J'ai pris mon temps avant de me lancer sur Little Nightmares profitant d'une promotion après avoir entendu de nombreux échos et me demandant bien comment l'opus pouvait avoir un tel succès. Si Little Nightmares ne renouvelle rien en terme de gameplay, il sait s'imposer par son ambiance et son univers volontairement cryptique. Les nombreuses théories des fans sont intéressantes à suivre et prolongent l'univers.
Mes débuts sur le jeu furent hasardeux, aucune touche n'étant explicitement expliquée. Il faudra passer par le menu pause pour connaître les bases du gameplay et de multiples expérimentations pour en saisir les subtilités comme rester appuyé sur une touche pour ne pas lâcher prise. Les sauts se révèlent aussi hasardeux à cause de la profondeur instaurée dans les niveaux. Avec l'obscurité ambiante, difficile de définir les limites des poutres et autre plate-formes : on meurt plus souvent d'une chute que d'un affrontement contre les ennemis peuplant les entrailles de l'Antre.
Mais passé ces quelques barrières on peut mieux se concentrer sur les décors riches en détails intrigants ainsi qu'au récit même. Little Nightmares ne donne aucunement les clés de son histoire facilement : c'est au joueur de tenter de deviner ce qui se trame dans l'Antre. Instinctivement on se doute qu'il faut extirper Six, cet enfant en ciré jaune, de cet endroit dominé par des adultes gigantesques et malveillants. Si les cuisiniers lourdauds peuvent être facilement esquivés en se cachant, ce n'est pas le cas du Concierge. Aveugle, il est très sensible au bruit et possède des bras plus longs que le Slender-Man qui peuvent vous saisir même si vous vous blottissez sous un meuble ou sur la toute dernière étagère d'une bibliothèque. (Je le considère d'ailleurs comme le boss le plus dangereux du jeu)
Si Little Nightmares n'effraye pas à proprement parler, il distille une ambiance pétrie d'angoisse rappelant les peurs infantiles. Comparé à Six, tout est gargantuesque avec des décors hallucinants de hauteur et des ennemis grotesques et monstrueux, comme les clients du restaurant cherchant à vous dévorer, prisonniers de leurs corps dégoulinant de gras. Ce niveau n'est pas sans rappeler le buffet du Voyage de Chihiro, tout comme Six a des airs de Coraline. Si le visuel du jeu est souvent comparé à Tim Burton, il tient davantage du Henry Selick avec ce mélange d'enfance et d'angoisse.
La fin, contrairement à Six désormais pleinement repue, nous laisse sur notre faim. De multiples interrogations ne sont pas éclaircies
sans compter le sentiment d'avoir mené ce périple pour rien puisque Six se retrouve sur le sommet de l'Antre, au milieu d'un océan sans fin.
Ce qui explique d'autant plus les multiples théories menées par la communauté tentant d'élucider par elle-même les énigmes laissées par le studio.
Pour autant le jeu laisse une marque. Si le gameplay n'est nullement parfait entre la profondeur du champ et la hit-box des sauts parfois outrageusement généreuse, Little Nightmare a su développer sa propre identité. Difficile de ne pas aimer le jeu ne serait-ce que pour la construction de son univers et de sa mythologie.
La version complète apporte quelques réponses, pas assez néanmoins pour conclure brillamment l'opus. Tandis que Six fuit l'Antre, un autre enfant tente la même échappée. La finalité de son parcours va clairement vous surprendre et permet de voir certaines scènes du jeu de base sous un tout autre angle.
Savoir que les Nomes sont des enfants punis par la Dame donne un tout autre sens à ces petites créatures que Six étreint, et surtout sur l'ultime Nome qu'elle va dévorer.
Une suite est prévue et semble prête à sortir si on en croit les quelques images distillées par Tarsier Studios. Croisons les doigts car l'univers de Little Nightmares mérite d'être davantage développé.