Yakuza: Like a Dragon
8.1
Yakuza: Like a Dragon

Jeu de Ryû ga Gotoku Studio et Sega (2020PlayStation 4)


Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog.



Yakuza fait partie des licences dont j’ai entendu les éloges à maintes reprises : fresque gigantesque ayant débuté sur Playstation 2 et dont les épisodes sont légions. Autant dire que se mettre à jour sur une telle série requiert des heures de jeu, sans compter que chaque opus dispose d’un contenu dense. Tentant tout de même le coup, j’avais entamé ma découverte avec Yakuza 0. Si la recette fait mouche (histoire très sérieuse présentant les entrailles de la criminalité nippone, mini-jeux et quêtes annexes loufoques) le fait que l’opus soit sous-titré seulement en anglais requiert une concentration constante pour une non-bilingue comme moi. Surtout que le récit des Yakuza multiplie les personnages et révélations, tissant une intrigue complexe. Autant dire que j’ai fini par espacer mes parties afin de digérer les informations, et que j’ai fini par laisser le jeu en pause, n’ayant pas le temps, ni l’énergie nécessaires pour ce Yakuza 0 qui, je le sens bien pourtant, le mérite.


Pour autant je ne tourne pas le dos définitivement à la licence qui a su m’offrir aussi bien des fous-rires (comme les clips au karaoké et des quêtes secondaires hilarantes) que des moments d’intense émotion (Majima refoulant un client avec brio, Kiryu prêt à se sacrifier pour sa famille). Autant dire que quand Yakuza : Like A Dragon a été annoncé, j’ai lu chaque information délivrée par Ryu Ga Gotoku. Je me suis même essayée à la demo pour avoir un premier aperçu de ce que nous proposait le studio. J’en suis ressortie avec l’assurance d’un excellent jeu et un retour aux codes du RPG qui me rappelaient mes heures passées sur ce genre il y a de cela des années.


L’assurance d’une traduction française a fini par ajouter durablement Yakuza : Like A Dragon à la liste des jeux que je devais acquérir. Le fait que Judgement, spin-off de la série Yakuza, avait eu ce même traitement m’avait déjà fait augurer que le prochain épisode y aurait droit aussi. Belle nouvelle donc ! L’absence de traduction était le gros point noir accolé à la licence. Preuve en est que nombre de joueurs s’y sont frotté avec Yakuza : Like A Dragon et n’ont pas regretté le voyage. Pour ma part, moi non plus.


À l’heure où j’écris ces lignes, j’ai cumulé plus de 70 heures de jeu et ce en l’ayant lancé le 24 décembre. Je n’ai jamais eu la sensation d’accumuler tant d’heures, tant j’étais emportée aussi bien par la narration que les multiples activités annexes proposées. Yakuza : Like A Dragon a su m’attraper pour ne pas me lâcher, exploitant en moi une faiblesse que j’ai dans tout RPG : passer des heures sur les mini-jeux. (Oui le joueur qui reste au Gold Saucer tandis que le Météore menace de détruire la planète, c’est moi)


Tant de choses ont été dites sur cet épisode. Tant de compliments ont été lancés à la figure de Ryu Ga Gotoku. Et pourtant, me voilà à vous narrer par le menu ce qui m’a tant plu dans cet épisode et ce qui pourrait bien vous faire basculer dans ce RPG fantasque.


Vous n’avez jamais approché la licence ? Yakuza : Like A Dragon est le parfait épisode pour savoir si la formule fera mouche ou non. Si le système de combat RPG a remplacé l’antique beat them all, la structure même de l’opus n’est pas si éloignée de ses prédécesseurs. Soyez prévenus : Yakuza : Like A Dragon est un jeu bavard. Il vous faudra patienter jusqu’au quatrième chapitre pour pouvoir, véritablement, explorer Yokohama. Le début est très lent ce qui pourra bloquer nombre de joueurs. Je vous conseille de vous accrocher car, si le jeu est verbeux, chaque scène apporte son lot d’informations qui aura une incidence sur la suite. Et, surtout, lorsque l’exploration vous sera ouverte, vous verrez combien la générosité de Yakuza : Like A Dragon n’est pas seulement dans le verbe.


Résumons brièvement le pitch avant d’aller plus loin. Ichiban Kasuga est un yakuza parmi tant d’autres, membre du clan Tojo comme l’a été Kazuma Kiryu, protagoniste phare de la licence. Un évènement va amener Ichiban à se sacrifier pour que son clan puisse survivre. Endossant un crime qu’il n’a pas commis, Kasuga va purger une peine de dix-huit ans en prison. En sortant de là, non seulement le personnage va se confronter à un monde qui a considérablement changé (rien que sur le plan technologique) mais aussi découvrir que son ancien clan a été complètement chamboulé. Pire que cela, son ancien patriarche, Arakawa, lui tire dessus. Sauvé par Nanba, ancien infirmier devenu SDF, Ichiban se fait fort de découvrir ce qui s’est passé, refusant de croire en la trahison de son mentor.



Yokohama, une ville aussi riche que Kamurocho



Comme dit plus haut, les activités annexes sont légions. On retrouve les quêtes secondaires qui se présentent, là aussi, sous de multiples formes. Si les plus classiques consistent en des échanges avec des riverains, d’autres sont rattachés à un système d’aide à la personne. Une auto-entreprise fait appel à des Héros qui répondent aux sollicitations des gens tels que livrer certains objets ou les secourir des voyous. Ichiban Kasuga, héros de Yakuza : Like A Dragon, en fera rapidement partie, lui qui souhaite devenir un héros depuis qu’il a passé des heures sur Dragon Quest.


Les références à d’autres jeux vidéos sont d’ailleurs multiples dans Yakuza : Like A Dragon. Le mini-jeu de karting, Dragon Kart, est volontairement inspiré de la licence Mario Kart. Les carapaces y sont remplacées par des torpilles et bazookas, et les protagonistes de Yakuza sont tout aussi fantasques que leurs confrères de Nintendo avec, entre autre, un sumo, un catcheur ou encore un duo féminin composé d’une bunny-girl et d’une grand-mère fantasque. Pour ceux atteignant l’ultime défi, ils auront droit à une référence à Initial D, anime légendaire sur le sol nippon et vecteur de mêmes (et d’affection soudaine pour l’eurobeat) dans nos contrées.


Autre référence métaverse qui m’aura valu de nombreux rires : la quête des Sujimons. Un professeur émérite demande à Ichiban de traquer la moindre information sur ces créatures. Pour cela, rien de plus simple : il faut les combattre ! Les Sujimons ne sont rien de moins que les ennemis que l’on va croiser tout le long du jeu et il en existe 242. Vous vous en doutez, on a droit là à une reprise de la licence Pokémon en remplaçant les monstres par des voyous, brigands capitalistes et autres otakus.


Enumérer tous les mini-jeux disponibles serait hautement fastidieux mais je me dois de vous en présenter encore quelques-uns. Ichiban peut ainsi tenter d’obtenir des diplômes auprès d’une école professionnelle ce qui améliorera ses statistiques personnelles (style, charisme, intelligence) ce qui ouvrira de nouvelles lignes de dialogues avec ses partenaires mais, aussi, pour des relations plus intimes avec les personnages féminins gravitant dans et autour du groupe. Si les diplômes consistent en de simples QCM, le principe est rapidement addictif. Non seulement j’ai appris des choses et certains sujets sont vraiment retors (comme celui de la pègre qui n’est rien de moins qu’un interrogatoire sur la licence Yakuza) mais il y a cette satisfaction quand on réussit qui se couple très bien avec la petite animation de Ichiban acclamé par les autres étudiants.


On pourrait aussi citer le cinéma qui confronte Ichiban à de vieux films soporifiques devant lesquels il ne doit pas s’endormir, ce qui donne un jeu de rythme où l’on chasse les moutons. Ou encore la collecte de canettes qui se fait à vélo et où on peut percuter ses adversaires dans un carambolage de ferraille. Mais s’il y a bien un mini-jeu qui vous prendra un temps monstrueux, c’est celui de la gestion d’entreprise.


Vous allez devoir acheter de nouvelles sociétés, remplir des postes avec les employés adéquats, améliorer ces derniers via des formations et faire face, régulièrement, aux réunions des actionnaires. Ces dernières confrontent votre équipe à des individus qui jugeront vos actes et devront être apaisés en lançant des attaques avec vos employés, ou en vous excusant pour calmer le jeu. Ichiban ne faisant pas dans la demi-mesure, le mini-jeu aura atteint son plein aboutissement lorsque votre entreprise sera numéro 1. S’investir dans la gestion d’entreprise vous sera d’une grande aide dans le jeu puisque vous gagnez de l’argent et ce, en grande quantité. Lorsque votre entreprise est numéro 1, chaque réunion réussie vous rapporte 3 millions de yens ! Autant dire qu’après cela, vous pourrez dépenser les yeux fermés.



Un hommage aux racines du RPG



Je parle mini-jeux et activités annexes mais venons-en à ce qui a fait parler de Yakuza : Like A Dragon avant même sa sortie : son aspect RPG. Jusqu’à présent, c’était le beat them all qui régnait en maître sur Kamourocho. Avec ce nouvel épisode, tout change : nouveau protagoniste, nouvelle ville, nouveau système de jeu.


Je me souviens encore d’échanges enflammés avec d’autres personnes arguant que le système tour par tour était devenu obsolète, pis que les joueurs ne s’y intéressaient plus. Entre temps on a eu des opus qui s’y sont essayés et ont rencontré leur petit succès comme Child of Light. Au vu des nombreux retours élogieux sur le dernier Yakuza, je pense ne pas trop m’avancer en assurant que le tour par tour est un système de combat loin d’être définitivement enterré. On retrouve toutes les composantes de ce système dans Yakuza que ce soit les attaques à dicter à vos personnages lorsque c’est à leur tour de se lancer dans le combat, la possibilité de parer ou encore les invocations.


Ces dernières sont une des idées qu’a eu le studio d’appliquer la sauce RPG au monde moderne qu’est celui de Yakuza. Ichiban ne peut pas faire appel à des forces surnaturelles mais il peut appeler des alliés à la rescousse via son téléphone. Et vous aurez droit à tout un florilège dont les effets seront bénéfiques pour votre équipe. Si la demo avait fait parler d’elle avec la pluie d’écrevisses et la femme au foyer, vous êtes encore loin de certaines découvertes tels qu’un biker pouvant enflammer les ennemis, un masochiste vous octroyant plus de résistance aux coups ou encore quelques invités surprises qui ne seront pas des inconnus pour les fans de la licence.


Les compétences de votre équipe dépendront des jobs que vous leur donnerez. Dans Yakuza : Like A Dragon cela se traduit par une visite à Hello Work, équivalent de notre Pôle Emploi. Là encore le décalage est omniprésent avec la possibilité d’offrir à ces messieurs des postes respectables comme hôte, contremaître, garde du corps et pour ses dames croupière, idole ou encore maîtresse sado-maso. Plus vous progresserez dans un emploi, plus vous aurez de nouvelles compétences. Chaque attaque a une explication animée loufoque comme allumer un briquet pour un sort de flammes, utiliser des engins de chantier en tant que contremaître ou des outils de bureautique en tant que employée de bureau.


Chaque membre de votre groupe dispose d’une attaque personnalisée faisant appel à Ichiban et qui n’est accessible qu’après avoir monté votre amitié au maximum avec le membre concerné. On retrouve là encore un élément propre au RPG : les quêtes de protagonistes. Dans Yakuza : Like A Dragon cela se traduit par des échanges menées au bar conduisant à une petite intrigue. Afin d’avoir accès à ces discussions vous devez atteindre un palier dans la jauge d’amitié. Pour cela vous avez de multiples possibilités : inclure votre partenaire dans l’équipe qui combat, manger dans les multiples points de restauration ou même lui offrir des fleurs. Je vous avoue que c’était très drôle de voir certains protagonistes accepter des bouquets de roses et de lys avec enthousiasme.



La famille n’est pas forgée par le sang



Le groupe gravitant autour de Ichiban est l’une des forces de Yakuza : Like A Dragon. Loin de nous exposer des individus illustres, Ichiban, tout comme ses amis, se présentent comme des gens du commun et même de ceux qu’on finit par vouloir exclure de la société. En sortant de prison, Ichiban n’est rien de moins qu’un SDF que Nanba va prendre en charge tout en lui donnant quelques conseils de survie. Ancien policier viré car ayant mis son nez dans des affaires louches, Adachi se retrouve dans une situation proche des deux compères, vivotant au mieux. Saeko semble, de prime abord, la plus lottie du lot. Mais la jeune femme porte aussi son lot de problèmes, veillant sur une soeur qui la rejette tout en assumant pleinement son job d’hôtesse.


Ichiban et ses pairs ne sont pas des héros comme on l’imagine souvent dans les RPGs avec un élu devant suivre une prophétie et des compagnons qui cachent des identités légendaires sous de faux atours. Ce sont des héros dans le sens où ils usent de leurs compétences pour protéger les autres. Ichiban a une profonde affection pour les moins-que-rien délaissés par la société, lui qui est né dans un soapland (littéralement une maison de passe). Que sa mère soit une prostituée ne le gêne absolument pas. Que Saeko œuvre comme hôtesse ne soulève aucune réflexion déplacée de la part du reste du groupe. Ils sont tous dans la même galère et veillent les uns sur les autres.


Yakuza : Like A Dragon n’échappe pas à certaines thématiques bien classiques du RPG japonais comme la force de l’amitié permettant au protagoniste principal de s’en sortir in-extremis. Mais peut-on lui reprocher ce positivisme qui fait chaud au cœur ? Que ce soit Ichiban, Nanba, Adachi ou Saeko, tous traversent des moments de doute au sujet des évènements auxquels ils sont confrontés et la cohésion qui donne à leur groupe un air de famille leur permet d’avancer envers et contre tout. C’est là un message puissant, un parmi tant d’autres qui émaillent l’opus.


Si un thème sert de pilier à tous les autres, c’est bien celui de la famille. Au sein de Yakuza : Like A Dragon le terme a d’ailleurs plusieurs sens. Les origines de Ichiban Kasuga sont floues : tout juste sait-il que sa mère était une employée de soapland. Le seul père qu’il a connu fut le gérant de l’établissement dont le décès plongea si bien Ichiban dans une totale perte de repères qu’il trempa dans la petite criminalité. Pour autant, jamais Ichiban n’a jamais cherché à connaître ses parents biologiques, heureux qu’il était auprès de son père adoptif.


Le terme famille renvoie aussi à la structure même des clans de yakuzas. Le chef de clan n’est autre qu’un patriarche et on comprend rapidement que Arakawa a eu un rôle à la fois de mentor et de père envers Ichiban. Sauvé par Arakawa plus jeune, notre héros voue une fidélité sans borne au clan qui le poussera à continuer à croire en son patriarche, même après que ce dernier lui ait tiré dessus. Au sein du clan Arakawa, les deux sens de “famille” s’entremêlent. Arakawa est aussi père d’un fils que Ichiban surnomme “jeune maître” et sur lequel il doit veiller. Si la relation entre ces deux protagonistes se présente sous des auspices peu reluisants au début, elle a une importance capitale au sein de l’intrigue, tout comme le lien unissant Arakawa et Ichiban.


En dire plus reviendrait à vous spoiler l’intrigue ce qui gâcherait tout le plaisir de la découverte. Gardez seulement ces quelques informations sous la main lorsque vous jouerez afin d’effectuer votre propre analyse des thématiques parsemant Yakuza : Like A Dragon.



Conclusion



Même en arrivant à la fin de cet avis j’ai l’impression de n’avoir qu’effleurer la surface de Yakuza : Like A Dragon. C’est que le jeu est très riche en informations mais, aussi, en émotions. Si certaines quêtes jouent sur la carte du mélodramatique pour mieux nous faire rire, d’autres sont incroyablement touchantes. Quant au récit principal, préparez-vous pour la conclusion qui cumule les séquences promptes à faire vaciller le palpitant.


Yakuza : Like A Dragon est un jeu généreux sur tous les plans que ce soit le contenu dense, les messages véhiculés et les instants de grâce où l’on rit et, la seconde d’après, on s’émeut face aux réactions des protagonistes. Si vous recherchez un RPG rendant hommage au genre tout en proposant sa propre sauce modernisée, venez voyager à Yokohama. Le voyage est long mais il mérite le détour.

So-chan
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs jeux vidéo de 2020

Créée

le 21 janv. 2021

Critique lue 1.2K fois

6 j'aime

2 commentaires

So-chan

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

6
2

D'autres avis sur Yakuza: Like a Dragon

Yakuza: Like a Dragon
Benetoile
8

Un jeu au grand coeur

Critique publiée à l'origine sur Etoile-et-champignon.fr Yakuza 7 (sous-titré Like a Dragon) est notre première incursion dans la série, et c’est une belle découverte : celle d’un jeu à forte...

le 9 déc. 2020

16 j'aime

Yakuza: Like a Dragon
Tarask_Coral
7

Un bon épisode, mais pas si nouveau que ça

Garanti sans spoil. Yakuza 7 nous promettait un renouveau, via un changement de personnage, changement de décors (Yokohama) et surtout, un changement de genre (passage au JRPG tour par tour). Est-ce...

le 4 avr. 2020

11 j'aime

3

Yakuza: Like a Dragon
So-chan
9

La naissance d’un nouveau dragon

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog. Yakuza fait partie des licences dont j’ai entendu les éloges à maintes reprises : fresque gigantesque ayant débuté sur...

le 21 janv. 2021

6 j'aime

2

Du même critique

Little Nightmares II
So-chan
8

Petits cauchemars entre amis

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog. Tarsier Studio avait su frapper fort et juste avec Little Nightmares, un jeu horrifique misant sur les peurs infantiles...

le 15 févr. 2021

6 j'aime

Yakuza: Like a Dragon
So-chan
9

La naissance d’un nouveau dragon

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog. Yakuza fait partie des licences dont j’ai entendu les éloges à maintes reprises : fresque gigantesque ayant débuté sur...

le 21 janv. 2021

6 j'aime

2

Haven
So-chan
9

Les amants se cachent pour s'aimer

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog À la recherche du paradis Comme vous vous en doutez déjà (ou alors vous allez le découvrir dans quelques secondes) dans le...

le 28 déc. 2020

5 j'aime