BioShock Infinite
7.5
BioShock Infinite

Jeu de Irrational Games et 2K Games (2013PC)

Compte tenu de toutes les critiques élogieuses qui fourmillent sur le net, je vais grossièrement axer ma critique sur les points négatifs de Bioshock Infinite en comparant ce dernier aux précédents opus.


Le grand problème de Bioshock Infinite c'est qu'il use des même ressors que ses grand frères en y apportant des nouveautés artificielles venues d'on ne sait où. Les références aux milieux sectaires et modèles totalitaires et fascistes sont amenées de façon très grossière avec tout ce que cela implique ; culte de la personnalité, ségrégation verticale, racisme, oppression d’un peuple en faveur d’une minorité privilégiée, présence d’une société oligarchique… Rien n’est oublié, rien n’est inventé. Cela fait plusieurs siècle que la littérature anglaise, américaine et française – soyons un peu chauvins – a déjà plantée les bases et caractéristiques d’une société dystopique. Ainsi, Bioshock Infinite repose sur un univers déjà solidement ancré sans y ajouter quoi que ce soit. D’Asimov à Levine en passant par Barjavel, le contexte socio-politique de Bioshock Infinite pioche allégrement dans toutes ces œuvres déjà vieilles de quelques décennies.
Cela dit, on ne peut lui enlever la seule bonne idée présente dans cet univers, son appellation. Columbia est un « New Eden », la ville est dirigée par son « Prophet ». Se situant dans les airs, la symbolique est très forte. Le rapport à la religion est un des rares bons éléments qui mérite d’être souligné. En effet, cela ouvre une réflexion sur l’homme et sa possibilité de rédemption. Le mal est-il intrinsèque à sa nature, une condition sine qua non à son existence ? Columbia qui s’est élevée dans les nuages pour offrir un « News Heaven » à ses habitants, mais les problèmes qui rongent la citée sont les mêmes qui engendrent les guerres sur la terre ferme. Cette notion de lutte contre l’oppresseur et pour la liberté traverse toute l’œuvre d’Infinite mais sans jamais être réellement approfondie c’est bien dommage. Ce rapport au divin explique également la présence des machines et des plasmides, deux éléments pour se rapprocher de l’œuvre divine ; la création de la vie, et les pouvoirs divins. Alors que la thématique présente dans Infinite pourrait être très intéressante, 2K games a préféré coupé court à l’aspect contemplatif qui aurait pourtant eu sa place dans une telle œuvre. L’exploration y est réduite à son plus bref aspect, de sorte ce que l’on ne puisse pas se rendre compte de l’étouffante linéarité.
Malheureusement on tombe très vite dans la surenchère de clichés facile que l'on retrouve dans toute cette littérature susnommée que j'aime tant. J'en suis le premier déçu. Fort heureusement la fin rehausse l'ensemble, le passage chez Comstock est en tout point excellent, on retrouve enfin au bout de 10 heures de jeu, un univers travaillé qui sort de l'ordinaire avec de bonnes idées, je pense particulièrement aux pantins et au travail sur l'environnement qui est plus fin, sombre et détaillé.
Le twist final est relativement bien amené, de sortes à sublimer certains détails tout au long du jeu mais ça relève plus d'une pirouette narrative que d'un réel effort scénaristique. Le début du jeu est excellent, théologique à souhait, je pensais découvrir un jeu avec une ambiance aussi fouillé et prenante que les premiers opus.


Quant aux personnages, ils sont peu intéressants et aussi charismatique qu’une huître. Nous n’avons que très peu d’informations sur leurs motivations si ce n’est des éléments stéréotypés au possible qui font de tous les personnes de Bioshock Infinite ou presque, des êtres archétypaux sans profondeur. Presque car les deux physiciens qui interviennent par moment sont énigmatique et suscite un certain intérêt de notre part. Quant à Elisabeth, c’est un personnage intéressant qui aurait mérité un réel approfondissement de son histoire et de sa personnalité. Au final, même en trouvant tous les enregistrements audio, on sait très peu de chose de cette jeune femme peu communicative qui l'ouvrira parfois pour énoncer une banalité ou bien pour aiguiller le héro dans la bonne direction. Les personnages principaux sont loin d’être aussi charismatique qu’Andrew Ryan ou que le Dr Tenenbaum.
Autre point noir, Le système d'amélioration d'arme a considérablement perdu de son intérêt. La perte des ajouts visuels est un élément que je regrette profondément. Sans compter le fait que les postes d'amélioration fonctionnent avec de l'argent que l'on a à foison, et s'il nous en manque, aucun problème, Elisabeth est là.
Ce qui m'amène à un autre gros point négatif du jeu. Il a lui aussi subit les foudres de la casualisation. Le jeu en difficile se révèle d'une facilité déconcertante. Même en ayant désactivé toutes les aides et options, on ne peut éviter les "conseils" de cette chère et tendre Elisabeth lorsque l'on met trop longtemps à se diriger vers l'objectif. Un manque de vie ou d'adam ? Aucun problème, Elisabeth est là. Un léger souci d'orientation ? Il suffit d'appuyer sur une touche/flèche pour avoir une belle flèche qui s'affiche à l'écran. D'aucuns me répondront qu'il existe un mode 1999. Soit, mais est-il normal d'avoir toutes ces aides en difficile ? Je m'en serais bien passé.


Au final, Bioshock Infinite est un jeu bourré de bonnes idées mais qui sont toutes sous-exploitées. Non ce n’est pas un mauvais jeu mais il n’est pas à la hauteur des précédents opus. La raison en est simple, Ils proposaient un background unique, une maturité parfois malsaine, une direction artistique étonnante doublée d’un excellent travail sonore. Ils portaient une réflexion sur l’éthique et la liberté créatrice qui a été beaucoup plus travaillé que dans Infinite qui se contente du minimum en jetant de la poudre aux yeux des néophytes qui découvrent le genre. 2K games vous ne m’avez pas trompé, mais vous m’avez déçu.

Atomka
7
Écrit par

Créée

le 4 avr. 2013

Critique lue 375 fois

Atomka

Écrit par

Critique lue 375 fois

D'autres avis sur BioShock Infinite

BioShock Infinite
Prodigy
9

Critique de BioShock Infinite par Prodigy

MICRO SPOILERS MAIS SPOILERS QUAND MEME. Ne pas lire si vous n'avez pas fini le jeu. Bon, 24 heures après l'avoir fini, après moult cogitationnements, j'ose le 9. Culotté, le mec. Pourtant, je...

le 9 avr. 2013

91 j'aime

9

BioShock Infinite
facaw
9

Confessions d'un "fanboy"

Non, Votre Honneur au risque de vous décevoir, je ne suis pas un de ces illuminés qui hurlait au prochain "GOTY" ni au messie suite à l'annonce du jeu. Pas même après le visionnage de trailers où...

le 7 avr. 2013

83 j'aime

14

BioShock Infinite
ThoRCX
8

Une porte vers un autre monde

Exit Rapture, nous voilà à Columbia, une ville flottante de 1912 sous un soleil brillant. Ce changement de contexte peut être déroutant à priori pour ceux qui ont connu la ville sous-marine, mais au...

le 31 mars 2013

61 j'aime

7

Du même critique

Guild Wars 2
Atomka
4

N'a de Guild Wars que le nom

Avant de commencer une énième tribune contre cet enfant salaud qui n’a de Guild Wars que le nom, je tiens à rappeler le fait que le jeu que nous adorions tant était – ou est toujours, pour les plus...

le 9 sept. 2014

4 j'aime

3

Le monde parfait
Atomka
8

Je consomme donc je suis

Il n’est pas rare de croiser en périphérie d’une ville l’une de ces structures gargantuesques qui renferme magasins par dizaines et vagabonds par milliers. Pendant une année durant, Patric Jean a...

le 27 janv. 2021

3 j'aime

Cold Fish
Atomka
7

Rouge le poisson, rouge vif

Sion sono est une personne étrange et très certainement dérangé à qui il manque sans conteste deux ou trois cases. Loué soit notre bon seigneur d’avoir omis de lui donner un esprit saint doté de...

le 10 févr. 2016

2 j'aime