J'y joue maintenant que la hype est retombée, après l'avoir acheté en promo, pour me faire une idée plus dépassionnée.
J'ai atteint les 1000 morts dans les six premières heures de jeu, donc oui, l'esprit Hotline Miami est toujours là. ^^
Par contre, comme cela a déjà été souligné, il est différent, cet opus 2. Le premier Hotline Miami, c'était Pacman. Un Pacman avec des mitrailleuses, des clubs de golf et des torrents d'hémoglobine, mais au fond, on pouvait régler beaucoup de situations au corps-à-corps, et j'ai fini le jeu sans utiliser la fonction visée lointaine (maintenir shift).
Ce nouveau Hotline Miami est à tout point de vue beaucoup plus versatile. Vous aurez encore du CAC, et parfois vous y serez contraint (par exemple dans les missions avec le Marine, qui ne peut recharger son arme qu'à des endroits bien précis). Mais les nouvelles maps ressemblent beaucoup moins à de petits labyrinthes cloisonnés. Par ailleurs le jeu enlève un des points sur lequel je jouais beaucoup dans le 1 : les frames d'invincibilité lorsque vous mettez à mort un ennemi. Désormais, vous êtes vulnérables quand vous achevez un ennemi, ce qui est plus réaliste, ce qui empêche les prises de risque folles du 1, et ce qui rend beaucoup plus méritoire de le faire... Quand c'est possible.
Ce jeu va vous faire développer une phobie des espaces ouverts et des vitres. Vous allez souvent mourir d'un ennemi qui vous tire dessus de loin, et on s'oriente limite vers le puzzle game : il faut déterminer un itinéraire bien planifié, observer de loin le trajet d'un gros balèze armé d'un Uzi pour lui tirer dessus sans attirer l'attention, ou en ayant au préalable zigouillé les petits sbires énergants (ennemi armé d'un couteau, chien...). Evidemment, rien ne se passera comme prévu, car il y a toujours cette petite dose d'aléatoire dans le placement des ennemis qui apporte une part d'incertitude.
Le level design est très pensé, bien plus que dans le premier, et le timing des rondes des gardes ne laisse pas de repos. Je suis mort une fois à cause d'une démangeaison qui m'a distrait 1/10e de secondes. N'essayez pas de jouer à ce jeu autrement que dans un endroit silencieux comme un caveau. J'aime beaucoup le niveau au milieu des containers derrière lequel se barricadent des mafieux. Il y a aussi un niveau dans une station de métro, dans les égoûts, dans une fabrique de drogue clandestine, dans la jungle : c'est un peu moins générique que dans le premier.
Le scénario est polyphonique : vous incarnez différents personnages antagonistes, et il y a désormais une petite introduction avant chaque mission, souvent dans des univers très variés (maison de banlieue, coin paumé, crime scene, scène de prise d'otage...). L'intrigue est, comme celle du premier, très cryptique et difficile à suivre, mais on se laisse porter par l'ambiance fluo délétère, sans chercher à comprendre (notamment le pouvoir de ces étranges masques de coq)... Si le premier tirait beaucoup ses influences de Scarface de De Palma et de Drive, ce nouvel opus propose un univers de références bien plus riche. Ellroy, Apocalypse Now, les John Wu, Steven Seagall et bien d'autres sont au rendez-vous.
En revanche il y a un peu moins d'objets avec lesquels interagir, et l'éventail des armes me semble plus restreint.
Si j'ai quelques bémols à faire, ce sont les suivants :
Le Uzi est roi. Avec la nouvelle configuration des niveaux, une arme qui arrose large est clairement la plus pratique (sauf contre les gros balèzes, à moins d'avoir beaucoup d'espace pour reculer).
L'Intelligence Artificielle des ennemis est frustrante, car très aléatoire. Des fois le gars ne réagit pas alors que je passe devant la porte devant laquelle il est en faction. Des fois je le traverse alors qu'il entre dans une salle et il reste à regarder les murs autour de lui, sans s'affoller. Des fois au contraire tu te fais sniper par un mec en Uzi qui est un écran au-dessus de toi, et ça paraît injuste.
C'est un peu pareil pour les hitboxes, notamment pour les armes de poing. Des fois ça semble très permissif, genre je tue d'un revers de matraque quelqu'un qui me fonçait dans le dos, mais parfois le gars semble passer au travers de mes coups.
Dans les embrasures de porte aussi, il se passe des choses bizarres.
Les trois derniers points étaient déjà des défauts du premier, et il faut apprendre à vivre avec.
Hotline Miami 2 est à la fois plus généreux et plus impitoyable que son grand-frère, qui paraît plus coloré mais plus simple en comparaison. Je recommande ce bain de sang rythmé par une musique années 1980 toujours aussi inspirée.