A l’aube de la sortie de God of War sur PS4, je me replonge dans cette trilogie mythique – que dis-je, divine – tel Kratos se jetant dans le vide depuis cette corniche emblématique… Et il convient de dire que God of War III est sans conteste l’épisode le plus marquant de la trilogie entamée sur PS2 en 2005.
La PS3 offre au jeu des graphismes somptueux, lesquels subliment la mise en scène audacieuse et terriblement efficace de ce troisième opus, épique au possible et viscéralement violent. Une violence d'ailleurs retranscrite avec brio grâce à un gameplay brutal, certainement le plus barbare des trois volets, offrant à la fois une fluidité sans pareil et un challenge certain. Les moments d’exploration qui ont lieu en l’absence d’ennemis dans les parages – ce qui ne durent guère bien longtemps – procurent un répit qui bien souvent rime avec les vers de la poésie macabre que nous proposent les panoramas (encore une fois) somptueux. Ces phases amènent bien souvent à des niveaux de plateformes et d’énigmes, lesquelles demeurent maniables et raccord avec le reste de l'aventure. En résumé, Santa Monica Studios redouble d’ingéniosité et d'inventivité pour un résultat épatant, impressionnant. Les phases de jeux et notamment les combats de boss (ici, les dieux) sont diversifiés et jouissent d'une mise en scène qui participe grandement à l'efficacité du gameplay.
Côté scénario, God of War III se veut être l’apogée de cette histoire de vengeance qui avait commencé dès le 1er opus : un homme qui prend sa revanche sur les dieux, ou plus simplement, sur ceux qui l’on trahi et se sont servi de lui. De manière générale, God of War III apparaît comme la quintessence du conte de vengeance. Mais si d’aucuns considèrent que le jeu ne s’apparente guère plus qu’à un défouloir, pour lequel il est requis de débrancher son cerveau lorsqu’il s’agit d’y jouer, j’y ai vu pour ma part un fond. En effet, plus qu’une histoire de vengeance, God of War III est l’histoire d’un homme qui se hisse jusqu'au sommet de l'Olympe, qui devient l'égal des dieux pour au final s'émanciper d'eux. En massacrant tout un panthéon, Kratos anéantit par la même toute une mythologie, toute une religion ; tout un système de pensée, de croyance, et tout un statu quo. C’est l’Homme qui s’affranchit des carcans religieux et devient libre ; et cela ne peut se faire que dans la violence tant la religion est violente, pour notre anti-héros comme pour toute autre personne de n’importe quel univers, qu’il soit d’ordre fictif ou réel.
Nous ne contrôlons pas Kratos ; c’est lui qui nous contrôle. Manette en main, nous ressentons avec lui cette volonté de vengeance, cette haine, de la même manière que l’on éprouve une profonde satisfaction à découper, écraser, frapper ceux qui ne sont rien d’autres que des diables divins (j'ose le dire, le fait d’appuyer sur un bouton et d’en voir les conséquences à l’écran n’a jamais été aussi jouissif). A la fin, il ne reste plus que le "Dieu de la Guerre". Le seul dieu réellement humain. Le seul ayant jamais existé. Ça... et de la place pour une suite !