Seth/10

Mars 2020, l’annonce d’un nintendo mini direct me sort de la torpeur du confinement. Ce que j’y vois m’enchante clairement : un remaster de xenoblade chronicles qui sort en Mai ? Banco. Une démo de The legend of heroes : trails of cold steel 3 ? Banco. Une démo de Bravely Default 2 ? J’ai essayé et abandonné au bout d’à peine une heure. Et inlassablement, j’ai recommencé ce cycle d’essayer de faire cette démo, puis la lâcher, et même lors de la démo finale, j’ai eu un peu de mal à m’y faire.

Cette année 2021 étant désespérément vide en sorties JV, j’ai fini par me tourner vers Bravely Default 2… Par défaut, sans mauvais jeu de mots. Ayant trouvé le jeu en occasion, j’ai mis une trentaine d’euros et j’ai fini par finir le jeu en environ 44 heures en un mois et demi de jeu. Mon avis sur le jeu a évolué. Je suis parti d’un avis ferme et tranché, d’un refus catégorique d’y jouer, à finir par me laisser tenter, faute de sorties intéressantes sur switch cette année.

Au début de ma partie, je pensais sincèrement mettre 6 à Bravely Default 2, et finalement, je vous livre mon avis définitif sur ce jeu en lui mettant un 7. Nous allons voir en quoi j’ai un peu sous estimé le jeu, et nous verrons également pourquoi malgré ce rehaussement de la note, je signe et persiste à trouver Bravely Default 2 surcoté et beaucoup trop encensé par les notes de la presse spécialisée.

1) Retour en 1992

Bravely Default 2 est littéralement une sorte de réadaptation moderne, avec quelques changements propres à l’univers BD ( les fées), du scénario de Final Fantasy V, dont il épouse le scénario, la structure et même le système de Jobs ! Nous avons donc Seth, le héros principal, un héros sans charisme, nice guy au possible, qui va rencontrer la non moins peu charismatique ( même si son character design est cool) Princesse Gloria, dont le royaume Musa a été détruit. Ils rencontrent un magicien, le facétieux Elvis, déjà un poil plus « mémorable » ; et la mercenaire Adèle, qui est clairement le meilleur personnage de ce jeu, en terme de character design, et en terme de ce qu’elle a apporter dans le scénario.

Ces 4 braves personnages stéréotypés et clichés du JRPG des années 90 ( bon ils font déjà mieux qu’un certain Dragon Quest XI) vont donc etre choisis comme héros de la lumière, défendeurs des 4 cristaux éparpillés dans le monde, qu’ils vont devoir récupérer en affrontant les méchants de l’empire d’Holograd qui veut, surprise surprise, conquérir le monde, comme c’est original !

Bon clairement, le scénario est pas terrible. Cependant, il connaît parfois quelques fulgurances scénaristiques, et j’insiste, le chapitre 3 de ce jeu est excellent. J’avais l’impression d’être dans un épisode de Game of Thrones. De temps, il y a quelques twists, ou quelques orientations un peu dark qui font que l’univers qui vous est présenté, est moins enfantin qu’il n’y paraît.

Cela n’excuse pas le fait d’avoir par moments des scènes clichées, des moments deus ex machina ultra mal fichues qui viennent flinguer un peu le storytelling. Certains méchants sont intéressants, et mal exploités, et d’autres sont inintéressants, et trop exploités.

La palme d’or revenant au chapitre 6 et 7, des chapitres bonus supplémentaires qu’il faudra vous taper pour voir la normal ending et la good ending, le jeu se finissant au chapitre 5 en « bad ending ». J’expliquerai pourquoi dans la suite de mon test, je me suis contenté de la fin par défaut de Bravely Default 2.

2) Un gameplay… mitigé ?

Le gameplay de BD 2 est un pur retour en arrière en terme de JRPG. Qui néanmoins, a su proposer des choses pour apporter du confort de jeu… qu’il n’y avait pas en 1992, c’est clairement pour ça que je n’ai jamais fini Final Fantasy 5. BD 2 propose de nombreux points de sauvegarde dans les donjons, où l’on peut se reposer avec une tente. BD 2 propose également des points pour se téléporter dans les donjons, c’est cool, ça évite de tout se retaper. Le jeu propose également des combats non aléatoires. Les monstres se baladent librement sur la map, vous pouvez les attaquer ou non. Si vous êtes à un level plus haut, ils vous fuiront.

Des objets bonus sont trouvables, via des quêtes secondaires ou via le système d’expédition quand vous mettez votre switch en veille, qui permettent d’augmenter l’XP ou les PC ( points de compétences) voir de booster vos statistiques. La quête des jobs est intégrée au scénario, à chaque fois que vous battez un boss, vous récupérez son job. Vous montez les jobs via les PC jusqu’au niveau 12 , vous pouvez avoir un job principal et secondaire, vous avez des compétences actives et passives. Rien de nouveau sous le soleil depuis FF 5, et néanmoins c’est efficace.

Toutes les classes ne se valent pas. Certaines sont très intéressantes ( Batailleur, fantôme…) voir vitales et indispensables pour finir le jeu ( Mage blanc, mage rouge…). Donc il faudra… Farmer. Et quand je dis farmer, c’est farmer. Le farm est horrible dans ce jeu. J’en ai bavé pendant les 20 premières heures de jeu. C’est pas facultatif, c’est impératif. Vous ne farmez pas, vous n’avancerez pas. Le jeu vous force constamment à farmer, parce que je trouve que le système de levelling, est mal équilibré. Il y a une technique qui permet de farmer plus facilement et rapidement, et c’est quand même très fastidieux.

Alors bien sur vous pouvez baisser la difficulté, ce que j’ai fait une fois ou deux dans le jeu contre des boss, et même parfois, ce n’est pas suffisant. La stratégie en elle seule ne sera pas toujours suffisante pour avancer dans le jeu, tenez le pour dit. Il faudra farmer, et l’idée de me taper des donjons level 60-70 pour le chapitre 6 voir level 80 pour le chapitre 7, j’ai décidé qu’il était grand temps de mettre les voiles. Je m’arrête à la bad ending, c’est pas comme si j’en avais quelque chose à foutre des personnages, hein, n’est pas Aerith qui veut.

N’empêche que, au bout de 20 heures de jeu, malgré la difficulté ultra injuste et dégueulasse au possible, stratégiquement le jeu est bon. J’ai fait fonctionner mes neurones, j’avais des roles pré établis, Seth et Adèle, ils sont bons en tant qu’attaquants, alors que Elvis était mon magicien, et Gloria ma soigneuse.

Le système BD, qui vous permet de soit vous « Défendre », et de gagner un tour d’attaque, soit d’attaquer « Bravement » en utilisant ce système d’attaque, plusieurs fois de suite. Grosso modo, ça permet de prendre l’avantage dans des situations critiques, et cela peut se retourner contre vous, car vous pouvez avoir un « crédit » de – 3 BD, sauf qu’il faut rembourser, et votre personnage ne pourra pas attaquer pendant 3 tours.

3) Techniquement j’ai connu plus « Brave » sur switch

Bon, le jeu tourne sous Unreal Engine. Un mélange de modèle 3D franchement dégueulasses par moment, avec des décors illustrés. La direction artistique est particulière. J’ai mis du temps à m’y retrouver. Certains décors arrivent à avoir un cachet, d’autres sont clairement pas terribles. Le jeu rame parfois dans certaines zones. Franchement on dirait un jeu mobile par moment.

Quand je pense que Xenoblade 2 se faisait défoncer sur sa résolution et ses graphismes à l’époque des tests, alors que BD 2, bizarrement, le coté technique on en parle pas, ou du moins, pas assez. Parce que l'on considère que comme c’est un JRPG à l’époque,c’est pas grave si c’est moche. Je suis désolé, Octopath Traveler est clairement plus beau que ce jeu.

Petite déception sur le monde de Bravely Default 2, qui n’est pas si grand que ça. On a la ville du désert, la ville de la foret, la ville de la neige, la ville de l’empire, la ville du départ, et le donjon de fin. Voilà c’est tout. Alors bien sur j’imagine que le chapitre 6 et 7 optionnels débloquent de nouveaux environnements, mais c’est un peu light quand même, surtout après avoir joué à Xenoblade.

l’OST ? Clairement pas si terrible que ça. Quelques thème sympathiques, celui des donjons notamment, mais rien de transcendant. Pire le thème de la world map, est le même tout le temps, il est juste joué différemment selon les régions. C’était peut être acceptable en 1992, on est en 2021, il faudra peut être évoluer un peu.

Conclusion

Bravely Default 2 est un jeu qui est resté coincé en 1992. De manière volontaire. Il n’apporte strictement rien au monde du JRPG. Cependant, il a dépoussiéré le JRPG FF 5 pour le mettre à peu près dans les standards 2021, et c’est partiellement réussi, parce que je suis allé au bout. BD 2 est clairement mon FF 5 de substitution.

Le jeu, que j’ai acheté purement par défaut, a réussi à me montrer qu’il en avait plus sous le capot que je ne le pensais, et en ça, je le dis, Bravely Default 2 est un bon JRPG, et le meilleur de l’année sur switch ( faut pas déconner, y a quand meme Tales of Arise en Septembre). Cependant pas de quoi crier au génie, pas de quoi dire que c'est le meilleur JRPG jamais sorti sur switch.

C’est faux. **Xenoblade 2 atomise Bravely Default 2 **. Et Xenoblade 2 a fait avancer le JRPG, alors que BD 2 reste dans sa zone de confort, figé en 1992. Je suis le premier à regretter la période 1997-2001, de Final Fantasy VII à Final Fantasy X. Bravely Default 2 m’a frustré comme jamais je n’ai été frustré en jouant à la somme de ces 4 jeux.

Il y a peut être un problème à proposer ce JRPG ultra hardcore avec une structure pour débloquer la normal et true ending qui implique de farmer encore plus que pour faire la fin de base, en faisant des quêtes annexes dont on a rien à faire, pour des personnages qui sont pas non plus ultra mémorables. Je veux dire sérieusement, vous allez vous souvenir de Seth, Elvis, Adèle et Gloria dans 10 ans ?

C’est un JRPG honorable, c’est le seul qui sort cette année sur switch, donc si vous aimez perdre 44 heures minimum de votre vie dont plus d’un tiers à farmer pour espérer passer ce boss qui vous empêche d’avancer dans un scénario convenu et cliché avec des personnages avec relativement peu de consistance, alors ce jeu est fait pour vous… A défaut de mieux pour le moment.