Lightning Returns: Final Fantasy XIII
6.3
Lightning Returns: Final Fantasy XIII

Jeu de Tri-Ace et Square Enix (2013PlayStation 3)

Lightning Returns: Final Fantasy XIII par Gaël Barzin

La saga Final Fantasy aurait-elle progressivement perdue son âme d'antan ? C'est la ritournelle rabâchée depuis quelques années tandis que le jeu vidéo japonais (représenté, à quelques détails près, par le J-RPG) est annoncé comme étant dans un fatal déclin inéluctable. Si le peuple japonais a décidément du mal à reconnaître qu'un autre peuple puisse aussi avoir de bonnes idées, certains éditeurs, dont Square Enix, ont rapidement plié l'échine en empruntant, parfois à l'aveuglette, diverses directions. La treizième étape de la fantaisie finale la plus japonaise se présente ainsi comme un véritable laboratoire d'expérimentations. Et s'il y a une chose que l'on doit bien admettre : c'est que Final Fantasy XIII - tous autant qu'ils sont - ont tous tenté. Après un premier volet "couloir" à l'histoire estimée abusivement compliquée, voire farfelue, le deuxième volet, avec un succès commercial minimaliste, a déjà montré que les murs avaient des oreilles et que le joueur avait manifestement un voix entendue et comprise. En même temps, les mauvaises décisions voire pire leur absence pure et simple mènent au néant, c'est d'une logique implacable.

Ainsi, dans ce second épisode, on y retrouvait plus de dynamisme, l'intégration, notamment, de Quick Time Event, dynamisant grandement les combats contre les boss, et bien d'autres petits éléments qui gommaient sensiblement les écueils des premières aventures de Lightning et ses compagnons. Clairement, Square Enix expérimente. Et c'est une bonne chose. Ce troisième volet intervient directement après la fin dramatique du second épisode. Si de nombreux siècles (500 ans, tout de même) sont passés, on retrouve tous les héros de la saga, aussi pimpants et esthétiques qu'auparavant. Comment est-ce possible ? La fin du monde est proche, le temps fait son bonhomme de chemin tandis que tous les habitants de la planète ont cessé étrangement de vieillir. Les jeunes restent jeunes et les vieux restent emprisonnés dans leurs corps ralentis et meurtris. La fin est pourtant proche et c'est dans ce cadre que se réveille Lightning, l'héroïne stoïque et antipathique du premier Final Fantasy XIII. Le monde étant destiné à disparaître, un dieu, nommé Bhunivelze, fait un pacte avec la jeune fille lui offrant le rôle, lourd de sens et d'actes, de Libératrice. Son but, et le vôtre, par la même occasion, est donc de jouer la carte de la philanthropie et d'aider un maximum d'âmes à régler leurs problèmes existentielles. Cela dans le but d'alimenter l'Yggdrasil, permettant de gagner un peu de temps supplémentaire pour, qui sait, inverser le cours des choses. Concrètement, le jeu ne vous propose que cinq ou six journées au départ mais peut s'étendre jusqu'à treize (pas plus, pas moins).

La force (qualifié fréquemment, et à tort, de défaut par la presse) de cette dernière partie du triptyque initié par Square Enix en 2010 est sa gestion du temps. Le joueur est rapidement mis au pied du mur. Le temps presse et les jours sont comptés. Cinq quêtes principales et une grosse dose de quêtes annexes : c'est ce qu'offre ce troisième volet. Si les quêtes principales font naturellement avancer l'histoire, les quêtes annexes sont classées selon trois niveaux de difficulté, chacune apportant plus ou moins d'une matière nourrissant l'Yggdrasil : le radiant. Le jeu impose ainsi de ne pas traîner. La frustration aurait pu être permanente (puisque les journées ne durent guère plus d'une heure réelle) mais des pouvoirs connexes permettent, entre autres, de ralentir le temps.

Lightning Returns est donc une succession de quêtes (plus ou moins importantes) et de combats réalisés exclusivement en solo. Et contrairement à la logique du J-RPG, ces derniers n'apportent pas l'expérience tant attendue, non. Les quêtes sont les seules habilitées à préparer Lightning à l'affrontement final via l'obtention de bénéficies déclinés en point de vie, points de force et autres bonus supplémentaires. Pourquoi faire des combats dans ce cas ? Pour plusieurs raisons. Certaines quêtes réclament des objets délaissés par des ennemis. Et puis, surtout, les conflits permettent de récupérer des Points d'Energie qui vont permettre d'utiliser, notamment, la fonctionnalité la plus intéressante et la plus utile du jeu : le chronostase. Ce volet se différence sur plusieurs points : les combats, s'ils ne se font pas en temps réel sur le terrain, ils ne sont pourtant pas en tour par tour. Chaque tenue de Lightning permet d'associer une fonction offensive ou défensive sur l'un des quatre boutons d'action de la manette. Tout ou presque est paramétrable et, en profitant des atouts des tenues, le jeu apporte une belle notion de stratégie.

Le jeu demande ainsi de gérer son temps, dans tous les sens du terme. Il faut pouvoir faire avancer suffisamment l'histoire pour alimenter pleinement l'Yggdrasil mais faire également de nombreuses quêtes mineures afin de rendre Lightning plus efficace et plus résistante. De base, le jeu est prévu pour ne pas se finir d'un trait. Un mode "New Game+" permet d'ailleurs de recommencer le jeu en conservant ses caractéristiques. Si l'on peut y voir là un énième défaut, il faut être clair là-dessus : en mode facile, le jeu peut se terminer avec un seul parcours. Et qui dit "facile" ne dit pas forcément sans défi ni soporifique, loin de là. Le jeu propose un challenge de taille, peut-être moins velu que pour d'autres jeux de rôle japonais, mais sans doute plus addictif. Pour preuve : cet épisode vous invite à réaliser plus de quêtes annexes que le permet le bon sens tant leurs bénéfices à un réel impact sur le jeu.

Mais alors, qu'est-ce qui cloche dans ce Lightning Returns ? À vrai dire, au risque d'être à contre-courant, je le qualifierai comme une de mes meilleures expériences de ces derniers mois (nous sommes à la mi-2014). S'il n'emprunte pas ces codes tellement rigides du jeu de rôle japonais, il s'essaie allègrement à un exercice de style où il sort clairement victorieux. Tout n'est pas parfait. Non. Le jeu se la joue open-world, et le visuel s'en ressent terriblement (on dirait de la PS2 améliorée en HD), le nombre d'ennemis n'est pas aussi varié que chez la concurrence et Lightning est aussi charismatique qu'un chambranle de porte (mais le scénario, ici, le justifie amplement). Mais si l'ensemble est positif, que vaut le côté combatif du soft ? Comme dit précédemment, Lightning est seule la plupart du temps. Le scénario justifiera pourtant des alliés temporaires. Fan service faisant, la belle propose ici autant de tenues (rares ou non) que de styles de combat. Le tout propose ainsi une grande variété qui impose souvent d'optimiser la configuration des trois tenues portées simultanément.

Que reste-t-il de Final Fantasy ? Tout et rien, dira-t-on. La série a pris, avec cette trilogie (parfois un peu maudite), un fameux virage. Le plus appréciable dans tout cela est la prise de risques. Démarche assez rare dans un milieu créatif où la nouveauté fait généralement la tronche face au conservatisme et au traditionalisme historique et nationale (oui, je parle du Japon, bien entendu). Lightning Returns clôt un gros chapitre (avec certes un "happy end" un peu bateau comme seuls les Japonais savent les faire) et fait preuve d'innovation et de témérité, sans pour autant jouer la carte de perfection. Square Enix a cependant bien redressé le tir et les prochaines aventures dans ce monde fantaisiste : eh bien, moi, je les attends avec grand plaisir.
Gaeru83
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le 2 juil. 2014

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Gaël Barzin

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