie à certains d'essayer Beyond ou permettra à ceux qui l'ont déjà fait soit de partager là dessus soit d'enrichir sa vision du jeu.

Le 10/10 c'est aussi pour remonter la moyenne, puisque j'ai vraiment envie de défendre ce jeu face au critiques injustes dont il est victime ; car il est vrai que très "objectivement" (même si l'objectivité n'est qu'illusion et utopie) il aurait peut être plutôt fallu mettre un 9/10, en raisons des quelques défauts qu'on peut lui trouver.

N'hésitez pas à voter pour ma critique et la partager (pour donner envie au gens de découvir Beyond ou la faire découvir à ceux qui ont aimé le jeu).

Bonne lecture ! :)




« Une vie sans émotion est une vie perdue . »
Roger Fournier


Quand j'ai entendu parlé de Beyond : Two Souls pour la première fois (cela remonte quand même à l'E3 2012, donc près d'un an et demi), j'étais partagé entre deux sentiments quelques peu contradictoires.
À la fois impressionné et pressé d'en savoir plus et de pouvoir mettre la main dessus ; mais en même temps, prudent, je craignais la petite déception que j'ai ressenti avec Heavy Rain.

Jeu que j'attendais avec impatience également, après avoir adoré Farenheit et qui, malgré un excellent scénario en forme de thriller – il faut être honnête, plus tentaculaire que Beyond dans ses embranchements, mais que je trouve moins profond et, pour moi, moins fort au niveau des émotions malgré des choix à faire plus marquants et mieux pensés ainsi que cette quête admirable d'un père pour son fils...
Bref, Heavy Rain m’avait à la fois vraiment emballé et laissé sur ma faim - et ce malgré le fait qu'il était certainement plus aboutie, tant au niveau des QTE qui impliquait plus le joueur qu'au niveau des impactes des choix - sans que je puisse expliquer exactement pourquoi... tandis que Beyond, qui a plus de défauts m'a complètement transporté.

(Au passage, on remarque certains éléments en communs entre ces deux jeux dans les thématiques abordés - très matures - et la façon de les exploiter et les représenter : on peut vraiment constater, entre Farenheit, Heavy Rain et Beyond : Two Souls le sempiternel retour des mêmes obsessions de David Cage - pour le meilleur ou pour le pire : cela dépendra de vos goûts.
D'ailleurs, je suis complètement d'accord avec ce qui est dit dans ce test, dont je partage beaucoup le ressenti et que je vous invite à lire si vous êtes motivés et avez le temps: http://www.gameblog.fr/test_1721_beyond-two-souls-ps3
En effet, je suis tout à fait d'accord avec le fait que "Beyond fait à la fois mieux et moins bien que son illustre prédécesseur Heavy Rain" et je pense que tout ce que je dirais par la suite pourra vous faire comprendre pourquoi. - Sur ce, je ferme cette longue parenthèse adressée spécifiquement à ceux qui ont vécu l'expérience Heavy Rain avant Beyond.)

Cependant, il faut être honnête, savoir qu'Ellen Page (actrice pour laquelle j'ai un gros faible depuis bien des années) et Willem Dafoe étaient de la partie faisait plus pencher la balance du côté de l'impatience.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai précommandé l'édition spéciale, sur laquelle j'ai passé le plus clair de mon temps depuis que je l'ai reçu (avec deux jours d'avance sur la sortie officielle : merci Amazon ! )

Et bien, après à peine quelques minutes/heures de jeu, j'ai immédiatement pu sentir que Beyond était bien plus abouti que ne l'avait été les déjà très bon Heavy Rain et Farenheit ; bien plus ambitieux, profond et fascinant : le jeu atteint le sublime.
Je m'en vais donc de ce pas essayer de vous expliquer toutes les raisons qui font de ce Beyond , pour moi, la perle de cette année 2013 (avec The Last of Us).
(Même les pourtant excellents GTA V ou encore Bioshock Infinite sont loin à la ramasse ; et je ne pense pas que Assassin's Creed IV ou Arkham Origins - Watch Dogs ayant été reporté à 2014 il n'est plus en course – ne parviendrons à les détrôner, même si ils ont l'air énormes.)

Ce sentiment d'enthousiaste, de savoir qu'avec ce jeu je tenais entre les mains quelques chose d'intense et rare, n'a pas faibli au cours de la partie, dont la durée de vie est d'ailleurs honnête (quoi qu'on aurait apprécié, il en va de soit vu la qualité du titre, quelques heures supplémentaires – ce qui aurait permis à la fois de faire durer le plaisir mais en plus d’approfondir l'histoire et la renforcer encore d'avantage, corrigeant ainsi au passage quelques très légers « couac » du scénario où parfois les choses s'enchainent trop rapidement ou étrangement – comme cela arrive dans bien des jeux et films d'ailleurs ; et puis, on ne peut pas trop en tenir rigueur ni matière à blâme lorsqu'on est emporté par cette histoire où les émotions débordent et nous imprègnent totalement).

Commençons – puisque c'est de rigueur – par présenter le jeu et son scénario en quelques mots :
Vous incarnez Jodie Holmes sur une quinzaine d'années de sa vie mouvementée et hors du commun, et la suivez à travers son enfance, son adolescence et sa vie de jeune adulte.
Mais cette fille a quelque chose de particulier : elle est liée à une entité invisible (du nom de Aiden) depuis sa naissance.

Rejetée par ses proches, la CIA aura vite fait de s'intéresser à elle très jeune en raison de sa singularité.
Aussi, à travers un scénario non-linéaire (entre flashback et flashforward) qui rend une narration originale et bien conçu, nous allons pourvoir vivre différents chapitres clés de sa vie et nous devrons l'aider dans sa quête d'identité et d'indépendance tout en affrontant les passions (premiers émois, grand amour – pas forcément évident quand on partage son corps avec une entité) , les doutes et la noirceur de l'âme humaine.
Ainsi, entre les petits moments du quotidien (enfin, le quotidien d'une jeune fille assez spéciale, vous l'aurez compris) et les actions héroïques dont l'ampleur la dépasse, Quantic Dream nous propose un voyage étourdissant.
Vous voilà embarqués dans le destin incroyables de ces deux âmes...

Et c'est là que les choses deviennent intéressantes : je disais que vous incarnez Jodie ; mais il est important de le noter, également Aiden.
Cette entité invisible étant capable de traverser les murs, déplacer des objets et interagir avec son environnement ou encore prendre possession de certaines personnes voir même les étouffer.
Et vous pouvez donc bien imaginer que le gameplay d'Aiden est bien différent que celui de Jodie est la combinaison des deux rend vraiment le tout intéressant et orignal.

Outre le côté jouissif d'incarner Aiden pour, par exemple, que cela soit simplement pour s'amuser à essayer divers possibilités d'action ou pour faire justice à Jodie.
On pense à une scène du début du jeu, où, lors d'un anniversaire, la jeune adolescente est alors maltraitée par des « camarades » qui la traite de « sorcière » en raison de sa particularité (permettant d'ailleurs de placer une petite référence à Harry Potter puisqu'elle sera enfermée dans le placard sous l'escalier). Aiden aura bien évidement vite fait de la sortir de ce mauvais pas et les jeunes morveux de regretter leur stupidité... Car vous aurez alors le choix entre partir sans demander votre reste ou envoyer Aiden les titiller un peu pour leur faire peur. Le second choix est bien plus intéressant, il va s'en dire (d'autant plus qu'ils l'ont bien mérité, ma parole !) et il permet d'entrapercevoir la puissance d'Aiden, la cruauté dont il peut être capable et surtout jusqu'à quelle point il est prêt à aller pour aider/venger Jodie (en l'occurrence, ravager la maison jusqu'à y mettre le feu, envoyer un couteau bien tranchant vers un des ado, etc.)
Touchant ou effrayant ? Sans doute un peu dès deux.

(J'ai bien sûr choisi ce passage pour éviter les spoils car il se trouve au tout début du jeu et qu'il a déjà été utilisé il y a longtemps dans les présentations du jeu ; mais il y en a bien sur d'autres, plus fortes encore en émotions, mais que nous n'allons bien sûr pas citer pour ne rien révéler sur l'intrigue.)
Une scène qui n'est pas sans rappeler Carrie, comme l'auront remarqué certain. Et là n'est pas la seule référence, loin de là.
Un peu comme Heavy Rain, qui faisait déjà pas mal de clin d’œil au monde du cinéma (le plus évident étant Seven) on retrouve ici des références divers est variées (et plus ou moins évidentes) a des tas d’œuvres. Je pourrais vous faire une liste (très incomplète, d'autant plus que certaines références sont plus de l'ordre de l'inconscience) mais je pense qu'il est préférable de vous laisser le loisir de les découvrir par vous même.

L'une des grosses forces du titre repose alors sur la relation amour/haine entre Jodie et Aiden. Une relation intense et émouvante qu'on pourra voir évoluer au fil du récit.
Et l'établissement de ce lien entre Aiden est Jodie et d'autant plus intéressant qu'on peut voir en Aiden une projection du joueur dans le jeu. (Et oui ! La mise en abime n'est pas réservée qu'à la littérature et au cinéma.)
Ainsi, pour en revenir à l'exemple évoqué plus haut (toujours afin d'éviter les spoils) on peut, avec Aiden, venger une Jodie adolescente lorsque celle-ci subit les mauvais traitements de la part de camarades hargneux.

Il faut bien évidement aussi aborder la question du scénario (crucial pour un jeu de ce type, que certains n'hésite pas à appeler « film interactif » – Sony ayant plutôt porté son choix sur « drame interactif » ; je dois dire je trouve le nom tout de même un peu réducteur et péjoratif : j'ai l'impression que ça sonne pour beaucoup de gens comme quelque chose de « ludique », dans la compréhension la plus méprisable qu'ils se font de ce terme alors que la profondeur du telle que ce serait lui faire offense).

Je disais donc, un scénario vraiment solide et envoutant du début à la fin... Il y a différents exemples qui me brûle les lèvres, mais je préfère ne pas en dire d'avantage afin d'éviter tout spoil. Je me contenterais donc de dire qu'on a à faire à un univers vivant et riche qui nous embarque de bout en bout, et une narration agréable et prenante jusqu'à la fin : l'ordre non chronologique (entre flashback et flashforward) permet de donner un certain cachet au récit et distille les révélations au compte goutte.
D'ailleurs, cet ordre, qui s'explique dès le début puisque, dans le prologue, Jodie nous évoque bien le fait que tous ses souvenirs, toute sa vie, se mélangent dans sa tête – pour une raison que vous n'apprendrez qu'à la fin, petit curieux – mais en plus, permet vraiment quelque chose d'intéressant (que je ne peux expliquer sans spoiler, donc je m'abstiendrais).

Après le scénario, il faut souligner la qualité de réalisation : les graphismes sont tout simplement bluffant : probablement le plus beau jeu de la PS3 (et pourtant The Last of Us avait frappé fort). Surtout au niveau des personnages, réussi comme jamais dans un jeu vidéo. On peut constater d'ailleurs un travail tout simplement parfait sur le personnage centrale de Jodie/Ellen Page. qui atteint vraiment un réalisme comme jamais dans le jeu vidéo : au niveau des yeux par exemple, de la sueur, des larmes, des cheveux, les mouvements (qui change en fonction de l'environnement, la température, etc.) avec un réalisme maximal. La motion capture y est bien évidement pour beaucoup.
C'est vraiment cette singularité là, de réussir à nous donner l'illusion que Jodie est un être vivant à part entière... rarement on a pu voir dans le monde vidéoludique des personnages aussi « vivants » ; tant la palette des émotions est large et subtile et la qualité graphique atteignant un niveau rarement atteint.

L'environnement et les décors sont aussi extrêmement bien réussi et Quantic Dream n'hésite pas à nous déployer toute la palette de ses talents en nous proposant des rues enneigées, une nuit à la pluie diluvienne ou encore un désert tout à fait bluffant... et tout cela est d'une finesse dans les textures... Un seul mot : wouaw !

Les plus exigeant (ou capricieux) pourraient alors arguer (et à juste titre) que pour un jeu de ce type (couloir, « film interactif »), c'est le minimum. Mais tout de même : on sent bien que la PS3 est poussée dans ses derniers retranchement (une fois de plus, comme c''était déjà le cas avec The Last of Us) et cela expliques d'ailleurs quelques – rares et vraiment très légers, pas incommodants – ralentissements de frame lors de certaines sauvegarde automatique (notamment dans les niveau les plus vastes comme Navaros, La mission, Sans-abri, etc.).
Mais en somme, techniquement parlant, on peut parler d'un sans faute (surtout quand on sait qu'il tourne sur une console en fin de vie) ou presque : il faut admettre que dans certains lieux plus étroits, quelques petits soucis de caméra peuvent gêner légèrement, mais rien d'alarmant.

Au rang des défauts (maintenant que j'ai commencé, autant aller jusqu'au bout des petites faiblesses), il faudra encore ajouter une chose :

D'abord, le gameplay. Ce n'est pas à proprement parler un défaut mais simplement un parti pris singulier. Sous forme de QTE et action contextuelles (mais avec un gros effort pour masquer au maximum les éléments sur l'écran afin de favoriser l'immersion et la fluidité). Bien sûr, les joueurs ayant évolué sur Farenheit et Heavy Rain ne seront pas perturbé outre mesure. Mais il est vrai que cette impression de non-gameplay (qui est pourtant plus riche que ceux que certains veulent bien penser) peut en rebuter certains... Si l'on a pas l'âme contemplative, il est – malheureusement – plus délicat d’apprécier un tel titre.

Et puis, c'est à croire qu'un gameplay diffilce rendrait un jeu forcément meillleur... Le Joueur du Grenier nous a bien démontré à quel point c'était faux. Un des éléments essentiel dans le jeu vidéo est la notion de plaisir.

Ainsi, il est vrai que la particularité du gameplay entraîne une sensation d'extrême facilité (que ce soit dans le mode joueur occasionnel ou gamer plus avisé) qui pourra en dérouter certains (les plus exigeants) mais pas forcément non plus (pour ma part j'aime un gameplay riche, et demandant un minimum de challenge ; mais là cela ne m'a pas dérangé du tout car ça contribue à la fluidité de la narration et ça participe de la singularité du jeu. On ne joue pas à Beyond pour chercher un défi, un challenge.

Il n'y a pas que le challenge dans le jeu vidéo. C'est ce que nous démontre bien Beyond justement.
Ce désir d'en rechercher chez pas mal de joueurs vient de cette mode de plus en plus envahissante du multijoueur, qui propse un gameplay répétitif et bourrin sans intérêt si ce n'est le conflit, le coucour de qui c'est qui aura la plus grosse, etc.
Forcément, après cela on est pas capable d'aprécier une oeuvre telle que Beyond qui pourtant participe à hisser le jeu vidéo au rang de 8ème art...

Pour en revenir au gameplay, il pourrait en dérouter certains en effet car il impossible de mourir.
Ici, pas de game over : si vous vous râtez, soit cela changera juste le détails du combat ou de l'action mais vous vous en sortirez de toute façon, soit vous avez la possibilité de vous en sortir grâce à Aiden ou soit cela débouchera sur une scène en plus dans la séquence. (Ex : si vous faite arrêtez dans la scène où vous êtes fugitive, vous serais fait prisonnière et devrez vous échapper pour continuer : ainsi, au lieu de passer inaperçu devant tel barrage de policiers, vous devrait vous échapper de cet endroit là ; à l'aide d'Aiden le plus souvent).
Cela participe bien sûr de la fluidité de la narration, de l'implication , de l'effet de réel : pas de game over, barre de vie, etc.) À la fois un défaut et une qualité, cela pourra séduire autant que rebuter les joueurs les plus "conservateurs" et obtus.

Cela fait quand même pas mal de points « négatifs » pour un jeu sur lequel je suis si dithyrambique me direz-vous. (Car oui, même si j'ai été emballé par le titre, j'ai toute de même noté les différents défauts, preuve que ma capacité de jugement n'a pas été "aveuglée", j'ai simplement décidé de passer outre tant l'expérience est forte.) Comment expliquer cela ?
Et bien cela tient en plusieurs points : ces défauts sont tout de même minimes et tout à fait pardonnables si on adhère au projet du studio français, à l'histoire et son univers. Ensuite, je pense aussi que ces défauts, je les remarque plus du fait que j'ai tout de même déjà trois/quatre parties à mon active.
Mais aussi, je critique Beyond (et Jodie) plus facilement un peu comme on peut être plus exigeant concernant une personne qui nous est chère (car on peut apercevoir tout son potentiel et on souhaiterait qu'elle l'exploite au maximum). Et je vous rassure, c'est tout pour les « défauts ». Désormais, ce sera bien plus positif et plus intéressant.

Revenons en aux points positifs. Je parlais de la technique. Désormais, intéressons nous au domaine artistique. Un accompagnement sonore (sur lequel a participé celui qu'on ne présente plus : Monsieur Hans Zimmer) de grande facture. Les musiques sont vraiment touchantes, à la fois sobres et grandioses, il s'en dégage une profondeur évocatoire sincère et pure qui sublime les émotions et l'expérience de jeu.

Certaines musiques devraient rester en tête de pas mal de joueurs, et il n'est pas certain que vous vous surprenez à réécouter la BO... et à ressentir les émotions et la nostalgie de cette aventure partagée avec Jodie (et Aiden) vous submerger à nouveau.
Un exemple suffira, avec la musique tout simplement envoutante que vous trouverez en toute première ici : http://www.youtube.com/watch?v=0IOwlFOEsak ; d'ailleurs, il s'agit là de l'OST complète, pour vous éviter de la chercher une fois le jeu terminé.. De rien !
(Au passage, l'interprétation par miss Page dans l'un des chapitres de la chanson « Lost Cause » de Beck est vraiment réussie : sans excès, avec une sensibilité à fleur de peau.)

Inutile de préciser que je conseil fortement de le faire en VOSTFR : la VO étant tout simplement excellente quand la VF – du peu que j'en ai vu – se contente d'être réussie. Mais surtout, il faut l'avouer, la version française fait perdre à la qualité de jeu des acteur et la transmission des émotions.

Ceci me permets d'ailleurs de faire la transition avec le point suivant, le nerf de la guerre : le casting :
« Un bon acteur sait mettre de l'émotion dans l'action et de l'action dans l'émotion », disait Charlie Chaplin. Et bien c'est ce que parvient parfaitement à faire tous les acteurs dans ce Beyond – mention spéciale à Willem Dafoe et surtout à Ellen Page – sans surprise, puisque ce sont les deux tête d'affiche. Et ils s'en montre à la hauteur).
Il fallait bien ça pour faire ressentir toute la palette d'émotions et la diversité des évènements narrés et pour mettre en valeur cette superbe histoire.

Et la palette d'émotions, vous pouvez me croire, elle est large. C'est simple, on traverse vraiment toutes les émotions possibles d'une vie humaines : des larmes au rires ; de la peur au courage ; de l'excitation à la déception ; du désespoir le plus profond aux rêves et espérances les plus universels ; etc. Tout y passe ; les émotions les plus subtiles et brèves au plus fortes et marquantes.

Car, oui Beyond repose sur l'expérience unique qu'il propose et surtout sur les émotions : comment ils nous ramène toujours vers la vie – c'est rare un jeu vidéo de ramener le joueur vers la vie, vers les sensations/émotions, traitant de toutes les grandes questions de la vie, des plus banales et intimes aux plus élevées et collectives.

Les émotions débordent et nous envahissent.
(Bien sûr, certains joueurs resterons de marbres : les biberonnés aux Coll of Duty et autres, ou encore les joueurs voulant absolument se la jouer « hardcore » ou puristes, dénigrerons forcément l’œuvre par pur principe et sans lui donner une chance ; et si ils le font, se sera que pour volontairement ne pas l'aimer d'avance et y jouer dans cette optique dès le début... et c'est bien dommage.) Car, à la condition de se laisser emporté, vous vivrez un drame métaphysique sublime, dont vous ne pourrez sortir que chamboulé : partagé entre le bonheur d'avoir vécu une telle expérience et la tristesse qu'elle soit terminée...

Passer à côté – que l'on soit gamer endurci ou débutant – serait presque de l'ordre de la bêtise, de la folie et c'est se priver soit même d'une expérience boulversante. Sortir de Beyond sans verser de larme ou n'avoir rien ressenti... à part ce cher Dexter des premières saison, je ne vois pas...
Constater que certains gamer aient honte de cela (il ne faudrait pas paraître sensible, c'est mal vu) et déprécie le jeu par principe, sans même l'avoir essayé ou sans en avoir saisi toute la splendeur et la richesse, c'est terriblement dommage.
Mais malheureusement, les belles choses , souvent plus fragiles, sont celles qu'on détruit le plus facilement, par jalousie, orgueil ou ignorance.

En fait, l'un des défauts du jeu aurait plutôt qu'il a été, d'une certaine façon, maladroitement vendu, qualifiant d'une certaine manière les attentes des joueurs et pouvant les conduire (malgré sa splendeur) à une déception.
On le présente en effet comme un titre avec des choix importants qui bouleverserait l'histoire de Jodie complètement ; alors que ce n'est pas ça. Et ceux dont les attentent ne repose que là deçu pourraient être déçu (ou agréablement surpris si il se laissent emprisonnées, tel Aiden, avec l'attachante Jodie).

Ce n'est pas cela le centre de Beyond. Nos choix, pour la plupart, sont plus artificiels et ne joue qu'à court terme ou sur des détails (il est vrai que c'est un peu dommage : mais pour garder une histoire aussi forte et ben travaillée d'un bout à l'autre, il faut bien des sacrifices).
D'ailleurs, le jeu aurait pu être tout aussi bien sans certains choix (accessoires,dispensables).
Enfin, les différentes s'avèrent à la fois réussi et frustrantes (difficile de l'expliquer)
Frustration d'ailleurs renforcée par la séparation difficile d'avec ce personnage auquel on s'est fortement attaché au fil du jeu, au point de ne plus vouloir la quitter.

Heureusement que la rejouabilité (ne serait-ce que pour la platine mais aussi pour essayer de voir toutes les fins et les différents embranchements possibles ou simplement pour retrouver, le temps d'un instant, Jodie et Aiden) permet encore pas mal d'heures supplémentaires : si vous faites bien les choses, il vous faudra au minimum trois parties pour voir toutes les fins et le platiner.

Mais, il faut être honnête sur un point : la première partie (même si la fin ne vous satisfera pas autant qu'une des autres possibles) sera la meilleure, car la plus forte en émotions (normal : la surprise, la découverte, le suspense, etc.) et ce même si vous ne tombez pas sur la fin qui vous satisfera le plus. Une des révélations finales devrait d'ailleurs vous choquer et vous émouvoir, à la fois tellement simple, magnifique et bien pensée.

D'autres part, il est à noter que la présence d'un mode « duo », qui vous permettra de faire l'aventure... et bien oui, à deux (une personne contrôlant Jodie, l'autre Aiden) est assez sympathique ; déjà elle peut permettre de partager cette belle expérience mais aussi de la faire découvrir à des amis par exemple. (M'est avis que si vous avez une petite copine pas forcément intéressée par les jeux vidéo, elle devrait certainement succomber au charme de ce titre... Si ce n'est pas le cas, il serait peut être tant de changer de copine ^^ )

Contrairement à ce que beaucoup pensent, la force de Beyond réside donc autre part que dans la possibilité d'offrir des choix au joueurs (même si parfois, il est toujours amusant de tester les différentes possibilités et voir ce qui en découle ; et ce malgré le fait que les conséquences ne soient pas toujours aussi importantes qu'on pourrait l'espérer). Non, le secret c'est autre chose.
Il tient dans le fait que Beyond peut être vu comme une vie entière offerte à vivre au joueur. Et quelle vie qui plus est. Vraiment remplie et marquante, on en sort pas indemne. Quel chambardement dans le cœur de ceux qui se laissent emportés par l'histoire, les personnages si attachants et toutes ces émotions débordantes.

Pour mieux faire comprendre cela et l'importance des émotions dans le jeu, je citerais ce qu'un critique sur le site de Mircomania (que j'ai vu par hasard en recevant un mail de newsletter qui parlait du jeu – étrange d'ailleurs de recevoir la promo d'un jeu qu'on a déjà fini) a écrit à propos de Beyond et qui résume – avec toute la force et les faiblesse qu'on les résumés– tout ce que j'essaye de développer depuis tout ce temps :

« Beyond : Two Souls ne fait pas l'unanimité. Et alors !? Ce n'est pas grave si Beyond : Two Souls ne remporte pas les suffrages, s'il ne reçoit pas une critique aussi bonne que celle d'Heavy Rain Et bien, tant pis ! Moi j'ose, je le dis et je l'affirme sans honte : Beyond m'a ému, m'a fait sourire et pleurer, m'a empli de haine, d'amertume, de frustration, de joie, de compassion, d'empathie. un moment précieux à vivre chacun à sa façon. »

C'est donc bien cela qu'offre Beyond : une expérience intense de vie.
D'ailleurs, le choix de cette entité qu'est Aiden est parfaitement bien pensé : si dans un premier temps on pense incarner Jodie Holmes (c'est certes le cas) c'est, comme je l'ai dit plus haut, Aiden qui symbolise le joueur : il est le « lion en cage » qui observe la vie de Jodie.

Il partage sa vie, il la voie grandir, il ressent ce qu'elle ressent, il l'aime, veut la protéger, lui faire justice même (je vous renvoi à l’exemple précédent). Il est même un peu sur-protecteur et possessif, ce qui donnera d'ailleurs lieu à quelques moments cocasses, touchants. Je pense au chapitre « le Dîner », tout simplement excellent – de prime abord banal, probablement l'un des niveau les plus aboutis et qui démontre bien toutes les qualités du titre.

Toutes ces émotions fortes d'Aiden envers Jodie, le joueur les ressentira donc lui aussi et s'attachera comme rarement (voir jamais) dans un jeu vidéo.
Petite confidence personnelle d'ailleurs : concernant la Jodie ado et adulte bien sûr (pas enfant, cela serait malsain) j'ai également ressenti un certain faible pour elle – ce qui ne m'était jamais arrivé pour un personnage de jeu vidéo (certes ont a tous en tête l'image du fantasme Lara Croft mais ça n'a rien a voir ; mais la différence c'est que Jodie est tellement humaine, complète qu'on croirait vraiment avoir à faire à une vrai personne, pas un fantasme pixelisée et ce sont des vrais sentiments, sincères, qu'on peut ressentir pour elle, non pas la projection d'un fantasme comme c'est le cas de certains hommes pour Lara Croft justement).

Bon après tout, c'est Ellen Page – non seulement son visage, mais bien évidement sa voix, sa gestuelle, ses petites mimiques, etc. – pour qui j'ai de toute façon un gros faible, comme je l'ai déjà dit, donc je pense que cela doit pas mal joué sur ce sentiment ; et le réalisme du personnage, qui est très attachant en plus, n'aide pas et forcément se laisse embarqué, en ayant conscience que c'est stupide.
(Oui, je sais que ça peut sembler ridicule voir naïf... je suis le premier à me le dire... Ah! Que voulez vous, mon don-quichottisme me reprend... emprisonné dans cette sempiternelle posture du « vers de terre amoureux d'une étoile » que je suis... Ne m'en tenais pas rigueur.)
Après tout, c'est le personnage féminin le plus réaliste, complet, humain, qu'on ai pu voir dans un jeu vidéo (avec Ellie dans The Last of Us – la Elizabeht de Biochock Infinit ou même miss Croft sont loin à la traine).
Bref, je me rend compte que je digresse complètement... Mon côté François Rollin sans doute, veuillez m'en excuser et retournons à Beyond.

Donc, ce joueur/témoin observe, tout puissant et impuissant en même temps, la vie de Jodie : il essaye de faire ce qu'il peut pour l'aider, la guider, mais au final, l'Odyssée suit sont cours (les aficionados du groupe Assassin apprécieront ^^).
Et de ce fait, le manque d’impact des choix proposé au jouer évoqués plus haut (comme il arrive de toute façon ce qui doit arriver en quelque sorte et que ce ne sont que des détails qui changent pour la plupart) passe mieux et peut même s'expliquer. Et la pilule du manque d’impacts des choix passe plutôt bien finalement en raison de la richesse et la force du scénario, qui « nous traîne, nous entraîne ! »
(OK ! Je crois que mon cerveau à vraiment surchauffer à fore d'être qu'obsédé par Beyond depuis plus d'une semaine ^^)

Mais je dirais surtout que Beyond est ce que certains (insensibles ? n'ayant pas l'âme accordée pour le ressentir ?) lui reprochent d'être (sans savoir que c'est vraiment cela qu'ils repprochent) et que moi j'apprécie et admire : c'est PLUS qu'un jeu vidéo !
En effet, comme je l'ai déjà dit, certains se demandent si il est bien un jeu vidéo ou encore si il faudrait pas plutôt le placer dans la catégorie des « films interactifs »... Bullshits que tout ça ! Et j'ai envie de leur répondre qu'il n'est pas qu'un simple jeu vidéo, qu'il a ce petit plus difficile à définir que seuls rares jeux vidéo possèdent.(le dernier d'entre eux étaient The Last of Us).

Et si il ne côtoie peut être pas la perfection d'aussi près qu'a pu le faire The Last of Us justement, Beyond : Two Souls n'en est tout de même pas très loin et on lui pardonne aisément les différents défauts que j'ai évoqué. (Même si on les déplore aussi tant on peut apercevoir à travers eux le potentiel qu'il avait d'être encore plus magistral. Mais ses petits défauts font aussi un peu son charme et une certaine pureté (des sentiments) ressort de tout cela.
Je citerais d'ailleurs ces propos avec lesquels j'adhère tout à fait :
« Beyond : Two Souls, une voie médiane entre le cinéma et les jeux vidéo ? Certainement. En tout cas, une œuvre parfois émouvante, parfois déroutante et imparfaite. Mais une œuvre à la sincérité qu'il est difficile de prendre en défaut. »
(Tiré de cet article, pour les intéressés : http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18627785.html )

D'ailleurs, ces deux jeux (Beyond et The Last of US) ont divers points communs : la force de la narration et de leur histoire, une réalisation graphique magistrale, l'importance des personnages, auquel on s'attache comme jamais et la part belle à l'émotion, au point qu'on ne sort pas indemne d'un tel jeu. Ils partage donc le fait de hisser le jeu vidéo au rang d'art (que ça déplaise à certains... c'est dommage) ; leur visé étant bien plus de nous faire réfléchir, penser, vivre (d'une certaine manière, par les émotions).

D'ailleurs, c'est dans ce mélange d'un destin extraordinaire et d'une histoire de science fiction avec en même temps une plongée dans le quotidien le plus banale (fête d'anniversaire, bataille de boule de neige, dîner romantique, adolescente qui veut sortir un samedi soir, etc.) que se créer aussi la singularité et la dynamique du jeu, qui nous embarque tout du long. Les scènes d'action digne des grosses productions hollywoodiennes côtoie les petits rien de la vie pour offrir une expérience rare.

De plus, la diversité des lieux (une rue de banlieue enneigée, un laboratoire de recherche, un train de nuit, un appartement, un désert, une ville africaine en proie à la guerre, etc. ) promet un dépaysement complet ; de même que la diversité des situations proposées au joueur – dont d'ailleurs des choses qu'on ne voit jamais dans le jeu vidéo en général : une petite fille jouant à la poupée par exemple ; une adolescente qui peut boire sa première bière ou fumer son premier joint ; aider à mettre un bébé au monde ; être SDF ; même tenter de se suicider (même si Aiden veille toujours sur vous)... des tas de choses qu'on ne voit d'habitude jamais dans le monde du jeu vidéo.
Toutes ces choses, les personnes ayant un peu suivi l'actualité du jeu (bandes annonces, vidéo de présentation, etc.) les ont déjà vu, donc pas vraiment de spoil à déclarer.


De tout ceci, j'aurais envie de dire que Beyond est sublime - au moins dans le sens romantique, hugolien du terme, voir même dans le sens plus noble que lui accordait Longin dans son traité – et peut être un peu aussi à la manière dont l'entendait Edmund Burke. (Mot normalement réservé à la littérature et aux arts ; mais que j'ai envie d'utiliser pour ce jeu).
En effet, dans cette impression qu'il touche à quelque chosde qui nous dépasse et élève notre âme, quelque chose de grand, cette sensation d'inaboutissement final, etc. avec tout ceci on est bien dans le domaine du sublime.

Il y a d'ailleurs aussi un espèce de pathétique sublime, qui parvient à ne jamais tomber dans le pathos (on pense par exemple au chapitre Sans-abris, qui aurait pu tomber dans la facilité larmoyantes alors que pas du tout). Ainsi, les émotions y sont nobles et grandes, non pas mielleuse et futiles, contrairement à ce que certains avancent sans savoir de quoi ils parlent.

Et de ce fait, Beyond (comme The Last of Us avant lui d'ailleurs) paye ses qualités.
En effet, puisque « du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas » (en raison de son universalité et sa puissance évocatoire où les émotions surpasse tout), les plus cyniques, médisants auront vite fait de cracher dessus – fort regrettable de constater que c'est souvent les belles choses qu'on détruit le plus facilement, en raison de leur fragilité que ce soit par jalousie, orgueil ou ignorance.
Et on comprend un peu mieux ce phénomène étrange qui plane autour du jeu, partagé entre ceux qui ont été émerveillé et ceux qui sont, malheureusement pour eux, passés complètement à côté – qu'ils retourne à leur FPS, tous identiques, sans âme et sans but...

L'extrême grandeur côtoie toujours les plus abjectes baisasses (embrassant ainsi à elle seul l'entièreté du monde). Ou, comme le dirait Baudelaire : « Le cri du sentiment est toujours absurde ; mais il est sublime, parce qu'il est absurde. » C'est ainsi que Beyond, a sa façon (et malgré – ou grâce – à tous ses petits défauts) embrasse la vie et la mort (comme cela est bien mis en abîme à travers le lien entre Aiden et Jodie). Car Beyond (dans sa genèse qui est la perte d'un être proche à David Cage, comme il l'a précisé) est un cri du sentiment...

Ce jeu parvient en même temps à nous offrir une bouffée de vie incroyable et nous émerveiller, tout en nous rendant plus triste et mélancolique que jamais... C'est tout de même fort ! Et assez perturbant, faut le dire.

Cela s'explique en partie, je pense, par le fait que, comme nous l'avons déjà dit, les sentiments y sont présents, vivants et intenses.
On ressent tous les états d'âme propre à l'être humain à travers Jodie (et Aiden) : joie, tristesse, révolte, haine, stupeur, peur, courage, rire, sérénité, désir, envie, rêves, etc.
C'est une vie entière (d'émotion) qui nous travers le cœur en quelques heures de jeu.
C'est pourquoi on ressent ce serrement au cœur une fois qu'on a compris que c'est l'épilogue qui se déroule sous nos yeux, juste avant le générique final, qui entérine contre notre volonté nos adieux à ce personnage auquel on s'est tellement attaché.

Car, même si vous rejouez l'aventure encore et encore (ne serait-ce que pour platiner le jeu et surtout découvrir tous les embranchements possibles et les différentes fins), vous n'arriverez pas à retrouver la magie de la première partie (forcément, il n'y a plus le surprises, la découverte, le suspense et en plus, l'être humain se lasse tellement vite que on sentira rapidement qu'on a fait le tour).

C'est bon de constater (quand on voit toute la merde qu'on nous vend à longueur de temps, que ce soit en musique, en littérature, au cinéma, dans le jeu vidéo, etc.) que le sublime existe encore au XXIème siècle ! (D'autant plus dans un média comme le jeu vidéo... bien le dernier où l'on penserait le trouver.) et rien que pour cela, Beyond : Two Souls mérite largement d'être reconnu et vaut le détour. Félicitation au studio Quantic Dream.
« Ce que la poésie fait de plus sublime, c’est de donner aux choses insensées sens et passions. » (Giambattista Vico). Contre tout attente (on est loin de penser à poésie quand on entend jeu vidéo) c'est là le petit miracle que parvient à accomplir Beyond.

Bien que fictif, Jodie fait parti de ces grands personnages (mais du coup mythologiques/légendaires, puisqu'elle est fictive, mais cela ne change pas la force de ce qu'elle représente) qui, par leur vie sublime, complète et excessive, nous redonne un peu goût en la vie (tout en nous rappelant – ce que disait Pessoa – que la vie ne suffit pas et qu'on a besoin de l'art et des fictions comme Beyond pour trouver ce qu'il nous manque dans la platitude de notre réalité.

«Lives of great men all remind us
We can make our lives sublime,
And, departing, leave behind us
Footprints on the sands of time »
Henri Longfellow

Et c'est de ces deux sentiments contradictoire, mélangé à ce « sentiment tragique de la vie » (Miguel de Unamuno), que grandi en nous cette aspiration à plus ; à vivre une vie aussi riche et pleine que celle de Jodie. (cf. le don-quichottisme dont je parlais plus haut... en tout cas, c'est le cas pour moi.)

Après tout, comme le laisse entendre la fin post-apoclyptique, avec cette vision du futur, il y a quelque chose d'une "élue" en Jodie ; et les vies des "élues" sont forcément bien plus palpitantes que les notres, pauvres hommes perdus dans la masse en quête désespérée d'un sens à nos vie tellement vide de sens.

Je pense d'ailleurs à des propos de Bukowski :
“How in the hell could a man enjoy being awakened at 6:30 a.m. by an alarm clock, leap out of bed, dress, force-feed, shit, piss, brush teeth and hair, and fight traffic to get to a place where essentially you made lots of money for somebody else and were asked to be grateful for the opportunity to do so? ”

[La VF ici pour les anglophobes :
" Comment diable un mec peut il être apprécier d'être réveillé à 6h 30 par un reveil, de bondir de son lit, s'habiller, ingurgiter un petit déjeuner, chier, pisser, se brosser les dents et les cheveux, se bagarrer en bagnole pour arriver dans un endroit ou il fait essentiellement du fric pour quelqu'un d'autre et on lui demande de dire merci pour la chance qu'il a ? "]

Et bien, ceci est d'autant plus vrai une fois qu'on a vécu une expérience aussi intense que celle proposé par Beyond . Après avoir entraperçue une vie si riche et complète... difficile de reprendre normalement le cours de sa vie (non, non, pas de référence à Michel Jonasz ici... mais il est vrai que ça aurait pu ^^)

Au final, Beyond se distingue par ce mélange de sentiments qui nous chamboulent une fois le jeu terminé (dont parlent certaines personnes sur ce topic et dont je fais parti : http://www.jeuxvideo.com/forums/1-28277-25000-1-0-1-0-j-me-sens-bizarre.htm - à lire de préférence une fois le jeu fini, car risque de spoil]
Je ressens personnellement cette même sensation de vide, et d'irréalité. Depuis maintenant quelques jours que je l'ai fini, la vraie vie est un peu comme « irréelle », ralentie, sonnant faux (je fus déjà touché par cette même sensation avec The Last of Us et quelques rares films/livres, mais rarement à ce point là).


En conclusion, si certains parlaient du chant du cygne de la PS3 en évoquant The Last of US (à juste titre assurément), il faut croire que le cygne n'avait pas encore tout à fait terminé de chanter et qu'il avait encore quelques envolées sublimes à nous offrir.
Avec Beyond, on croirait entrapercevoir ce qu'il y a... au-delà (beyond) !

Si je devais donner une note, je pense que je lui accorderait un 19/20, (j'avais même pensé au 20/20 tant il est in-notable et que c'est un véritable coup de cœur, de la même manière qu'on ne peut donner de note à un Shakespeare, un Baudelaire ou autre ; et tant l’expérience proposée est forte) mais il faut avouer qu'au final l'accumulation de tous ces défauts égratigne quand même un peu la qualité final du jeu... vraiment dommage tant on aurait eu envie de le voir encore un cran au dessus ; et il en avait les capacités.

Après, si je devais me trahir et tenter d'être « objectif » (afin de faire du pied aux éternels insatisfaits qui auraient vite fait de m'accuser d'être un simple fanboy ; et bien que je considère l'objectivité comme impossible et un mensonge à soit même), je devrais sans doute lui mettre un 18/20 en raison de tous ces mêmes défauts ; mais le cœur a parlé, et il est seul maître à bord, donc ce sera un 19.
Et puis après tout, il faut apprendre à voir par-delà (beyond !) les quelques défauts de la roche pour voir le diamant brut qui se cache en dessous.



Voilà.
#modepavéoff

Si vous aviez déjà joué et apprécié le jeu, j'espère que vous avez partager les mêmes sentiments que moi.
Sinon, j'espère vous avoir donné envie de découvrir cette belle aventure.

Note personnelle : des jeux comme Beyond ou The Last of Us font vraiment partie de ceux qui me donne envie (même si c'est un rêve illusoire) de travailler dans le milieu du jeu vidéo.
J'adorerais faire le boulot de mecs comme Christophe Baslestra (chez Naughty Dog) ou David Cage surtout. Travailler sur le scénario du jeu (élaborer l'univers, les perso, l'histoire, etc. un peu à la manière d'un écrivain finalement... hors si je fais des études de lettres, ce n'est pas pour rien), s'occuper de la réalisation, etc. Bref, avoir les idées. Car tout ce qui est de l'ordre du métier de développeur... je sais que je n'aurais jamais le niveau en informatique nécessaire pour cela, ni la patience.

C'est vraiment ce genres d’œuvres vidéoludiques que j'adorerais faire. J'aurais tellement souhaité avoir eu les idées de The Last of Us et Beyond moi-même... (quoi que si ce fut le cas, vous n'aurait jamais pu y jouer j'imagine puisque je ne vois pas trop comment j'aurais pu convaincre un studio de croire en moi).
C'est le genre d’œuvre qui me saisit tellement que j'aurais tellement voulu faire partie de la création d'une telle pépite... au point de ressentir (ça peut paraître idiot je sais) une étrange impression d'être passé à côté de quelque chose, d'avoir raté ma vie, en raison du fait que ce n'est pas le cas...

De fait, je suis jaloux de Cage, je l'admet ! D’autant plus qu'il a pu rencontrer la ravissante Ellen Page ou encore Dafoe... Ah ! Quel veinard !
Bref, il n'est pas bon de se perdre dans des rêves illusoires et impossibles, cela n'engendre que la souffrance. (Tiens, j'y pense : je me dis que dans mon cas, ce sentiment là et ce rêve chimérique doivent aussi contribuer au vide ressenti une fois le jeu terminé.)

Bref, cela devient trop personnel (donc inintéressant pour vous), ce qui est signe qu'il est grand temps de s'arrêter là dans cette critique – dont je viens de me rendre compte à l'instant même, non sans esquisser un léger sourire, qu'elle s'avère finalement être à l'image du jeu : parfois maladroite (j'aurais aimé avoir le temps et la volonté de mieux soigner le style) et imparfait (la perfection n'existe que dans le monde des idées après tout), très/trop personnelle (mais en même temps, Baudelaire disait bien qu'une critique devait être partial, politique, personnelle) mais d'une sincérité (qui pourra être très/trop personnelle peut être pour certains), aux références et inspirations multiples et d'une richesse que l'on ne soupçonne peut être pas et qui se distingue des autres critiques par son originalité, je l'espère en tout cas.

J'espère que toute cette longue logorrhée vous aura plût et intéressé.

Rendez-vous... de l'autre côté ;)


PS : je vous recommande aussi cet article sur le jeu, pour le plaisir : http://obsession.nouvelobs.com/jeux-video/20131011.OBS0823/beyond-two-souls-la-perle-de-l-annee.html ^^
TLOUJoelEllie67
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Jeux vidéo et Les meilleurs jeux vidéo de 2013

Créée

le 18 oct. 2013

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TLOUJoelEllie67

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