Critique à froid...

Frostpunk est un jeu de gestion steampunk se déroulant dans un monde subissant une période glacière violente et très subite.

Vous êtes à la tête d'une expédition de réfugiés cherchant à rejoindre la ville de "Nid d'Hiver", une ville dont on n'est même pas certain de l'existence et qui contiendrait tout ce qu'il faut pour survivre au froid intense. Votre expédition tombe sur un cratère circulaire avec, en son centre, un grand four à charbon nommé "Le générateur".

C'est là que la partie commence, vous allez devoir établir une ville et envoyer une expédition à la recherche de Nid d'Hiver.
Dès le début on remarque l'importance de la température : l'interface affiche en effet un gros -20° en haut de l'écran.

Frostpunk reprend les codes de beaucoup de jeux de gestion : collecte de ressources, construction de bâtiments, arbre de recherches, contentement, etc...

Là où il se démarque beaucoup des autres jeux c'est par certains mécanismes (l'équipe d'exploration, le livre de lois...) mais aussi et surtout par la narration. Le jeu vous prend par les sentiments, toute décision implique un choix moral, voici deux exemples :

J'ai besoin de main d'oeuvre sinon je vais manquer de charbon et tout le monde va mourir de froid, je peux signer une loi permettant le travail des enfants, mais ça veut dire que des enfants risquent de se blesser au travail... ou d'y mourir.

La population est mécontente parce que je rationne la nourriture, je ne peux pas en produire d'avantage pour l'instant, je pourrais relâcher le rationnement pour leur donner du cœur à l'ouvrage mais je risque de voir arriver la famine si je n'arrive pas à produire d'avantage de nourriture.

La direction artistique est excellente et sert très bien cette narration. Les musiques sont magnifiques et finissent de fignoler l'ambiance désespérée du jeu.

Frostpunk est difficile, ceux qui aiment les défis en trouveront des tas. Finir le premier scénario en est déjà un, après, on peut se fixer soi-même des objectifs : je veux finir sans avoir recours au travail des enfants, sans avoir recours à l'amputation des malades, à l'abandon des malades les plus graves, aux doctrines les plus extrêmes, etc...

Si le mécontentement reste au maximum durant plus de 48h, la population vous destitue et vous bannit et la narration est présente jusque dans l'écran Game Over : on voit un homme marchant seul dans la neige avec le gros titre "Vous avez échoué" et pas question de répondre "Ok" ou "Recommencer", non, le bouton affiche "J'ai fait de mon mieux" et oui, putain, j'ai vraiment fait de mon mieux et c'est rageant ! Le jeu m'a battu ! Je vais lui faire voir !

Si vous réussissez, vous verrez un timelaps de votre ville se construisant depuis le premier jour jusqu'au dernier et qui se conclut sur un écran de fin dont le titre changera en fonction de ce que vous avez fait pour y arriver, pour l'instant, je n'ai pas réussi à avoir mieux que "Nous avons réussi, mais à quel prix ?"

Le jeu vous incite à recommencer et à faire mieux. Sachant qu'il est déjà très difficile de réussir même en adoptant les lois les plus radicales, je vous laisse imaginer la difficulté en restant humaniste du début à la fin.

Frostpunk est exigeant, j'ai dû échouer une bonne dizaine de fois (alors que je bouffe des jeux de gestion depuis que j'ai 15 ans) avant de finalement triompher de l'hiver en ayant perdu les 3/4 de ma population et après être devenu un véritable gourou de théocratie obscurantiste.
J'ai hâte de remettre ça en restant le plus humain possible et en perdant le moins de citoyens possible.

En résumé : le jeu est beau tant graphiquement que musicalement, la narration y est un réel plus, le système de jeu est original tout en reposant sur des bases classiques et la difficulté est au rendez-vous.

Un sans faute qui mérite son 10/10.

(Cette critique sera mise à jour quand j'aurai fini les autres scénarios)