Journey, exclusivité PS3 aux multiples récompenses, est un jeu pour le moins atypique. En effet, impossible de le classer quelque part : Plate-forme ? Aventure ? Coop ? C’est à la fois tout cela et quelque chose de complétement différent. Comme son nom l’indique, ce jeu est un voyage. Tout comme dans Flower, également développé par Thatgamecompany, on parcourt des paysages à la fois vide de matériel mais remplis d’émotion, jusqu’au but ultime, l’accomplissement de cette quête poétique.
Ainsi le jeu nous propose d’incarner une créature sans nom ni visage, enveloppée dans une toge orientale, et ne s’exprimant que par de brefs cris. Ce petit personnage va devoir traverser le désert afin de parvenir en haut d’une montagne sacrée et devra pour cela parcourir les différents niveaux, avec seulement deux possibilités de gameplay : le saut (qui pourra devenir de plus en plus long en récupérant des objets cachés) et le fameux « cri », servant à interagir avec l’environnement (notamment en « activant » des bouts de tissus qui projetteront le personnage dans les airs). Ainsi les niveaux s’enchainent rapidement (un bref bout du scenario nous étant révélé à chaque fin de niveau) et il faut environ deux heures pour boucler l’aventure. Précision d’importance : il est possible (et même courant) de rencontrer un compagnon joué par une autre personne : ainsi le périple pourra se faire à deux, dans la bonne humeur grâce aux « cris » des personnages, permettant de se redonner mutuellement de l’énergie « de saut ». Ce sera par ailleurs la seule façon d’interagir avec lui : une coopération muette dans des paysages qui laissent sans voix.
Le premier constat qui s’impose lorsque l’on commence notre voyage, c’est la beauté de l’environnement : les décors sont absolument magnifiques. Alors que certains jeux (surtout indépendants) rattrapent leur manque de beauté technique par un vrai travail artistique, Journey arrive à mélanger les deux : des dunes de sables (éclairés à la perfection) aux paysages finals, le joueur en prend plein les yeux du début à la fin. En plus de cela, cette ambiance visuelle est appuyée par de superbes musiques, changeant de manière dynamique en fonction de la progression du joueur : souvent oniriques, rythmées et parfois même angoissantes. Ainsi Journey est un voyage qui se vit à la fois par les yeux et par les oreilles, où s’installe rapidement une ambiance exotique, propice au voyage.
Mais en plus de cela, Journey se vit également avec le cœur. En effet, le jeu est réellement enchanteur et prend une dimension affectueuse dès lors que l’on croise un autre joueur. Il s’engage une coopération muette, où chacun s’entraide afin de parvenir ensemble, liés par les épreuves, en haut de la montagne.
Vendu à petit prix (13 euros au départ sur le PSN, 6 à présent), le jeu compense sa durée de vie un peu faible (une heure de jeu supplémentaire n’aurait pas été de refus) par une vraie variété dans les niveaux. Ainsi on ne fait jamais deux fois la même chose, Journey fait donc partie de ces jeux que l’on peut traverser encore et encore, seul ou à deux, sans se lasser (bien que certains passages demandant de marcher tout droit vers l’infini, en particulier vers la fin, deviennent vite lassant aux cours des nouvelles parties, tout comme l’impossibilité de passer les cinématiques).
Il est dommage que notre compagnon de route soit forcement choisi aléatoirement, rendant de ce fait très difficile la possibilité de faire l’aventure avec un ami « défini ». La rencontre causée par le hasard reste très agréable, mais une simple option de ce type n’aurait pas été de refus.
Au final, Journey est un jeu qui propose une expérience rare : celle d’un voyage silencieux où l’expérience est faite de rencontres et de féerie. Pas de dialogue, pas de combat, simplement la contemplation et l’envie d’avancer, toujours plus haut.