Explosions de couleurs. Noms défilants à toute vitesse. Freak de LFO à fond dans mes oreilles. Voilà des images qui resteront gravées dans ma mémoire à jamais.
C'était le 11 mai 2016 et j'avais 14 ans. Un mercredi pour être précis. Et c'était un jour de déprime. Je ne savais plus quoi faire, quoi regarder, à quoi jouer, quoi travailler. Alors j'ai pris mon courage et le compte Netflix de notre colocataire. Et ma main a glissé sur ce qui allait être mon film préféré.


Oscar est un immigré américain à Tokyo, survivant par des petits deals, avec un réseau d'amis plus ou moins recommandables dont Alex, un mec lui ayant prêté Le Bardo Thödol (Le Livre des morts tibétain). Après une prise de DMT, Oscar part à un deal dans un bar nommé le "Void" où il retrouve Victor, son ancien ami et se fait tuer par une descente de police. Dans un dernier souffle, son esprit refuse de se laisser faire et va voyager dans Tokyo, entre flash-backs, flash-forwards, moments présent et hallucinations sexuelles.


Gaspar Noé signe ici un film qui aura été l'aboutissement de nombreux projets et courts métrages (tels que les trois Eva) et bon dieu quel film...
Alors oui, le sexe est omniprésent dans ce film, plus que dans Love, mais pour des raisons différentes. Car si la grande faucheuse est ici absente physiquement, la petite mort guide quant à elle tous les protagonistes du long métrage. Nous savons que la peur en temps de guerre pousse au sexe, mais ces comportements nous montre à quel point le void du titre s'applique bien plus aux personnages, perdus dans une avalanche de sexe, dénué d'amour, juste prendre son pied avant de repartir traîner sa carcasse dans ce monde coloré qu'est Tokyo de nuit.
Coloré ? Oui. La drogue aussi est un élément important du film. Comme le sexe, elle permet de remplir le quotidien des personnages, elle comble ce vide que chacun a, comme les parents que tout le monde a perdu car, dans ce monde de perdition, mieux vaut ne faire confiance à personne, chaque réacteur, chaque chose qui peut nous remplir notre vie, rien ne les sauvera de cet instant T où ce vide, ce void les croquera et les enlèvera, un peu comme la sœur d'un Sandman Niel Gaimanien, en nous prenant la main alors que Oscar essayera de la repousser, refusant son trip ultime, son trip le plus violent, le plus acide, le plus familial.


Mais... Ce film n'est pas parfait. Si la mort est un état n'ayant pas de fin, Gaspar Noé prend parfois beaucoup trop son temps, créant des scènes très longues. Alors oui, des fois les travaux de lumières et du chef photo sont très beaux, mais (et dieu sait que j'aime les couleurs fluos et les néons) certains passages sont beaucoup trop longs. Ou trop répétés. Comme l'entrée dans une lampe que Noé nous ressors facilement trois à quatre fois dans tout son film, pendant deux voire trois minutes (et c'est long) et ça devient assez vite insupportable si vous avez les yeux un poil trop sensible à la lumière...


Et puis pour ceux qui sont facilement choqués, une scène d'avortement montrée à l'écran peut clairement déranger. Évitez juste de manger devant ce film. Vraiment.


Si Enter The Void est mon film préféré, c'est pour la claque existentielle qu'il m'a mis. D'un bout à l'autre. Que ce soit par ses techniques, par ses couleurs, par ses thèmes, par sa violence ou par sa représentation crue, sans filtre d'une vie qui ressemble trop à une vie réelle, un film qui m'aura hypnotisé et dont la fin m'aura renvoyé violemment sur ma vieille chaise de bureau, la pluie toujours battante sur ma fenêtre.

Urkopia
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le 18 mai 2017

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Urkopia

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