BioShock Infinite par Erw
SPOILER ALERT.
Putain, putain, putain !
Tout était PARFAIT. Oui, vous m'entendez bien, parfait. Cela signifie que s'il fallait convertir toutes mes impressions et émotions pendant les 3/4 du jeu en une note un peu fade, mais expéditive, cela aurait été 10. Clairement.
La narration est un modèle, jamais on nous lâche, l'histoire, les personnages, tout donne l'impression d'avancer à chaque pas, avec son lot de mystères qui nous donne envie d'aller plus loin.
La direction artistique ! Je crois que ce n'est même pas la peine d'insister là-dessus. Vous savez, j'ai pris tellement mon pied à me balader tranquillement parmi les gens, à contempler le paysage, la ville, à glaner dans les échoppes que j'en redoutais le moment où tout allait basculer en mode FPS. Là j'ai compris pourquoi Myst 4 était sûrement un de mes jeux préférés.
La NanaQuiEstLàPourT'OuvrirLesPortes© qui est quand même le personnage que je redoutais le plus, eh bien non, elle est utile, attachante et bien plus profonde que je ne pouvais l'espérer. Je me suis même surpris à regarder derrière moi pour voir si elle était bien là alors que bon, elle est increvable et programmée pour nous suivre.
Les combats, bon dieu ! LE truc qui a failli me faire décrocher de Bioshock 1, où tout était brouillon, où je n'arrivais jamais à gérer les munitions/armes/plasmides, et me retrouvais à chaque fois avec ce putain d'appareil photo au lieu de mon shotgun, (les plus taquins d'entre vous diront que je suis une grosse buse, ce qui n'est pas fondamentalement faux.). Et bien non, étrangement, tout se passait mieux, l'ajout du bouclier permet de ne pas mourir comme un con à cause d'une balle perdue quand il ne te reste plus de vie et que t'es caché. Les deux armes réglementaires maximum qui peut en offusquer certain a permis d'ajouter de la clarté de de ne pas se perdre dans un méga arsenal. Enfin bref, même ÇA, ça allait !
Le seul truc qui m'attristait, c'était de ne pas voir les personnages des Lutece un peu plus développés, parce que quand même, cette froideur ironique...
Puis crack badaboum, la fin. Tellement mal intégrée au reste, tellement brouillonne, tellement «passe-partout». Sorte de développement foireux sur la théorie d'Everett préparée pourtant soigneusement depuis le début sans même que je fasse attention, le personnage principal héritant du nom du physicien Bryce DeWitt en premier lieu, et le personnage secondaire celui de la fille d'Everett, Elizabeth. Le problème principal n'étant évidemment pas scientifique (Ken Levine a dû lire un Science et Avenir-like traitant de l'interprétation des mondes multiples/du chat de Schrödinger et a dû se dire "cool, je pourrais en faire une histoire". Basta. Ok.), mais juste que ça a tué la narration, d'un coup, paf. Tout est possible, alors du coup je peux faire toutes les fins possibles, et en plus je justifie chacune d'entre elle par une même raison.
Voilà, cette fin, c'est un Deus Ex Machina où le Deus est le Dieu de Spinoza, infini, qui est présent en tout et enveloppe tout. Ici, je fais une fin où le Comstock = Booker dans un autre monde = le père d'Elizabeth . Mais j'aurais très bien pu faire une fin où en fait Elizabeth est la mère de Comstock dans le monde A qui a été tué par Booker il y a longtemps dans le monde W et qui revient se venger dans le monde YXI, ou alors fuck Elizabeth c'est la soeur de Booker qui est le frère fou de Comstock dans un autre monde, enfin je sais pas, c'est possible parce que TOUT EST POSSIBLE. C'est une machine à twist illimitée.
Mais le pire, c'est qu'on ne comprend même pas très bien à quel twist on a affaire. Le jeu nous vomi des trucs, on nous ramène à Rapture, on nous ramène au phare, à une scène après Wounded Knee, au phare encore, à la même scène que tout à l'heure. Je comprends rien et j'ai la nausée. Et puis je me fais noyer par 10 Elizabeth en même temps.
Le pire c'est qu'avec un certain recul et une petite recherche d'explication annexe, le scénar, même si abracabrantesque, reste sympathique. Cependant il aurait vraiment mérité une fin plus claire et un peu moins pompeuse.
Bref, quel gâchis les amis, quel gâchis.