Le monastère de l'ennui

Difficile pour moi de ne pas être mitigé devant le dernier opus en date de la saga FE. Amateur de la franchise depuis bien des années, j'ai fait mes premières armes avec Fire Emblem sur GBA en compagnie d'Eliwood, Lyn et Hector. Depuis, j'ai joué à tous les opus sortis dans nos contrées jusqu'à ce dernier épisode sur Switch. Je ne suis pas un fan hardcore qui a fini tous les jeux au niveau maximum de difficulté mais j'ai une expérience correcte de la licence, et j'en ai fini certains au moins en Difficile.

FE TH est intéressant sur le papier dans sa proposition de jeu "3 en 1" puisqu'il nous permet de faire le choix entre trois voies distinctes, qui offrent chacune leur lot de missions et de personnages spécifiques.
Il me semble important dès lors de saluer l'effort et le travail fourni par les développeurs pour avoir créé autant de contenu dans cet opus : 3 voies offrant 3 aventures distinctes, avec environ 40-50 heures de jeu pour chacune d'entre elles. Tous les dialogues étant doublés, on reconnait aisément la quantité et la qualité du travail conséquentes pour concevoir cet épisode.
Concernant le gameplay en lui-même, on retrouve tout le meilleur de FE concentré dans ce dernier opus dont les possibilités énormes de personnalisation de ses héros à travers compétences, classes et armes, les mécanismes des combats, les dialogues de soutien... Ainsi que certaines nouveautés sympathiques comme les attaques "tactiques" favorisées par les synergies entre personnages et les combats contre d'énormes monstres à plusieurs barres de vie.

Là où le bat blesse, c'est tout d'abord l'aspect technique du jeu : FE n'a jamais été réputé pour cela mais certaines textures sont vraiment hideuses (et quid des arrières plans de dialogues ignobles).
Le problème majeur est celui du rythme : les phases entre deux missions principales sont bien trop longues car elles imposent des séquences insipides au "monastère", lieu clé de l'intrigue. Concrètement, il s'agira de se promener sans grand plaisir dans un environnement d'une banalité affligeante en parlant à tous ses personnages pour leur offrir des cadeaux, boire du thé avec eux, dans le but d'améliorer les niveaux de soutien. Cette idée de gameplay avait été introduite notamment avec l'épisode Fates, mais elle a désormais pris une part bien trop importante à mes yeux.
Il est possible d'éviter le monastère pour se battre sur la carte du monde contre quelques bandits ou quelques monstres dans des batailles annexes, mais la pauvreté du nombre de cartes disponibles et du niveau de ces affrontements les rend sans intérêts. Malheureusement, pour poursuivre l'histoire, que ce soit le monastère ou ces batailles ennuyeuses, on ne peut pas y couper.
Enfin, je n'ai pour le moment fini que la voie de l'Empire, et j'ai eu la désagréable impression d'avoir suivi un scénario au rabais, sous prétexte que l'intégralité de celui-ci ne peut être compris que lorsque j'aurai terminé les deux autres voies. L'histoire suit son cours, et malgré quelques surprises lors de la première partie du jeu, la seconde n'offre aucun retournement de situation et se déroule sans offrir le moindre événement marquant.

FE Three Houses offre un bon condensé des éléments de gameplay propres à la série, mais ne parvient pas à tenir en haleine le joueur alléché par l'ambition que semble sans cesse promettre le jeu, sans jamais parvenir à l'atteindre malgré un contenu dantesque.