Pas pour les poulets, et encore moins pour les pigeons

Au commencement du jeu, le grand méchant tue votre seul famille (votre soeur) et vous laisse pour mort. Recueilli par un mystérieux personnage, vous grandirez et, une fois adolescent, vous vous lancerez dans une grande quête pour contrecarrer le sinistre plan de l'assassin de votre soeur...
Un scénario peu original, il est vrai, mais, comme dans le "Conan le Barbare" de John Millius, il sert de support à une oeuvre incroyable.
Sorti en octobre 2008, c'est à dire le même mois que le jeu de Bethesda "Fallout 3", "Fable 2" propose un approche très différente du rpg.
Tout d'abord, il faut parler de la personnalisation de son avatar; on peut dire que "Fable 2" a une démarche tout à fait opposée à celle des jeux Bethesda; ici, tout les joueurs commencent avec le même personnage, jeune, de taille moyenne, avec des vêtements pourris. Seul le sexe peut être décidé par le joueur.
C'est ensuite l'expérience de jeu qui modifiera ce personnage,ce qui ce fait souvent indépendamment de la volonté du joueur. Je trouve personnellement que cette approche est la meilleure; en effet, dans un jeu comme "Fallout 3" ou "Skyrim", l'avatar, crée au début de la partie, n'évoluera pas physiquement, comme s'il était un être immortel avec une peau incroyablement dure et avec un ver solitaire dans le ventre qui l'empêche de grossir. Car en effet, dans "Fable 2", la grande majorité des aliments vous font grossir, vous devez travailler, pouvez devenir un grand propriétaire (et modifier vos prix) et gérer un système de soldes/pénuries, vous vieillissez et votre peau garde la trace de vos combats. Votre apparence sera aussi influencée par votre alignement moral, qui s'opère sur deux axes; l'axe "Pur/Impur" et l'axe "Bon/maléfique". Que vous soyez Bon et Impur, ou encore Mauvais et Impur, l'apparence de votre personnage de base changera du tout au tout. L'expérience du joueur influe donc directement sur l'avatar lui-même.
Ensuite, dans ce jeu, vos actions lors des quêtes ont une réelle importance; dans Skyrim, vous pouvez bien sûr choisir entre Impériaux et Sombrages, mais cela ne changera au final que les soldats présents dans tels ou tels châteaux, et beaucoup de quêtes sont sur le fond les mêmes.
Ici, sur le long terme, vos choix auront des conséquences géographiques et changeront du tout au tout l'expérience de jeu. Prenons un exemple : à un moment du jeu, vous avez le choix, entre beaucoup d'autres, à deux quêtes secondaires ; l'une est un contrat d'assassinat grassement payé sur un fermier, et l'autre consiste à aider ce fermier à venger sa famille, avec un choix moral à la fin. Si vous prenez la seconde quête, 10 ans plus tard, la ferme s'est développée, vous permettant d'arriver à une suite de quête débouchant sur une arme légendaire (qui ne peut pas être débloquée si vous avez pris la première quête).
Tout cela offre une rejouabilité énorme au jeu.
Dans votre aventure, vous ne serez pas seul ; en plus de vos alliés et de votre famille (vous pouvez faire femme et enfant, être hétérosexuel ou homosexuel, et même créer plusieurs familles à travers le monde!), vous aurez un chien... Ce chien vous sera d'une grande utilité en vous aidant au combat ou en vous indiquant des trésors enfouis. Lui aussi évoluera par-rapport à votre alignement, vous pourrez lui mettre différents colliers, être méchant ou gentil avec lui (en lui donnant des gâteaux et en jouant à la balle avec lui par exemple). Vous attacherez progressivement à cette boule de poil qui vous suit partout, grogne à l'approche d'ennemis, baisse la queue et gémit quand il est blessé, court autour de vous quand il est content, etc...
Le jeu est fluide, les déplacements de votre personnage se font presque sans lourdeur, les interactions avec les PNJ sont faciles et agréables, le gameplay est facile à prendre en main.
Ce jeu, malgré ses qualités, à cependant quelques défauts, dont celui par exemple d'avoir des combats peut-être un petit peu répétitifs (mais cela est compensé par le fait qu'on puisse personnaliser son style de combat), les PNJ, même s'ils ont tous des goûts différents, n'ont pas, comme dans "Fallout 3" des lignes de dialogues, mais communiquent par "aboiements" (phrases dans un jeu vidéo étant dites par les PNJ et ennemis génériques dont la personnalité n'est pas développée, et étant dites de façon aléatoires). On peut aussi voir des menus un peu lourds à utiliser, et l'expérience de jeu plombée par quelques bugs.
Fable 2 est cependant une expérience de jeu unique, que je conseille à toutes les personnes lisant cette critique...