Un froid de connard

Un froid glacial a envahi le monde. L'Angleterre est paralysée et la bouffe anglaise, déjà dégueulasse en temps normal, est désormais complétement immangeable. Les Anglais, colons dans l'âme, errent donc dans le froid polaire, à la recherche de générateurs. Immenses structures de métal permettant de couvrir les besoins en chaleur, ces générateurs ont été construits par des scientifiques qui avaient bien compris la calamité polaire qui allait s'abattre sur le monde.

Une fois trouvé, les colons s'installent et ce sera alors à vous, gouverneur de la cité, de tenter tant bien que mal de pallier tous les besoins des habitants de votre ville. Tout d'abord, il faut collecter des ressources : le charbon, récupérable dans les mines aux alentours, sera la priorité numéro 1, sans quoi le générateur ne tiendra pas bien longtemps. Mais il faut également nourrir les bouches des habitants de votre ville, en construisant des cabanes de chasseurs, pour chercher la nourriture dans le froid polaire, et une cantine, pour la transformer en un semblant de plats.

Construisez aussi des maisons et surtout des cliniques : le jeu alterne un système jour/nuit et le froid, une fois la nuit tombée, ne pardonne pas. Sans maison, risque d'engelure et sans clinique, ces engelures seront sans doute mortelles. Le jeu possède cette particularité d'être un city-builder dont les bâtiments se placent en cercle, autour du générateur : essayez donc de placer les bâtiments essentiels (cliniques, maisons..) le plus proche de la source de chaleur.

Votre populace se divise en deux camps : les ouvriers et les ingénieurs. Les premiers sont assignés aux tâches manuelles mais essentielles : chasse, minage, et vous pourrez notamment les envoyer effectuer des expéditions dans le froid polaire à la recherche de ressources et d'autres survivants. Les ingénieurs, en sous-nombre quant à eux, auront le choix de pouvoir travailler où bon leur semble, mais seront principalement affectés aux cliniques et ateliers, leur permettant de quoi inventer des machines et autres bâtiments permettant, tant bien que mal, d'augmenter vos chances de survie (meilleure isolation thermique, meilleur rendement du générateur...)

Plus les jours passent, plus ils deviennent froids. Les tempêtes polaires deviennent de plus en plus longues, et il faudra user de stratégie, de décisions réfléchies et de justesse pour espérer pouvoir faire survivre vos habitants et contenter leur colère. Tout le jeu est porté par une excellente bande-sonore composée par Piotr Musical, artiste déjà connu pour ses compositions somptueuses sur l'extension Blood & Wine de The Witcher. Plus les tempêtes s'accentuent et le vent glacial fait chuter les températures à -50C°, plus les violons de Piotr s'accélèrent, donnant un sentiment épique d'urgence, d'épreuve à surmonter.

Frostpunk est une expérience forte en émotion et en dilemme. Le jeu vous met face à des choix cornéliens et éthiques : que faire des enfants par exemple ? Devons-nous les envoyer aider les ingénieurs dans les cliniques et à préparer des plats dans les cantines, ou au contraire les envoyer dans les mines, récoltant plus de ressources, au risque de les blesser ? Devons-nous jeter les corps dans une fosse commune, ce qui gèlera les corps (et éventuellement nous servir plus tard), ou construire un cimetière, pour que les gens puissent se recueillir sur la tombe des défunts ?

Les Anglais, peuple mécontent, ne manquera pas vous communiquer leur ressenti et leur colère face à certains des choix que vous ferez. À un certain point de l'histoire, cette colère sera tellement exacerbée que vous devrez user des grands moyens pour la contenir : au choix, vous pourrez installer un régime totalitaire maîtrisant la presse (propagande), la sécurité (miradors) et les fauteurs de troubles (au bagne direct), ou utiliser le pouvoir de séduction de la religion à grand coup de zélotes pour garder l'espoir dans les cœurs des habitants.

Dans Frostpunk, des choix comme ça, il y a en plein. Et le jeu vous met cette philosophie glaçante en plein dans la face tout du long : faut-il perdre un peu de son humanité pour en sauver ne serait-ce qu'une partie ? À défaut de bien choisir, il faudra survivre.