20 Mai 1989


Mon téléphone fixe sonne. Oui, un téléphone fixe, ça existait à cette époque. Les jeunes du futur ne comprendront jamais la puissance de ces machines.


Une voix féminine au bout du fil. Visiblement un faux numéro, vu que le message demande une dératisation du 22 de la Martin's street. Je raccroche. Intrigué, je prend quand même ma voiture, une DeLorean, et je vais à l'adresse indiquée.


Une fois arrivé, je tombe sur un squat. Un squat. tu m’étonne que la femme ait demandé une dératisation. Je pousse la porte et je tombe sur des mecs en smoking blancs avec des armes. D'accord. J'ai compris. Le temps de prendre mon masque dans le coffre et de pousser la porte et le massacre peut commencer.


Hotline Miami est une tuerie. Une tuerie intuitive, sonore, visuelle et punitive. Une tuerie dans le sens positif du terme. Entrer dans Hotline Miami, c'est entrer dans un monde où chaque être humain est une pièce dans un puzzle de violence. Un puzzle où l'issue n'est que la mort.


En terme de scénario, Hotline Miami commence comme un jeu de tuerie standard (si on exclut la scène de didacticiel dans un squat avec un clochard) et se termine dans un Maelstrom de questions qui resteront irrésolues. Ce jeu soulève des questions que l'on pourrait retrouver dans un film de Nicolas Winding Refn (Drive étant la principale source d'inspiration de ce jeu) et nous embarque dans une réflexion sur la perception de la réalité avec sa fin double.


Hotline Miami c'est aussi un jeu difficile, avec des ennemis au taquet, réactifs au moindre coup de feu, au moindre pixel de votre personnage visible, un jeu qui vous tuera à la moindre inattention, et tout s'imbrique dans un gameplay simple et efficace, et une direction artistique à la fois brutale et agréable avec ses volutes de couleurs diverses se mêlant au hectolitres de sang que vous ferez jaillir de vos opposants, en partant de la simple balle de fusil à pompe arrachant un bras au ciseau planté dans la jugulaire, en passant par le parpaing balancé à la gueule, tout ce que vous trouverez vous donnera la possibilité de réduire la mafia à néant.


Si Hotline Miami est aussi riche, c'est aussi par sa musique, une sorte de synthwave, avec des morceaux plus calmes, comme Horse Steppin de Sun Araw, à des morceaux plus énergétiques, comme ceux de Perturbator ou de M|O|O|N.
Hotline Miami brille aussi par ses références, qu'elles soient dans l'ambiance, qui référence le documentaire Cocaïne Cowboy et le moyen-métrage Elephant de Alan Clarke pour respectivement la ville, et les phases de gameplay, que ce soit dans des masques, qui référencent d'autres développeurs, Hotline Miami est un travail qui allie une culture commune a une culture personnelle, extrêmement liée aux développeurs.


Au final, Hotline Miami est un jeu qui va vous prendre au tripes, court (comptez entre 6 et 7 heures pour finir le jeu la première fois), violent, et qui pose des questions. Chacun peut y aller de son interprétation sur le jeu, personne ne sera sûr d'avoir la réponse ultime. Hotline Miami est un jeu qui va vous obséder par sa difficulté et son univers. Un jeu a tester, si ce n'est à finir.

Créée

le 20 sept. 2016

Critique lue 223 fois

4 j'aime

1 commentaire

Urkopia

Écrit par

Critique lue 223 fois

4
1

D'autres avis sur Hotline Miami

Hotline Miami
IIILazarusIII
9

Un délice pour philosophe.

Alors là faut pas déconner. Hotline Miami est énorme. É-no-rmeuh. C'est une expérience intraitable sur la représentation de la violence. Mais attention : bien qu'ils soient délicieux, je ne parle ni...

le 11 janv. 2013

89 j'aime

10

Hotline Miami
Inactiviste
9

Dangereux

Eloignez Laurent Bègue, il va faire un malheur. Ecartez les enfants. Prévenez les associations familiales, ça urge. Hotline Miami est une boucherie. Pis, il rend la violence swag à mort, comme disent...

le 27 oct. 2012

75 j'aime

13

Hotline Miami
MauriceLapon
1

Ils ne disent pas qu'il s'agit de: un ludiciel de 1991 :(

Bonjour! J'acquis ce ludiciel en 2012 grâce au "Vapeur" parce qu'il ne fut pas onéreux. Mais véridiquement: il est un ludiciel ancien (1991) de l'appareil "la console Nintendo" de l'ancien...

le 8 févr. 2013

53 j'aime

22

Du même critique

Enter the Void
Urkopia
9

L(ife) S(ex) D(eath)

Explosions de couleurs. Noms défilants à toute vitesse. Freak de LFO à fond dans mes oreilles. Voilà des images qui resteront gravées dans ma mémoire à jamais. C'était le 11 mai 2016 et j'avais 14...

le 18 mai 2017

15 j'aime

2

Dunkerque
Urkopia
7

Soldats inconnus

C'était le 24 juillet 2017. C'était une journée de pluie. Une journée n’annonçant rien de bon. Perdre une journée de sa vie à cause d'un lapin à la con. Attendre trois heures sous la pluie. Puis...

le 26 juil. 2017

12 j'aime

3

Love
Urkopia
8

De l'Amour et du cinéma

Avec des affiches racoleuses, une bande annonce laissant paraître une omniprésence de sexe et une séance de minuit ayant fait pas mal parlé d'elle, on aurait tendance à ranger Love facilement dans...

le 8 mars 2017

9 j'aime