D’après les dires, un rapprochement spirituel se ferait avec le jeu Farenheit développé également par le Studios Quantic Dream. N’ayant jamais joué à ce jeu je ne peux aucunement faire le parallèle avec Heavy Rain qui cherche à impliquer le joueur dans une trame dramatique sous la houlette d’une enquête autour d’un mystérieux tueur aux origamis. On incarne par chapitres différent protagonistes et les choix effectués durant les tournants scénaristiques vont véritablement changer le destin ou la liaison de ces personnages. Interpellé par le parcours et les idées de David Cage qui retranscrit savamment ses modèles cinématographiques dans son jeu. L’idée de pousser davantage la répercussion des choix dans le scénario au point qu’il pouvait en résulter la mort d’un ou plusieurs personnages sans pour autant signifier le game over était un pari audacieux.


Pourtant est-il à la hauteur des attentes et des promesses à sa sortie en 2010?


Le jeu effectivement nous plonge dans une narration interactive avec de multiples personnages qui nous partagent chacuns leurs vécu autour d’un mystérieux tueur qui laisse des origamis sur son passage lors d’un crime. La recette devient attractive après que le cadre soit délimité et que les première inquiétudes surgissent durant le récit.
Ici un grand effort a été mis en avant dans la manière de rapprocher les frontières entre le jeu et le cinéma hollywoodien. La palette de couleurs retranscrit habilement l’ambiance qui règnent et l’état émotionnel des avatars que nous incarnons. Rapidement passant des couleurs vives saturés à des ambiances plus maussades et délavées, il est dommage de ne pas avoir eu droit à plus de nuances qu’au final ce ton gris omniprésent dans le jeu qui représente, par l’occasion, l’identité même de l’histoire jusqu’à son dénouement. Le cadrage arrive à nous plonger dans l’ambiance et l’humeur du personnage que ce soit lorsqu’il est isolé, en famille ou dépassé par les événements qu’il subit. Cependant encore une fois tout cela reste en quelques sorte timide et classique. Il semble que le jeu n’arrive que trop rarement à réellement atteindre son objectif dramatique au point de nous impliquer émotionnellement dans l’histoire. Les personnages ont tous leur propre identité par contre ce sera le joueur qui aura le mot final lors des décisions importantes. Ici encore on ressent une rupture entre le spectateur et le personnage qui au final se repose sur nos épaules pour faire son propre choix.


Fort heureusement un point en faveur du jeu sont ses musiques qui sont tout particulièrement douces et agréables à entendre, elles donnent réellement une tonalité au contexte à l’écran et l’ambiance est tout de suite mise en place aux quelques notes minutieusement placées.
La musique composée par le québécois Normand Corbeil est tout simplement sublime et délicate. Chaque personnage dispose de son propre thème qui se voit remanié selon la situation qui ponctue avec brio les états émotionnels des personnages et leur pensées.
Cependant il arrive qu’elles soient hors contexte (rarement), certaines sont réutilisées pour des événements non appropriés. Pour ceux qui l’avaient pré-commandés, la bande son intégrale est disponible en téléchargement à l’aide d’un code coupon directement téléchargeable depuis le PSN. La qualité vocale est bonne sans plus, le lipSync marche bien, je ne pourrais pas dire pour la qualité des autres langues (joué uniquement avec les voix anglaises).
Les déplacements seront le point le plus belliqueux du jeu. D’une rigidité extrême qui casse le naturel et l’immersion dans l’univers. Le maniement des personnages, venu d’une autre ère, est tout simplement abominable et demandera un certain temps d'adaptation aux plus récalcitrants. Pour illustrer rapidement : appuyer sur R2 pour avancer ( selon la pression sur le bouton le personnage avancera plus ou moins vite ), couplé avec le stick gauche pour donner une direction ( celui-ci tournera la tête pour vous indiquer que vous pouvez interagir avec un élément du décor ou personnage ) et le stick droit ainsi que les boutons classiques PS3 pour les QTE. Rien de bien exceptionnel à première vue par contre aiguisez-vous bien la vue pour jugez les distances des obstacles à l’écran alors qu’une simple pression du stick gauche comme dans n’importe quel jeux à la troisième personne aurait sans doute été plus intuitif.


Le scénario viendra rattraper ces lacunes car bien ficelés et l’intrigue se dévoile très lentement. Habilement le scénario arrive à faire croiser les destins des 4 personnages principaux. Au fil des chapitres, on sens que l’étau se resserre autour de l’identité du tueur. C’est ce qui va captiver le plus et garder nos personnages en vie à un réel intérêt pour faire progresser l’enquête afin de relier les bouts des meurtres ainsi que de tisser des liens à des lieux et personnes extérieures à l’enquête.
Le côté film interactif est au rendez-vous avec une série de QTE imbuvables à la longue. Pourtant ils ont un intérêt dans l’histoire pour garder cette tension qui anime de nombreuses situations. A noter que le départ sera la même pour tout joueur débutant le scénario. Le dénouement et le sort de chaque personnage jouable dépendra des choix lors des décisions contextuelles et aussi à l’adresse d’appuyer sur le bon bouton au bon moment. Pourtant nous sommes noyés de QTE même pour des actions les plus anodines possible. Cependant c’est un bon moyen pour masquer le QTE qui va dénouer la situation et en quelques sorte nous donne l’impression de recherche et de découverte d’un environnement tout somme fait privé de vie.
En tout cas chapeau pour avoir prévu différentes fins selon nos choix! Le travail derrière tout ça devait être colossal !


Les graphismes se veulent réalistes mais inégaux concernant leur qualité de finalisation. La réalisation est pas toujours soigné, parsemé de carences techniquement qui empiètent à la recherche des émotions véhiculées. C’est une expérience à ne pas rater et unique en son genre. Le jeu vidéo se rapproche plus que jamais du cinéma, il reste toujours à trouver la recette qui fera que l’expérience sera plus immersive que jamais ! A faire sans hésitation, et pour la chasse aux trophées soyez bien patients…!

HugoPolo
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le 20 avr. 2017

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Hugo Polo

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