A moins que vous n'ayez hiberné dans une grotte au coeur du Groenland ou en Ardèche, il est peu probable que vous n'ayez jamais entendu parler de ce petit jeu indé, d'une licence pas franchement très connue appelée Grand Theft Auto, ou "Colossale Chapardage de Véhicule Motorisé" si vous êtes amateur de poutine et de sirop d'érable. Série d'ailleurs réputée pour la qualité évidemment médiocre de ses jeux, qui ne battent absolument jamais des records de vente à chaque sortie.
Bon, trêve de plaisanterie, GTA V c'est un jeu qui aura fait baver absolument tout le monde dès son annonce, d'autant plus qu'il promettait un retour à Los Santos, se positionnant ainsi comme une suite spirituelle de San Andreas, opus que je n'ai pas besoin de présenter vu que 90% des joueurs s'accordent à dire que c'était le meilleur. Les PCistes comme moi auront eu une attente d'autant plus douloureuse qu'il aura fallu attendre 2 ans avant que Rockstar ne se rappelle que dans les années 2010, bah les joueurs PC ça existe. Et tout ça pour avoir un jeu qui allait être optimisé avec le cul, comme ses prédécesseurs ... Ah non en fait, coup du hasard ou Rockstar qui change enfin de décennie, le jeu était plutôt bien optimisé et tournait sans trop de problème. Bon point déjà. Et du reste, et bien Rockstar est fidèle à lui-même et remplit le contrat : GTA V est un open-world immersif, riche d'activité, à l'action grisante et sujet aux situations les plus débiles du monde, avec une histoire travaillée et des personnages attachants.
Et là à me lire, on pourrait se dire "bah pourquoi tu met 5 si le jeu il est parfait, pauvre con". Parce que là je parlais du solo. Parce que GTA V c'est en réalité deux jeux en un, et le deuxième jeu, c'est le Online. Et c'est ce dernier qui provoque chez moi un profond dégoût qui me fait presque chier d'avoir à admettre que le solo reste excellent.
GTA Online est un mode de jeu qui reprend la map du solo, ainsi que le gameplay, avec quelques petits changements (il est plus difficile de se faire éjecter d'une bagnole suite à une collision, par exemple). Vous y incarnez votre gugusse personnalisé par vos soins qui se fait lâcher au milieu de Los Santos pour aller vivre une petite vie de criminel, avec son lot d'activité plus ou moins classique. Une base plutôt logique donc. Mais alors, où ça va mal ?
Et bien c'est très simple : Rockstar se fout de notre gueule. Ce qui aurait du être, et a commencé comme, un incontournable du jeu multi s'est aujourd'hui barré à un pay to win infect, optimisé avec le cul et à l'équilibrage douteux. Parce que si vous voulez progresser de façon legit dans GTA Online, votre vie sociale va en souffrir, et vos nerfs aussi. Pour faire simple : le moindre véhicule un peu rigolo apporté par la dernière mise à jour va vous obliger à farmer comme un sac pendant des centaines d'heures, et ce n'est même pas une blague. Les activités rapportent un montant ridicule comparé à ce que coûtent la plupart des features, et là où ça devient criminel, c'est qu'en plus vous pouvez perdre de l'argent avec une facilité déconcertante : un joueur mal intentionné qui passe avec un putain d'avion de chasse au-dessus de vous, et pouf, votre cargaison de 2 millions de dollars que vous avez mis 50 heures à réunir a disparu.
Et à ce fait s'ajoutent deux facteurs, un grave, et un intolérable : le premier c'est que l'armement à disposition des joueurs est complètement déséquilibré, le jeu propose un sniper avec des balles explosives qui peut détruire un avion de chasse en deux balles, c'est complètement stupide, surtout dans un jeu où les véhicules se veulent capitaux. Le skill n'a aucune importance dans GTA Online : il est très facile d'avoir des armes qui cassent purement et simplement le jeu et n'encouragent aucunement à jouer normalement. D'autant plus que Rockstar semble n'en avoir plus rien à foutre et a décider d'assumer de copier complètement Saints Row (une moto volante et K2000 dans GTA, nan mais sérieusement ?). Mais bon, ça à la rigueur on peut me rétorquer "ça va, ça fait partie du jeu, faut faire avec". Admettons. Mais contre les cheaters on fait quoi ? Quand un mec arrive et décide de faire exploser tout les joueurs de la sessions, tant pis s'ils étaient dans une mission importante, c'est déjà rageant. Mais ça l'est d'autant plus que Rockstar fait preuve d'une passivité qui semblerait presque volontaire tellement rien n'est fait contre cela. Oups, pardon, si, il y a un type de cheat sur lequel ils sont généralement plutôt réactif : ceux qui consistent à donner du fric. Faudrait pas que les joueurs arrêtent de payer des Shark Cards. Dernier point, mais à ce stade c'est un détail : Rockstar n'a jamais cru bon d'optimiser le jeu au fur et à mesure des mises à jour, ce qui fait que le Online qui tenait plutôt bien au début est maintenant une vraie purge.
En bref, dans GTA Online, le jeu entier semble n'avoir été conçu que dans un but : faire cracher votre thune. Les activités sont si peu rentables, et trop peu intéressantes pour que quiconque de sain d'esprit n'accepte de les faire en boucle. A l'inverse, le contenu de chaque mise à jour, toujours dans la surenchère la plus débile, est hors de prix. Et comme le joueur il veut son bunker trop cool, sa grosse moto volante, son camion hi-tech, bah il va quand même essayer de farmer. Mais il se rend compte que ceux qui ont déjà accès à tout ce contenu ont un équipement bien trop puissant pour lui permettre de farmer l'argent dans de bonnes conditions. Et comme Rockstar ne semble pas presser de régler le problème des cheaters qui vont le tuer en boucle sans crier gare, bah le joueur il n'a plus que deux choix : acheter de l'argent in game avec de l'argent réel à un prix qui devrait mériter qu'on foute en taule celui qui l'a décidé pour escroquerie, ou quitter ce jeu pour de bon en gardant la frustration de voir un tel potentiel gâché.
Mais ce qui fout le plus les nerfs, c'est que GTA Online a marché. Pire que ça : Rockstar est aimé pour ça de son public, en témoigne les Steam Awards de 2019 qui leur ont offert le prix de "l'amour indéfectible". Ce qui déprime, c'est que je suis persuadé que si ça avait été Electronic Arts, Ubisoft ou Activision, ce jeu aurait fait scandale au point qu'on en parlerait encore 7 ans après sa sortie comme tel. Mais non, c'est Rockstar. Alors les joueurs prennent la bite des développeurs à deux mains et avalent goulument la semence servie sans se rendre compte qu'elle est la même que ce qu'ils décrieraient le reste du temps.