Doki Doki Literature Club, si ce n'est que la pâle réplique galvaudée du brillantissime Sanglot des Cigales, là où le jeu nous expédie vers une histoire mièvre et anecdotique au gré d'une scène d'exposition rallongée des heures afin d'en résulter une déconstruction et subversion des codes conventionnels de son propre média qui n'est autre que les eroge et les dating sim. Pour une intention hautement louable et si ingénieusement cogitée, le jeu se casse le nez par des moyens qui se révélent propices mais désespérément cuisants.


De prime abord, ce VN embringue le joueur entre autres le protagoniste dans un club de littérature, contraint par sa camarade d'enfance à y intégrer. Il fera connaissance de personnages parfaitement archétypaux, digne d'un dating sim engrangeant un harem au libertinage ratatiné. Sayuri l'amie d'enfance qui en pince secrètement pour le protagoniste et qui d'habitude se montre gaie et joviale, bon vivant et railleuse. Natsuki la tsundere excentrique et exubérante, aux remarques désobligeantes et hargneuses et aux avis divergents à celui de Yuri, la fille réservée et effacée qui se montre un tant soi même plus lyrique et émotive que le reste des filles. Et enfin Monika, la fille parfaite et populaire auprès de tout le monde, subjuguant n'importe qui face à son charme irrésistible.


Le système de jeu incombé par le joueur se complexifie plus qu'on ne le croit pour un simple VN. En effet, le jeu transpose un système de poème pullulant un nombre de mots tous créant un constraste entre eux, caractérisant la personnalité de tel ou autre personnage du harem. L'algorithme de ce système déterminera ainsi vers quel personnage le joueur tend pour enfin en faire un dérapage direct vers sa route. Pour citer des exemples : certains mots cataloguent la personnalité exotique et utopiste de Yuri, ou encore que Natsuki soit une personne qui favorise tout poème laconique et terre-à-terre, le côté empoté et impulsif de Sayuri prend le dessus dans ses mots. Peu importe la route optée, tout ceci ne prendra aucune espèce d'importance à ce qui sera tramé bien plus tard de la scène d'exposition.
Tout comme mensuré supra, le VN prend un tout autre tournant, outrepassant tout ce qui se fait d'habituel et de coutumier. Ses éléments scénaristiques et ses procédés narratifs sont légions.


De surcroît, le jeu daigne à leurrer le joueur et à l'induire en erreur en assaisonnant l'histoire des plus gros poncifs et clichés sous une facette plus inquiétante, lugubre et morbide. Ce parti pris ayant pour but de produire un effet d’esbroufe, sidérant et mitigeant le joueur devant son écran face à un changement brutal de rythme et de tempérament, et ce par la personnalité obsessionnelle de Yuri, la psychorigidité de Sayuri ainsi que la mégalomanie de Monika qui tous ont suffisamment été manœuvrés dans bien d'autres œuvres qui surexploitent ces stéréotypes sans trop s'essouffler là dessus. Sans trop s'écrier pour débagouler qu'une personne relativement virtuose comme moi dans ce domaine-là ne soit épris par ce premier attrait.


Mais le jeu ne se cantonne pas uniquement à ça, il perdure toute cette descente en enfer vertigineuse et endiablée par un florilège de brisage allègre du 4ème mur ou encore une métafiction dans la dernière fin du jeu. Sans aucune humilité bien entendu. Étant donné qu'en abuser de manière outrancière pour un simulacre de parodie ne renforce aucunement comme formule. On aurait plutôt l'impression que le jeu a recourt à des pixellages de personnages et à des répliques terrifiantes de creeps bien trop inintelligibles et sans queue ni tête. Ou encore que le jeu nous édicte un seul même choix où il faut se plier avec tout ses brusques crash. Était-ce donc cela la touche de modernisation qu'il fallait pour fignoler cette expérience ébouriffante jusqu'au bout ? Et que tant de personnes crient au génie ?


Après tant d'heures foisonnantes à instituer une ambiance infantile pour en découler un pseudo-plot twist "inopiné" a été un calvaire pour ma part où tout était prévisible d'entrée de jeu. S'ensuit une autre scène d'exposition écourtée par encore plus de screamers et de brisages de 4ème mur plus mordants au fur à mesure que Yuri ne trépasse à son tour en apothéose. Et c'est à ce moment-là que le plus intéressant était à venir : la consécration même de ce que le jeu a pu faire jusqu'ici apparemment. C'était bel et bien Monika qui tirait les ficelles tapis dans le pénombre afin d'amadouer le joueur en question pour elle seule. Et c'est dans cette tentative désespérée, jugulant tant à échapper inéluctablement à son simple sort de sprite impuissante de ces actes. Sûrement la partie la plus maîtrisée du jeu.


Cela dit, le jeu est exempté par quelques qualités. Le jeu est gratuit, de quoi arracher inutilement quelques heures d'une soirée nocturne. Et aussi pour cauchemarder le soir si on est un fragile. Les sprites sont propres et soignés, bien rose bonbon comme il le faut. Les OST pas forcément d'une qualité sonore comparable au Sanglot des Cigales ou à Katawa Shoujo mais qui convergent à la niaiserie ambulante de sa rédhibitoire scène d'exposition. Ah et le moment où Natsuki a vomi devant le cadavre de Yuri était chouette aussi.


Que convient-il donc de conclure ? Rien, sinon que vous devez absolument jouer au Sanglot des Cigales comme l'a si bien recommandé mon campère Sanfiel dans sa critique.

topzozzles
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le 31 août 2018

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