J'ai une relation compliquée avec la série Luigi's Mansion. J'ai pendant longtemps détesté le premier jeu, que je trouvais trop linéaire, trop court, trop facile et uniquement basé sur le scoring, si bien que je me suis complètement désintéressé de sa suite et de l'annonce du 3 l'an dernier. J'avais même échangé mon CD GameCube (contre l'édition collector de Zelda TWW/OOT, ce qui n'était pas une mauvaise transaction si vous voulez mon avis) pour ne plus jamais en entendre parler. Néanmoins, j'ai fini par le racheter quelques années plus tard à bon prix et je me suis finalement relancé dans l'aventure ce mois-ci. Verdict : c'était pas si mauvais ; si l'aventure reste aussi courte que dans mes souvenirs, le jeu a vraiment une atmosphère et une écriture excellente qui permettent de faire passer la pilule.
Histoire de continuer sur ma lancée, je me suis procuré la suite sur 3DS, à défaut de pouvoir jouer au troisième volet pour le moment. Je sais que le 2 est généralement considéré comme moins bon que son prédécesseur, mais...ça n'est pas mon avis !
Mario is Missing 3
Le professeur K.Tastroff vit dans une vallée remplie de fantômes amicaux, sous l'influence d'une Lune noire (qui est plutôt violette si vous voulez mon avis). Une nuit, le Roi Boo détruit la Lune pour prendre le contrôle des fantômes, ce qui oblige K.Tastroff à appeler en urgence Luigi, qui l'avait aidé 12 ans plus tôt (le plombier vit d'ailleurs dans un des manoirs qu'il pouvait gagner en finissant LM1 avec une certaine somme d'argent, sympathique marque de continuité).
Je ne vais pas forcément m'attarder sur l'histoire (elle n'est pas importante de toute façon), mais je la trouve beaucoup moins bien menée que dans sa préquelle. Cela à cause de 2 points majeurs :
- Le jeu entretient le suspense sur l'identité du grand méchant du jeu, ce qui est parfaitement con. Dés la première cinématique du jeu, le joueur sait que le Roi Boo a brisé la Lune (on le voit faire, en gros plan !). Dés lors, à quoi ça sert de montrer pendant 8 heures des monologues de K.Tastroff à base de "Oh là là, mais qui est donc cet adversaire très puissant qui porte une couronne ?" ? Ca alourdit inutilement un script déjà très bavard.
- Au bout d'à peu près 80% du jeu, on apprend que Mario a été enlevé par les Boos. D'accord. C'est quoi l'intérêt ? Faire un clin d'oeil au premier jeu j'imagine, mais c'est débile. Dans LM1, sauver Mario était le but de Luigi, or dans LM2, son objectif dés le début est de sauver la vallée de l'influence des Boos, donc rajouter une dose de fan-service (surtout aussi tard dans l'intrigue) c'est parfaitement inutile. D'autant que Mario n'était même pas mentionné jusque-là ; il n'était à priori pas dans la vallée, on ne sait pas quand et comment les Boos l'ont kidnappé... Bref, c'était dispensable, surtout si c'est aussi mal amené.
Contrairement au premier jeu, Luigi va cette fois-ci devoir explorer 5 manoirs au lieu d'un. Dans la plus pure tradition Marioesque, chaque manoir représente un "monde" : glace, forêt, sous-sol... On y perd le sentiment d'unité de la bâtisse du 1 mais on y gagne en mécaniques diverses, donc ça n'est pas forcément négatif.
Etrangement, le jeu est esthétiquement très surréaliste avec ses murs sans angles droits ou ses lianes biscornues, ça donne un côté cartoon au titre qui tranche avec le pseudo-réalisme du premier titre. Les fantômes suivent d'ailleurs cette tendance, étant beaucoup plus "ronds" et mignons que ceux du premier jeu (qui lorgnaient clairement vers l'esthétique de SOS Fantômes).
On peut également déplorer le faible bestiaire du jeu. Luigi's Mansion ne brillait pas vraiment sur cet aspect non plus, mais il compensait en offrant une vingtaine de Ghosts Portraits (le nom FR m'échappe) qui faisaient office de mini-Boss et qui étaient pour certains optionnels. Le 2 offre une poignée de fantômes uniques (les 3 soeurs ou le Polterpup), mais les ennemis seront généralement tous des variantes des 5 mêmes fantômes. Même les Boss suivent cette tendance, 5 d'entre eux (sur 6 !) étant une seule et même espèce de fantôme (qui prend heureusement le contrôle de différents objets, ce qui offre une meilleure variété de bossfights).
La 3DS n'étant pas la GameCube, le jeu est également moins généreux en effets visuels divers. Adieu l'opacité des fantômes, les effets de poussière ou les déformations réalistes des tissus.
En bref, Luigi's Mansion 2 a perdu beaucoup du charme du premier opus, en cartoonifiant et Mario-ifiant toute son esthétique. Si le premier était un Ghostbusters, celui-ci serait plutôt un Scooby-Doo.
Mais heureusement, le jeu regorge de qualités pour palier à cela !
Bootades
Et ses qualités, on les trouve surtout dans le gameplay.
Luigi se contrôle comme un charme, bien que l'absence d'un second stick se fasse ressentir de temps à autres. S'il m'arrivait de louper des fantômes dans le premier jeu sans raison apparente (ils étaient bien stun, mais parvenaient à disparaître avant que je ne dégaine mon aspirateur), ça n'est plus le cas ici, ce qui est un ENORME soulagement.
(Bon, par contre à un moment j'ai eu un glitch et Luigi était coincé dans un mur, j'ai dû recommencer tout le chapitre.Joie.)
Notre bon Luigi a également de nouvelles armes à sa disposition. Sa lampe-torche peut être chargée pour éclairer plus largement une pièce et donc potentiellement piéger plus de fantômes, son aspirateur envoie des décharges électriques facilitant la capture, et il est équipé d'une nouvelle lampe révélant des éléments invisibles.
Ce nouvel équipement en poche, Luigi peut désormais s'attaquer à des énigmes plus poussées que dans le premier opus. Rien d'insurmontable, mais ça permet de ne pas s'ennuyer en explorant les manoirs, là où LM1 tournait vite en rond.
On perd néanmoins le bouton A de l'original qui permettait d'appeler Mario à l'aide et qui renforçait l'atmosphère lugubre du titre. Compréhensible vu que Luigi n'apprend que très tard que Mario a disparu, mais les simples "Hello ?" qui le remplacent sont beaucoup moins attachants (et ils ont été relégués à la croix directionnelle).
Comme dit plus haut, les Boss sont également plus inventifs que dans le premier. En effet, bien que LM1 n'ait que 4 Boss principaux, 3 reposaient sur le même principe, à savoir "j'aspire une balle et je lui envoie dans la gueule". LM2 propose une plus grande variété de tactiques, allant de l'allumage d'un feu au marathon d'ennemis, en passant par une phase de merde en gyroscope (oui, le Boss du Monde 4 est LE moment relou du jeu).
Conséquence directe de l'augmentation du nombre de manoirs, le jeu est plus long que son aîné. Pas 5 fois plus long hélas (les manoirs sont presque tous plus petits que dans le premier), mais j'ai tout de même mis 12h à finir le jeu, contre seulement 4h précédemment. Pour les plus complétionnistes d'entre nous, le jeu incorpore également un mode multi-joueur coopératif qui m'a l'air fort sympathique mais auquel je n'ai pas vraiment touché (on est en 2019, les serveurs de la 3DS sont désertés) et la possibilité de trouver des joyaux rares et souvent bien cachés, une quinzaine dans chaque manoir.
D'ailleurs, contrairement au premier volet, l'argent a un réel intérêt dans LM2 puisqu'il permet d'acheter des améliorations pour l'Ectoblast. C'est souvent basique, mais c'est plus agréable qu'un simple .png qu'on ne verra qu'à la fin du jeu !
Un mot sur les musiques. Le nouveau main theme du jeu est sympathique et correctement remixé dans les différents manoirs, mais reste nettement moins dans les mémoires que celui du premier jeu (qui est toujours présent lorsque K.Tastroff vous parle). De même, Luigi ne siffle plus ce thème, ou le fait très rarement, dommage.
En parlant de K.Tastroff, j'ai eu réellement peur au début du jeu quand j'ai vu qu'il nous contactait toutes les 10 secondes pour nous raconter sa vie, on se serait cru dans Pokémon Soleil et Lune. Au final, ça se calme au bout du deuxième ou troisième Monde et on peut enfin explorer sereinement sans que Captain Obvious ne nous apprenne un truc qu'on avait déjà deviné.
Reste ce découpage du jeu en "chapitres", qui crée des coupures entre chaque mission. Je n'en suis pas très fan, d'autant que ça empêche d'explorer les manoirs d'une traite, mais on s'y fait.
Enfin, le jeu conserve une bonne partie de l'humour du jeu original. Si les Ghosts Portraits sont partis, les Boos sont restés et continuent de nous fournir en jeux de mots qualitatifs. Mention spéciale à CariBoo dans le monde 2 qui, je cite, "veut nous faire un gros bec" (j'ai sincèrement rigolé pendant 1 minute). Il est juste dommage que la Galerie des Boos, débloquable dans le jeu, ne permette pas de relire ces petites punchlines.
Green is the new Black
Au final, l'expérience sur LM2 a été très plaisante grâce au gameplay peaufiné et approfondi. On sent que le jeu n'avait plus la contrainte d'être un titre de lancement pour sa console et que les développeurs ont pu y incorporer plein de nouvelles idées.
Néanmoins, s'il est plus agréable à jouer, j'avoue que je regrette l'ambiance plus réaliste du premier épisode qui en faisait vraiment un jeu à part dans la série Mario. Dommage de voir que Luigi's Mansion 3 a préféré suivre la voie du deuxième jeu plutôt que de l'opus fondateur, car je pense que c'est surtout ça qui a valu au 2 une réception assez divisée auprès de la fanbase (bien que globalement positive).
Maintenant Next Level Games, si vous pouviez nous faire un Mario Football 3, vous seriez de vrais princes !