Grand Theft Auto V par Hugo Harnois
Le cinéma et le jeu vidéo ont toujours vécu une grande histoire d’amour dans l’univers GTA. Cela commence en 1997, alors que nous voyons d’en haut un petit point s’agitait dans tous les sens et tirait à tout va. Un mafieux en roue libre dans un monde purement urbain, de l’hémoglobine bien présent à l’écran, des voitures donnant à l’ensemble un dynamisme novateur. Cela ne fait aucun doute : une saga vient de voir le jour en conjuguant mythe cinématographique et renouveau vidéo ludique. Seize ans plus tard, GTA V sort sur nos machines pour nous livrer son épisode le plus complet à ce jour. Dans un San Andréas revisité, trois hommes vont se battre pour le pouvoir et l’argent en pouvant compter les uns sur les autres. Mais comme tout le monde sait, les apparences sont souvent trompeuses chez Rockstar.
Sur ciel, terre et mer, vous aurez les mains libres dans ce nouvel épisode. Les créateurs ont eu l’idée hallucinante d’intégrer trois personnages centraux à vos aventures. Avec un montage parallèle jamais vu dans les jeux vidéo, tout est fait en temps réel par d'habile procédé de découpages narratifs, qui n’est pas sans rappeler certains modèles de films chorales (Pulp Fiction pour n’en citer qu’un). L’interaction entre des personnages travaillés sur le plan psychologique est tout simplement bluffante. Michael est un père de famille pathétique. Trevor est un psychotique et ancien militaire délaissé par l’armée américaine. Franklin est un jeune homme paumé entre des relations déséquilibrées et un univers familial instable. Tous subissent les méfaits d'une société malade que les créateurs ne manquent pas de critiquer par divers aspects (télé-réalité, jeunesse prônant l'artifice, corruption des institutions politique et carcérale, business hollywoodien où règne la futilité). Définitivement, GTA V est l’œuvre la plus mature de la saga et elle l’assume totalement.
À l’inverse du quatrième opus, les joueurs n’auront droit ici qu’à des missions mémorables (tortures, trips hallucinatoires, courses, tueurs à gages) mais les scènes de braquage sont bien ce qui constituent LA nouveauté de la franchise déjà ultra-bien huilée. Tout est parfaitement coordonné avec un plan d'attaque au préalable, qui fait une nouvelle fois référence aux nombreux films de gangsters (L’Ultime Razzia). Ils vont encore plus loin dans le vice (torture, sexe, drogues, alcool) en poussant le politiquement incorrect à son paroxysme, justement pour dénoncer ce qui ne va plus dans notre culture. Dommage que la jouabilité n’est que peu évoluée (notamment dans les phases de shoot, trop mécaniques) même si l’ensemble n’en reste pas moins très linéaire.
Une map dense et variée, d'innombrables missions, trois personnages principaux, des graphismes plutôt bons, une bande son tonitruante qui s'invite même de manière automatique lors de nos missions principales et qui collent parfaitement à l'ambiance. GTA V est à tout point de vue le meilleur épisode de tous les temps. Cela n’est pas surprenant puisqu’il a pour modèle San Andreas et le surpasse grâce à la puissance des consoles next gen. Voilà la vraie suite qu'on attendait de cette franchise. Mais cette série peut-elle encore aller plus loin ou a-t-elle atteint son apogée ? Peut-être que l’arrivée des dernières Playstation et Xbox nous donneront vite des réponses…
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