Die Young
6.2
Die Young

Jeu de IndieGala (2019PC)

Ce jeu en monde ouvert pourrait paraître loin des standards AAA sur plein d'aspects en se fiant de prime abord aux photos et trailer dégueux présents sur Steam, le faisant passer pour l'une des milliards d'arnaques violentes des tréfonds de la plateforme de Valve. Pourtant il surpasse la très grande majorité des jeux d'action-aventure sortis jusqu'à aujourd'hui et j'avoue rester sur le cul depuis que je l'ai terminé.

Je l'ai senti dès le prologue (différant quelque peu du jeu lui-même niveau gameplay), chimère modeste mélange de Dying Light et Ground Zeroes qui, à défaut d'impressionner par son IA chaotique (vraiment), a au moins le mérite de poser un début de scénar, quelques règles de jeu et de présenter le bestiaire en une heure et demi à peine. Puis on ouvre le jeu principal et on se retrouve sur une île baignée de soleil qu'on comprend vite pouvoir visiter à sa guise de long en large, ou presque. Il ne faut d'ailleurs pas se fier aux tags de Steam rapprochant le jeu de The Forest et consort car il N'EST PAS un survival. C'est un jeu d'aventure dans le sens strict rappelant tour à tour Dying Light pour le body awareness, la plateforme, l'aspect horrifique et l'inventaire, certains metroidvania(s ?) et les derniers Tomb Raider pour la progression dans l'aventure. Plus étonnant, on trouve quelques passages commençant à fleurer l'immersive sim voire un rapprochement à The Witness pour la construction de la map et de ces points d'intérêt dans un environnement si ensoleillé, blindé de ruines et déserté par l'humain qu'il en devient inquiétant. Et puis c'est essentiellement un jeu d'exploration assez lent aux points de fast travel pas si fastoches à trouver, ce qui déplaira à coup sûr aux moins patient.e.s d'entre nous. D'autant que le jeu propose bien des cartes de l'île mais elles sont simplistes et quasi inutilisables car centrées sur l'héroïne et les 200m autour d'elle, avec impossibilité de dézoomer et d'avoir une vue d'ensemble de la map. Ceci oblige à une gymnastique que j'ai personnellement trouvée vraiment chouette (c'est le point fort du jeu selon moi), à savoir se créer une carte mentale des lieux au fur et à mesure des découvertes : j'ai pourtant 15 ou 20 heures de jeu dans les pattes mais je pourrais presque vous dessiner DANS L'ORDRE mon voyage et ma découverte de l'île. C'est une map que je n'oublierai probablement jamais, à la construction et au level design passés pas loin du coup de génie.

Dans les choses qui coincent on note une IA qui ne risque pas de passer son certificat d'études, un cul entre plusieurs chaises, le jeu ne faisant jamais le choix du combat (quasi aucun dans les trois premiers quarts du jeu) ni de l'infiltration (à part se cacher dans les hautes herbes) ni de l'enquête (les documents à trouver pour avancer sont cependant disposés de façon assez maligne... enfin parfois), quelques rages à prévoir au niveau des sauts, un ou deux moments où il est très difficile de savoir où et ce que l'on cherche pour progresser, un bestiaire et des ennemis basiques notamment dans leurs designs (quand bien même je garderai longtemps cette image de grands chiens noirs et menaçants errant sous un soleil de plomb) et un niveau de tension en grande baisse passé la moitié de l'aventure une fois le gameplay maîtrisé, quand bien même je ne doute pas que ceci était voulu par les dév, sans spoiler.

Je vais m'arrêter là car j'ai peur d'en dire trop sur un jeu atypique qui mérite d'être parcouru et découvert seul.e, sans aide, au rythme de ses petites fulgurances qui intriguent et poussent à l'enquête. Je dirais seulement que la narration, le scénar, la musique, simples et sans prise de tête, me rappellent les meilleurs films que l'on nomme parfois maladroitement "de genre". Vous savez, ces films qu'il est impossible de faire entrer dans des cases tant ils cumulent, parfois à l'excès, les influences et les idées neuves, créant des moments géniaux entourés de silences et de flottements. Dans Die Young, rien de jamais vraiment raté ; peut-être quelques errances typiques des AA ambitieux. A noter que le développement a du commencer vers 2015 pour une pré-alpha publique à 10 balles début 2017 (fournie parfois gratuitement, mettant les pieds dans le plat pour éviter le plus sainement possible le piratage) et une sortie fin 2019 avec un suivi équilibré et empirique que les premier.es joueureuses semblent saluer. Je me trompe peut-être mais j'ai dans l'idée que le projet a du commencer un peu comme une blague entre potes qui se sont découverts en quelques semaines un talent pour le level design. En tout cas le jeu dégage une certaine franchise et transpire l'envie de bien faire, pour un prix dépassant rarement les 15 boules. Pour ma pomme, une des meilleures surprises de l'action-aventure-explo depuis longtemps et des qualités de construction de map qui, si le jeu avait été plus souvent recommandé, serait reconnu comme un des plus aboutis des mondes ouverts au vu de la taille de l'équip de dév.

N.B : la violence est bien présente dans le jeu bien que sporadique vu le rythme lent de l'exploration. Les corps et restes humains ne sont pas assez réalistes pour déranger mais l'assassinat parfois à répétition de chèvres, de renards et de chiens notamment pour le craft risque de heurter la sensibilité de quelques un.es, fallait que je prévienne.

phulos
7
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le 26 juil. 2023

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