Annoncé en 2006, sorti en 2011, on peut dire que le titre de la Team Bondi s'est fait attendre. A la tête du développement on retrouve un certain Brendan McNamara, ancien directeur de la Team Soho et chef de projet de The Getaway. Pour rappel The Getaway était un titre ambitieux, au développement coûteux qui fut une douche froide tant le produit final peinait à refléter les intentions de base... Pourquoi LA Noire s'est fait attendre ? Parce que visiblement McNamara nous faisait une "The Getaway... again" à savoir des ambitions bien trop prégnantes, retardant significativement la production du titre voir même risquant de nuire à sa qualité finale... Sony qui était à l'époque l'éditeur du projet, en eu marre d'injecter du pognon dans le projet d'un mégalo, les chances de succès s'amenuisant... et alors que la Team Bondi allait fermer, faute de financement, Rockstar Games a repris le bébé. On pourrait décemment penser que tout allait maintenant aller pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Et bien non. Parce qu'aussi sympathiques soient les frères Houser, ces derniers restent des connards de capitalistes, estimant être en droit d'avoir du résultat quant à un produit dans lequel ils ont injecté leurs deniers. Et quand en face vous avez une tête de con comme McNamara qui veut tout faire pour finalement ne rien accomplir; autant dire que vous risquez de vous retrouver en plein milieu d'une bataille de fions épique, dans laquelle on risque à tout moment de se prendre un étron en pleine figure, nous joueurs, victimes collatérales d'un conflit sans fondement. Et étonnamment, malgré ce contexte dégueulasse, le jeu s'avère être bon. Pas un grand jeu, c'est certains, mais globalement il tient la route même si décevant sur pas mal d'aspects.
Alors LA Noire qu'est ce que c'est au final ? Et bien simplement un mix entre jeu d'aventure inspiré des point&click et un GTA Like. Et soyons clair d'entré de jeu, l'aspect film interactif prend clairement le pas sur les aspects plus ludiques. Ainsi le jeu a surtout été soigné dans son ambiance, son travail de reconstitution, son écriture. Toutefois en terme de gameplay on est dans du très classique avec une quasi absence de notion de progressivité du challenge (je ne sais pas si ce terme existe dans le jargon vidéoludique et je m'en tape pour tout vous dire). LA Noire est clairement de ces titres bien contemporains, conçus avant tout pour satisfaire le "joueur du dimanche" que l'amateur de gameplay bien huilé à la recherche d'un challenge. D'ailleurs tout est fait dans le jeu pour vous permettre de progresser sans trop de mal dans l'histoire. Vous peinez à jouer une séquence d'action ? Pas grave, au bout de 3 essais, le jeu vous propose de la sauter pour passer à la suite. Tout juste cela influera sur votre note finale, chose dont vous vous fouterez bien si vous ne prêtez aucune attention aux notions de scoring. Vous vous plantez dans l'inculpation du suspect ? Et bien cela n'aura aucune conséquence sur votre progression, pire encore, sur l'histoire. Et là on saisit de suite où est ce que le jeu déçoit d'emblée : qu'importe ce que fait le joueur, le jeu continuera sa progression. Limite le joueur serait presque la cinquième roue du carrosse. Et là je dis "Ouch..." parce que d'office, ceux qui refusent de se sentir "prisonniers d'un système de jeu" vont clairement haïr ce LA Noire. En revanche pour peu que l'on accepte le contrat et bien le jeu fini par trouver son intérêt. Et je fais partie de la deuxième catégorie, ceux qui ont accepté.
D'office ce qui frappe c'est la qualité du travail sur l'ambiance pour nous immerger en plein dans un film noir des années 40. On repense aussitôt à Chinatown ou LA Confidential et j'avoue que rien qu'être plongé dans cette atmosphère me plait. Les enquêtes suivent toutes la même logique qui peut à terme devenir répétitive si tant est que l'on ne "dose" pas sa progression. D'abord on arrive sur la scène de crime, on déniche les indices sur cette dernière, interroge les témoins. Ensuite, une fois la victime identifiée : interrogatoire des proches, recherche sur les derniers endroits fréquentés, on amasse les indices à droite et à gauche, on cerne le suspect, interpellation, interrogatoire de ce dernier, inculpation... C'est votre degré d'efficacité dans la progression de l'enquête, le fait d'avoir réussi à user intelligemment des preuves pour coincer le suspect, qui vont déterminer votre score à la fin de l'enquête. Ca et aussi votre "comportement" dans la ville. Car oui ici, vous jouez un flic donc pas question de se faire un délire à la GTA à coup de déclenchement d'une fusillade en plein milieu d'une rue bondée de passants débiles.
Ce que finalement le jeu accompli bien c'est de nous placer dans la routine d'un enquêteur et c'est pourquoi, à mon sens, il est indispensable de savoir diluer votre expérience de jeu pour l'apprécier vraiment. Là où la tendance est au rush d'un soft, je pense qu'il faut prendre l'expérience LA Noire au rythme d'une enquête par semaine, un peu à la manière d'une série télévisée policière. Enchainer les épisodes, c'est le meilleur moyen de s'en lasser, et bien pour LA Noire, trop enchainer les enquêtes, c'est aussi risquer de se lasser. Une fois le rythme pris, on peut prendre le temps d'apprécier chaque détail que le jeu nous offre dans son écriture, dans son ambiance.... Explorer la ville a finalement peu d'intérêt tant cette dernière est vide d'activité. Finalement elle est davantage là en tant qu'outil facilitant l'immersion plutôt qu'en tant que terrain de jeu. Toutefois on peut y trouver des voitures de collection, des bobines de pellicules et aussi quelques activités annexes telles que les résolutions de crimes en cours... Sauf que ces dernières ont un problème : on se retrouve la plupart du temps en position de devoir tuer les "contrevenants" et ainsi Phelps fini par devenir davantage un Judge Dredd qu'un réel enquêteur... ce qui flingue l'immersion quelque peu.
Alors avec tout ce que je peux dire de négatif sur LA Noire, vous devez vous demander pourquoi une telle note ? Et bien simplement parce que malgré tout, j'ai été réceptif... et c'est con mais toute l'appréciation d'un jeu, voir d'une oeuvre est là : à votre degré de capacité de réception. C'est évidemment obvious ce que je vous dis là, et ça n'aide en rien dans le fait de déterminer si oui ou non LA Noire est un bon jeu. Le soucis c'est que pour cela il faudrait déjà se mettre d'accord sur les critères d'évaluation, chacun se faisant sa propre grille de lecture. Est ce que c'est le gameplay qui doit primer ? Dans ce cas oui ce jeu est mauvais... mais comme le serait un point&click, genre où par essence le gameplay est minimaliste. Finalement tout se mesure dans les intentions de base et là j'ai envie de dire que pour la plupart elles sont respectées et c'est cela qui me permet, selon mon humble avis de joueur lambda noyé dans une masse, d'estimer que ce jeu est bon. Et ça, ça me suffit....
C'est la fin de la critique de Jean Michel Sèpakonclure.
PS : Autre conseil pour le jeu, allez dans les options et dégagez les aides telles que la musique et les vibrations et sons se déclenchant à chaque fois que vous tombez sur un indice... cela augmentera grandement l'intérêt du jeu en y mettant un peu plus de challenge.