Maestro , musique
♫"Couplet"♫
Savoir sniper,
Une inconnue qui passe,
N'en garder aucune trace,
Sinon celle du plaisir

Savoir trouer
Sans rien attendre en retour,
Ni égard, ni grand amour,
Pas même l'espoir de rage quitter,

♪"Refrain" ♪
Mais savoir flinguer,
Exploser sans reprendre,
Ne rien faire qu'apprendre
Apprendre à viser,
Tirer sans rature
Ni demi-mesue

Apprendre à tuer,
Rien que pour le geste,
Sans vouloir le reste
Apprendre à boomer
Et s'en aller.

- Florent Gatling, 2006.

"C'est très émotionnel".
-Philippe, Koh Lanta.

J'avais envie de commencer cette critique par une aude, mettre une emphase empathique car derrière cette parodie d'un goût douteux, j'ai un rapport affectif très particulier à Gears of War 1. Il me semble essentiel d'expliquer sa genèse afin de mieux critiquer l'objet.

2006:
Gears of War est un blockbuster populaire par Epic Games. J'en entend parler, mais qu'est ce que j'en ai à foutre ? Ironie du sort, le jeu est tellement "hypé" que j'en gagne une copie neuve à un tournoi de jeu de combat. C'est le seul moment dans ma vie où j'ai regretté ces petits gashapons en plastoc que j'avais l'habitude de recevoir. "Non mais mec, je joue au jeu de baston, ça veut pas dire que je collectionne des figurines low cost ! Tu veux pas m'offrir une manette neuve plutôt ? ^^"

Gears of War squatta mon "étagère à trophés tout pourris" pendant plusieurs mois avant que je finisse par l'échanger contre un autre jeu dans une boutique.

2011:
Un ami que j'avais "formé" aux arcanes mystiques du jeu de "vs fighting" me parla de sa passion pour la série GeoW et il était chaud comme la braise puisque le jeu de la hype du moment qui allait sortir dans quelques semaines n'était autre que "Gears of War 3". Qu'est ce que j'en ai à foutre ? Pas grand chose. C'est là que le twist arrive. Le gars m'envoie des copies des deux premiers opus par la poste et me dit "Mec, tu vas venir faire ces deux campagnes avec moi parce que c'est comme ça que tu vas comprendre !"

La vérité, c'est que moi : je ne sais pas tirer...

♪Apprendre à tirer ♫:
Gears of War 1, c'est mon dépucelage, mon ouverture à un autre genre devenu populaire aujourd'hui : le TPS. Quoi de mieux que d'apprendre le jeu de combat sur Street Fighter 2 (jeu fondateur) avec un ami qui connaît le genre ?
Apprendre le jeu de tir à la 3ème personne avec un ami qui connaît le genre sur Gears of War! (jeu fondateur)

Première impression:
Découvrir un jeu par une expérience coopérative a son lot de surprise (BTU I'm looking at you !). Alors que nous avancions dans cette campagne riches en cadavres, en émoglobine et en vicère dans un décor post apocalyptique sombre, aux commandes de ces deux brutes épaisses aux physiques tenant plus du gorille que de l'homme, je constatais dans les propos de mon ami, et même dans sa manière de jouer au jeu (approche des combats, déplacements dans l'environnement) qu'il envisageait cette expérience comme "immersive et cohérente". Je tentais de me transposer en lui vainement, sans doute par nos différences culturelles. Je ne lui fit cependant pas l'affront de briser cette empathie frontalement.

De mon côté, j'avais plutôt l'impression d'être devant Star Wars en terme d'univers "tiens si on créait une race au pif juste pour le plaisir d'illustrer grossièrement un propos tout aussi carricatural" et Final Fight en terme d'expérience, un couloir qui enchaîne des combats de plus en plus bourrins, avec des mooks de plus en plus "sac de viande" et des dégâts de plus en plus insane.

My inner thought:
"Come here bitches, I'm gonna shoot the crap out of your body, and if you're not lucky I'm gonna cut you chainsaw style."

Ma pensée interne:
"Je vais te dissiméner façon puzzle à travers la capitale !"

Bilan :
Gears of War est-il un jeu parodique centrer sur ses combats fast paced ? (Capcom 90's BTU)
Gears of War est-il un jeu à l'univers sombre dont le propos est narratif ? (Half life)

Si j'avais découvert ce jeu tout seul, la réponse aurait été évidente (1st one) seulement je jeu est pensé coop (factuel) et c'est là que tout se complique. Plus je comprenais les mécaniques de jeu, plus la réponse se faisait évidente.

Analyse des mécaniques de jeu:
Dans Gears of War, on ne peut pas sauter. Tous les déplacements sont terrestres et la seule manière de gagner de la vitesse sont les déplacements scriptés par le level design. Lorsqu'on courre, on ne peut pas viser/tirer (dash de Street Fighter 4). Lorsqu'on roule, on a un temps de récupération dégueulasse (roulade de King of Fighters 96 et +). Lorsqu'on glisse vers un couvert/mur/poteau, on gagne non seulement en mobilité mais en plus on peut "cancel" à n'importe quel moment par ce que l'on veut (tir, autre glissade, etc).

Concernant les tirs eux même, le lancer a une énorme cadence tir, un énorme chargeur, mais n'a aucune puissance de feu. Non seulement ses dégâts sont faibles mais ils ne freinent pas la course d'un opposant (très peu "réaliste", bien que très cohérent ludiquement, on le verra). Une arme défensive (longue portée) très peu efficace, notamment contre des ennemis "barre de vie infini!".

La méta du jeu nous dit clairement "bouge de couvert en couvert, controle la foule". Chaque combat a son propre set up de couvert, et son propre set up d'ennemis pour éviter tout sentiment de répétition.

La deuxième arme, c'est le pompe aka Gnasher. Comme son nom l'indique, cette arme c'est de la boucherie. Gros dégâts, gros chargeurs (7 balles), mais portée faible. Elle s'avérera très utile pour negate les débordements ou contre les mooks de mêlée.

La dernière arme, c'est la tronçoneuse, un insta-kill complètement invincible qui force le combat rapproché.

La méta du jeu nous dit clairement "plus tu te rapproches, plus tu fais mal". Ce qui n'est pas sans rappeler la philosophie des BTU Capcom des 90's (grapple, chope).

Concernant les munitions, elles sont en quantités tellement large que même Doom II paraît super restrictif.
Concernant les armes spéciales (sniper, boom shot, torque bow), elles sont en quantité tellement faible et notre sac à dos est tellement petit que le jeu nous les offre quand on en a besoin. Gears of War est un jeu de tir qui retire tout l'aspect stratégique de Doom pour focus sur le "gun blazing action".

Sa mécanique de rechargement est pensée dans ce même sens. Un timing stricte qui permet d'augmenter les dégâts ou l'air d'effets ou la cadence de tir (selon l'arme).

La cohérence ludo-narrative de GeoW prend tout son sens quand on pose à plat tous ses éléments. Super ludique, très peu immersif.

Bilan 2:
Des personnages désignés comme des gorilles (très couillu je trouve), des armes complètement surréalistes (1000 balles de lancer = 1 balle de pompe), des déplacements très scriptés ludiquement, des feedback hyper trophiés (tu peux mettre des headshot avec un fusil à pompe : lol), un lore playmobile, des décors de plus en plus sombres, des boss de plus en plus fat, et une palette de mooks dégueulasses.

Je ne comprend pas comment on peut voir autre chose que Final Fight dans Gears of War et c'est là que le twist est intéressant.

Gears of War 2:
Des couleurs chaudes viennent chatoyés notre oeil dorénavant, des nouvelles armes toutes plus useless les unes que les autres font leur apparition (Mulcher, de quoi perdre en mobilité : perfect !...), des nouveaux mooks intégrés au lore à la truelle (les Kantus, les dompteurs de bêtes géantes... vi) par le biais de dialogues qui se veulent "mais si c'est sérieux je te jure!", des mécaniques complètement piffées (prise d'otage, perdre en mobilité, j'en avais besoin ! Tronçonage vulnérable ? Great je vais pouvoir m'exposer gratos!) et une histoire qui commence à péter plus haut que son cul en cherchant à donner de la consistance à une aventure qui n'en a jamais eu (Final Fight 2 n'a pas osé cet affront).

Toutes les mécaniques de GeoW2 permettent d'étoffer l'aspect immersif du jeu, mais n'apporte absoulument rien au gameplay, ce qui donne cette impression de "been there done that" combiné à une impression " essaie pas de cacher la misère gros, j'ai des yeux et un cerveau ! Final Fight 2 n'a pas rajouté de mécaniques pour le plaisir de faire croire que l'expérience était différente !"

En jouant à GeoW2, je me suis rendu compte qu'a aucun moment l'auteur de cette série prenait son univers en dérision, et que toute la cohérence ludo-narrative du premier qui me semblait assumé ne fût sans doute que la résultante d'une de ses idiosyncrasies dont le jeu vidéo regorge. Je pense que la vision de GeoW1 de mon ami a plus de sens que la mienne, puisque l'auteur de la série le conforte dans sa vision par les opus suivants.

Conclusion:
Il n'y a qu'un seul épisode de cette séie que je trouve cohérent et abouti. C'est le premier, épisode fondateur du genre. Alien vs Predator, c'est la résultante de 5 ans de travail sur le BTU par Capcom depuis Final Fight. Les mécaniques ajoutées dans chaque jeu Capcom depuis Final Fight tendent vers un même but "améliorer le modèle".

Gears of War 3, c'est la résultante de 4 ans de désaveux sur le TPS. Des jeux qui rajoutent des éléments de gameplay sans aucune réflexion profonde pour améliorer le genre et des caches misères pour te faire croire que le média évolue. J'espère qu'il existe (existera) une autre série qui va pousser le concept de Gears of War 1 et exploiter tout son potentiel, parce qu'on a pas vraiment pu compter sur Epic qui n'a juste rien compris à ce qu'il avait créé...

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le 10 mars 2015

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