Bonjour,
ça faisait longtemps que je n'avais rien posté... Non pas que je n'ai pas eu de coups de coeur ces derniers mois, c'est juste que beaucoup de choses en avaient déjà été dite et je n'avais rien de plus à ajouter sans que ça soit de la redite... Et très honnêtement, j'ai été bien pris et je n'ai pas eu le temps de m'attaquer à des avis sur des oeuvres de plus grandes envergures malgré les nombreux sujets que j'ai sur le coeur comme Assassin's Creed. Mais j'y reviendrai bientôt.
Pour cet avis là, première grosse difficulté : dans quelle catégorie placer cette oeuvre. Comme vous avez dû le lire un peu partout, la frontière est mince entre film en motion capture et jeux-vidéo. Au final, c'est la catégorie jeux-vidéo qui l'emporte pour 2 raisons : déjà parce qu'il se voit / fait sur PS3, une console de jeux, et ensuite parce que de temps à autre, il faut tout de même toucher à la manette pour quelques déplacements et surtout des QTE (pour les non-initiés, QTE = "Quick Time Event", un ralenti limité dans le temps pendant lequel le joueur doit appuyer sur une ou plusieurs touches pour effectuer une action).
Cette frontière assez mince entre le film et le jeu m'a grandement rappelé des livres de mon enfance : les livres dont vous êtes le héros. Là, c'est un peu pareil, le film dont vous êtes le héros.
Ce point précisé, je dois vous présenter un peu le contexte si vous ne le connaissez guère : on suit Jodie, une fille particulière, de son enfance jusqu'à un âge adulte. Sa particuarité est qu'elle est liée à une entité fantomatique qui ne la quitte pas (et ne peut pas trop s'éloigner) : Ayden. Vous devinez la suite, très vite Jodie sollicite l'intérêt des scientifiques d'abord et de l'armée ensuite.
Comme je le disais, le jeu est entièrement fait par Quantic Dream en motion capture, procédé qui consiste à filmer de vrais acteurs et à les numériser (tout le monde a vu Avatar...). Et force est de constater que Quantic Dream (studio français) est plutôt spécialisé en la matière. Le résultat est magnifique : Ellen Page (Jodie) est non seulement reconnaissable mais aussi plus belle que jamais. Quant au monstre du cinéma qu'est Willem Dafoe, son visage atypique et son sourire carnassier sont parfaitement modélisé. L'ensemble du casting joue très bien ; je mets juste un petit bémol sur Ryan, jeune membre de la CIA (et évidemment un love interest) qui est un archétype minable du beau gosse membre de la CIA, sorte de pâle copie du héros de Tom Clancy (à peine dissimulée d'ailleurs, parce que j'ai longtemps cru qu'il s'appelait Jack Ryan...). Je ne dis pas que l'acteur joue mal, il a juste été cantonné à un rôle vraiment pas terrible sur un personnage qui se veut comme clef mais qui était, à mon sens, largement dispensable.
Côté GamePlay, le grand intérêt est la possibilité de contrôler tour à tour soit Jodie soit Ayden. Chacun présente ses intérets, ses capacités et sont complémentaires pour le déroulement du scénario (normal me direz-vous...). Après, comme dit plus haut, ça reste très limité. C'est un choix parfaitement assumé par le développeur, c'est même sa patte j'ai envi de dire : ne vous attendez pas à une liberté totale, vous suivrez le scénario (sans être sur des rails mais pas loin parfois...). Par contre, un petit coup de gueule : j'ai l'habitude d'inverser l'axe Y pour jouer, j'ignore pourquoi, je trouve ça plus naturel. Ici, vous pouvez le faire mais seulement pour Jodie. Le paramétrage ne se fait pas pour Ayden, ce qui est donc assez déroutant et assez pénible à la longue. De plus, quand vous quittez le jeu puis vous vous y remettez, il faut à nouveau remodifier le paramétrage qui n'est pas retenu en mémoire. Un peu un comble pour le coup... Mais ceci ne reste qu'une épine sur une rose et n'enlève en rien les véritables intérêts du jeu.
Autre épine (continuons sur les points faibles pendant qu'on y est) : le jeu a été vendu comme ayant 25 ou 27 fins (je ne sais plus) et que vos choix auront une influence sur la fin. Que vous pourrez faire et refaire le jeu en faisant des choix différents et en prenant des orientations différentes. Franchement, à 2 ou 3 exceptions près, TOUTES les fins se jouent sur les actions des 30 dernières minutes (et je suis large)... Là aussi, un comble quand on sait que la promo du jeu s'est beaucoup fait là-dessus et que son ainé (Heavy Rain, que je ne connais pas) était basé déjà sur ce système. Là, entre les choix de réponse dans les dialogues ou les victoires ou défaites dans les combats, on sent qu'au final ça n'aura que peu (voir pas) d'influence et on est vite remis dans la ligne directrice du scénar'. L'importance des choix est plus révélateur tout au long du jeu dans la saga Infamous que dans Beyond Two Souls et quelque part, ça a quelque chose de frustrant.
Pour conclure, je vais parler d'un autre point positif : le scénario. Il est intéressant et le parti pris de ne pas vivre l'histoire chronologiquement est très intéressant. Ca a quelque chose de tarantinesque et c'est assez bien construit pour que les périodes dans le passé ne spoilent pas le futur et qu'on découvre au fur et à mesure ce qu'il en retourne de tout ça. Cette construction narrative est intéressante et évite très certainement une lassitude qu'on aurait pu avoir en suivant chronologiquement les évènements. Et un des éléments finaux (quelque soit la fin) m'a beaucoup marqué et fait plaisir tant je suis attaché à certaines valeurs familiales (je n'en dirai pas plus).
Un autre élément final laisse entrevoir une suite, qui sera difficile à faire sans prendre un parti vu que cette scène peut avoir différentes versions. Il faudrait que le studio se fixe sur un point, laissant les joueurs qui ont eu une autre fin sur le carreau. Mais après tout, c'est faisable, même Hollywood l'a fait. Dernier exemple en date, the Descent, qui a une fin européenne et une fin américaine. Et bien, pour le 2, ils ont pris la fin américaine et tant pis pour les européens qui raccrocheront les wagons comme ils peuvent... Enfin à voir mais j'espère sincèrement une suite tant il y a du potentiel.
Bref, cette expérience vidéoludique aura été des plus intéressantes et sans aucun doute des plus uniques, aussi bien pour moi qui avait le pad en main que pour ma moitié qui a suivi tout le jeu comme une "série" (on se faisait quelques chapitres par soir). Elle en est ressortie avec autant d'enthousiasme que moi et ce, sans avoir touché le pad une seule fois... Comme quoi, finalement, j'aurai peut-être dû mettre Beyond Two Souls dans la catégorie film. :)