BioShock Infinite
7.5
BioShock Infinite

Jeu de Irrational Games et 2K Games (2013Xbox 360)

Ramenez la fille, et nous effacerons la dette ...

Dire que j'attendais Bioshock Infinite est un euphémisme, annoncé en grandes pompes il y à de cela 3 ans, repoussé plusieurs fois, en y ajoutant un développement chaotique, quoiqu'il en soit le premier trailer faisait déjà saliver n'importe quel fan avec ces promesses d'exploration de la cité céleste de Columbia, un grand écart par rapport aux profondeurs abyssales dans lesquelles nous avait emmené la cité de Rapture quand on y repense. L'ambiance oppressante y était omniprésente (enfin surtout dans le premier Bioshock), or Columbia et son environnement à ciel ouvert nous permettait d'envisager une exploration encore plus vaste, prouesse qu'avait réalisé le premier Bioshock avec des phases d'explorations rondement menées dans un univers (Une cité sous-marine en l'occurrence) qui laissait penser à un relatif cloisonnement, tout comme ce nouvel environnement faisait s'inquiéter les fans de la perte de l'aspect "survival" qui faisait tout le charme de la licence, malheureusement sacrifiée à mon goût dans le deuxième opus sur l'autel de l'action.

Ce qui fascine avec l'univers Bioshock, que l'on doit au génial Ken Levine (qui cela dit n'avait pas travailler sur le 2), c'est la capacité qu'il à de mélanger les codes et les références tant historiques que culturels, appliquer dans des décors plutôt invraisemblables, donnant à l'écran de splendides uchronies. Dans le cas de Infinite, qui irait imaginer qu'au début des années 1900 on aurait pu inventer une cité volante alors qu'a notre époque même dans nos rêves les plus fou, cela serait quasi-impossible. Ces codes et références auxquels je fais allusions sont nombreux, dans le premier Bioshock, en plus de la musique et des décors tout droit sorties des années 50, il s'agissait de la Guerre froide qui était évoquée à travers l'illusion de Rapture par son créateur Andrew Ryan, voulant fuir le conflit idéologique de cette époque en créant un lieu utopique, ou tout êtres humains se dévoueraient corps et âme à la science et pourrait vivre hors de toute idéologie du monde terrestre (Communisme/Libéralisme).
Dans Bioshock Infinite, l'action se déroule en 1912, ce qui choque au premier abord c'est comment est retranscrit d'une manière irréprochable certains pans de l'histoire des Etats-Unis, que ce soit le racisme anti-noir ou la propagande religieuse et politique, dans ce qui ressemble à une parodie d'un leader fou du parti Républicain à travers le tenant de la cité, Comstock, prétendant parler à Dieu et lire l'avenir pour mieux diriger son peuple docile. Columbia est comme Rapture, une métaphore de la société Américaine à diverses époques, tout en étant une dénonciation d'une forme de dictature par l'idéologie, incarnée par des leaders (Ryan/Comstock) devenus des tyrans de leurs ambitions.

La configuration de Columbia apporte un nouvel élément de gameplay important au jeu que sont les "Skylines", de nombreux rails aériens relient en effet des bâtiments ou des endroits à d'autres dans la cité, cet outil vous permettra de les employés afin de changer de lieu, mais ils modifient aussi considérablement la donne des combats. Les environnements sont pensés désormais sur plusieurs niveaux, l'affrontement n'est plus uniquement dans des longs couloirs ou des salles relativement fermées comme à Rapture, mais ils vous demanderont d'aller chercher vos ennemis postés en haut d'immeubles ou de tours, ou qui se situent à l'opposé de vous, les décors sont plus ouverts et exigent l'emploi des Skylines afin de vous permettre de rejoindre des ennemis vous attaquant à distance, voir d'en exécuter à coup d'assauts aériens. Les combats gagnent en dynamisme grâce à ce mécanisme vous permettant de changer régulièrement de position et de vous adapter au placement des ennemis (en cas d'attaques à distance, vous pourrez vous placez en hauteur en empruntant une Skyline afin d'utiliser le sniper, où vous éloignez des ennemis au sol en cas de difficultés).

L'autre nouveauté est la présence d'Elisabeth, en plus d'être une charmante compagnie, le duo qu'elle forme avec le héros est réellement attachant, que ce soit dans ces doutes ou ces peurs, Elisabeth apporte une profondeur émotionnelle qui transcende le joueur, je ne peux m'empêcher de penser à " La belle et la bête " en repensant à sa relation avec Songbird, immense oiseau mécanique gardien de la cité.
Cette sensibilité s'ajoute au caractère plutôt introverti de votre personnage, Booker Dewitt, au passé mystérieux dont il n'ose guère en parler, ces motivations n'ont finalement rien de celles d'un héros classique, la dette qu'il doit payer et sa seule et unique raison de vivre, mais il apprendra à évoluer comme le joueur au fur et à mesure du temps qu'il va passer avec Elisabeth, qui va faire impliquer de plus en plus Booker et le joueur dans son combat contre Comstock.
En effet, contrairement aux héros des deux premiers Bioshock, Infinite nous fait vivre les espérances, comme les déceptions, des personnages principaux, tout d'abord parce qu'ils sont doués de paroles à l'opposé de leurs prédécesseur, mais aussi par leurs histoires, qui implique le joueur de manière directe, car le héros du premier Bioshock, de par son mutisme et le fait qu'il était seul, plaçait le joueur dans une position reculée par rapport à son personnage, en donnant des émotions et des paroles à nos deux héros, les développeurs ont souhaités impliquer le joueur directement dans l'expérience de jeu, et c'est une totale réussite !

Le reproche qu'on pourrait faire au jeu par rapport aux deux précédents opus, c'est que l'on perd énormément en phase d'exploration, seul le début et la fin du jeu vous permettent une réelle liberté de mouvement dans Columbia, enfin le nouveau système de plasmides n'offre pas de réelle nouveautés tant les pouvoirs restent assez semblables à ceux offerts dans les précédents opus, excepté quelques un comme le Bouclier, la nuée de corbeaux, ou le Bélier, le reste sent clairement le déjà vu ou ne sont pas d'une utilité grandiose. Mais là ou Bioshock Infinite parvient à nous émerveiller, c'est dans sa direction artistique, les décors rayonnent de beauté, toute l'histoire de Columbia transpire dans des environnements Steampunk toujours aussi réussis, rarement j'ai vu un jeu accordant un soin aussi incroyable au détail, les décors servent tant l'immersion qu'à développer un background profond, enrichi par les classiques enregistrements sonores à retrouver ou les kinétoscopes nous comptant l'histoire de la cité, autant d'éléments invitant le joueur à prendre connaissance de l'environnement dans lequel il évolue en intégrant des informations que le scénario ne lui donne pas toujours.

Enfin l'histoire du jeu, réellement le sujet qui transfigure ce Bioshock, et qui l'élève peut-être même au-delà de l'opus originel, saura vous coller une claque par sa conclusion inattendue et qui fera fourmiller dans votre esprit de multiples interprétations, un twist absolument génial que beaucoup de grands films peuvent lui envier. Mais ce qui frappe c'est la cohérence de cette fin avec l'ensemble de l'univers du jeu, depuis le début de l'histoire, à travers les supports audio entre autres, la thématique de la physique quantique est abordée en long et en travers, ceux qui auront eu la patience et l'esprit de bien explorer le jeu seront à même d'obtenir des premiers éléments de réponse sur le background scénaristiques de l'oeuvre. Ce n'est pas tellement le fait que la physique quantique soit présente dans le scénario qui est révolutionnaire, Infinite n'est pas un pionnier en la matière, mais la manière dont est amenée la chute du scénario, couplée à une mise en scène et une bande-son fabuleuse !

Bioshock Infinite est une œuvre rare, linéaire et d'avantage orienté action encore que les deux premiers, il se transcende grâce à son scénario prenant et son final renversant, un gameplay plus habile et nerveux, et un univers au level design atteignant des sommets de beauté et de détails, l'univers initié par Ken Levine atteint ici son apogée, il approfondit au maximum les codes et thématiques du premier Bioshock, tout en y apportant un impact émotionnelle fort sur le joueur à travers la relation entre Booker et Elisabeth.
FullMetalCynical
10

Créée

le 18 août 2013

Critique lue 496 fois

4 j'aime

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