Mass Effect 2
8.1
Mass Effect 2

Jeu de BioWare Corp et Electronic Arts (2010PC)

Mass Effect 2 ou « la suite tant décriée par les fans du premier opus pour l'amaigrissement de sa partie RPG ». Avec cette suite, Bioware a cherché à éliminer tous les défauts du jeu original, ou devrais-je dire, tout ce qui leur paraissait être des défauts. Vous serez donc heureux d'apprendre que les mini-jeux sont toujours là, encore plus inutiles et barbants que jamais ! Néanmoins, c'est en quelque sorte le prix à payer pour la disparition de l'horripilant, de l'insoutenable et de l'insupportable... système d'inventaire ! Champagne !

On se retrouve donc avec un jeu qui combine la partie action d'un TPS et la partie dialogue d'un RPG. Finies les compétences d'armes, d'armures et de charme/intimidation du premier titre. Désormais, seul votre score en Conciliation/Pragmatisme sera pris en compte pour déterminer votre accès à telle ou telle réplique de dialogue - d'une certaine façon, on passe d'un système de progression à répartition de points à un système de progression par la pratique, ce que j'approuve – et la montée en puissance de votre avatar se fera essentiellement sur le développement d'améliorations dans le laboratoire de votre vaisseau.

En ce qui me concerne, je trouve que Bioware a conservé l'une des deux parties essentielles de ce qui fait un RPG : le dialogue. Le système de dialogue reprend les grandes lignes de celui du premier jeu, à savoir un menu radial vous proposant jusqu'à six répliques différentes et positionnées selon leur catégorie (conciliation, neutre, pragmatisme), en rajoutant un peu de dynamisme par l'intermédiaire d'actions contextuelles, ou QTE, des moments rapides où vous aurez à appuyer sur le bouton gauche ou droit de votre souris pour déclencher une action de conciliation ou de pragmatisme. L'idée est intéressante, mais certains QTE restent actifs pendant à peu près une demi-seconde. Vous aurez intérêt à être sur le qui-vive.

Pour la partie action, les développeurs ont décidé de se débarrasser de toutes les compétences y ayant trait : vous ne dépenserez plus de points pour améliorer votre maîtrise du fusil à pompe ou de l'armure lourde. A la place, votre personnage maîtrisera toutes les armes que sa classe lui permet d'utiliser, et la montée en puissance se fera sur le développement de recherches, telles que l'augmentation des dégâts de l'arme, des dégâts biotiques de tout le commando, ou le développement de nouvelles armes, comme un lance-missiles au plutonium (et pas rempli de vieilles pièces de flipper) et surtout : l'augmentation de la quantité maximale de munitions transportables. Oui, l'échauffement des armes, c'est fini, mais vous avez des munitions limitées pour la durée de votre mission en cours. Bon, honnêtement, vous ne serez jamais à cours de bastos à moins de vous la jouer cowboy, et seules vos munitions d'arme lourde auront de l'importance puisqu'elles seront les seules à ne pas se régénérer entre deux missions. Vous trouverez aussi de temps en temps des prototypes que votre commando pourra utiliser à la place de son équipement standard. Tout votre commando. En même temps. Logique.

L'équipement. Parlons-en. Comme le système d'inventaire a disparu, vous ne pourrez plus modifier l'équipement de vos personnages comme ça vous chante, vous devrez vous contenter de le modifier à bord de votre vaisseau, avant chaque mission ou via le « vestiaire » ou... en mission, si vous avez la chance de tomber sur un vestiaire qui traîne dans le coin. Oui, je sais, c'est très logique de retrouver vos chers prototypes d'armes dans tous les recoins sombres de la galaxie. Mais je pinaille. Ça reste plus rationnel que de se trimbaler cent cinquante armures.

En parlant de vaisseau, j'aurais bien du mal à ne pas vous gâcher la surprise en vous en parlant. Je me contenterais de dire que son agencement a été revu et que les changements apportés sont judicieux. Les pièces sont plus nombreuses, mieux agencées, certains détails font sourire (comme les toilettes, leur absence devait poser quelques soucis à l'équipage dans le premier jeu). Vous pourrez même meubler vos quartiers avec de la déco achetée en boutique, dont une cage d'hamster de l'espace-géant miniature. Ça vous dit quelque chose ;) ?

Entre deux escapades sur une planète, vous pourrez explorer la galaxie, plus librement encore que le premier jeu. Le détail qui change, c'est que dans Mass Effect 2, vous déplacez votre vaisseau dans un système en cliquant avec votre souris au lieu de directement choisir votre destination. Excepté le fait que vous voyez votre vaisseau à l'écran, je trouve que ce changement n'apporte rien : votre vaisseau peut quand même traverser les planétoïdes sans problèmes... par contre, les phases d'exploration des planètes en Mako ont été totalement retirées du jeu. Il faut dire qu'avec des terrains parfois franchement escarpés et un moteur physique dont les soubresauts rappelaient les hoquets de Dédé à la sortie du bistrot, c'était plus une corvée qu'autre chose. L'exploration au sol cède la place à la prospection orbitale : vous enclenchez le scan de la planète, vous cherchez les gisements intéressants et vous lancez vos sondes. Rien de transcendant, c'est simplement quelque chose que vous aurez à faire si vous souhaitez progresser sans trop d'encombres et garder toute votre équipe en vie.

A propos d'équipe, je trouve que les nouveaux compagnons font plus « badass » que les compagnons du premier jeu... moins charismatiques aussi, à l'exception d'un certain scientifique galarien (qui est d'ailleurs un des rares à jouir d'un doublage francophone digne de ce nom). Finalement, on a un peu l'impression d'emmener douze salopards en mission suicide. Ça plaira à certains, pas à d'autres, mais ce qui est sûr, c'est que l'heure n'est plus vraiment à l'exploration d'une galaxie mystérieuse, ni à sa contemplation.

Et avec tout ça, je n'ai même pas parlé du scénario. C'est probablement la partie la plus délicate à aborder, puisqu'il ne faut pas gâcher la surprise. Dans les grandes lignes, je dirais que même si ça reste de la space fantasy, l'ambiance générale est plus sombre, plus glauque, plus mature. La trame principale garde l'allure de la trame high fantasy du premier opus, avec quelques greffes de dark fantasy ici et là. J'ai beaucoup apprécié le début du jeu. Bioware a aussi enfin appris à bâtir des lieux plausibles et qui ressemblent vraiment à quelque chose, la station Oméga restant l'un de mes endroits préférés. Comparez simplement « l'Au-Delà » au bar de la Citadelle du premier jeu. Y'a pas photo. Seule déception à ce niveau : la Citadelle n'est devenue qu'un petit quartier rempli de postes de voyage rapide. Dommage, c'est devenu plus rapide d'y circuler mais on perd beaucoup en découverte...
Le point le plus raté selon moi reste le boss final, qui semble tout droit sorti d'un film d'horreur de série B. Naïvement, j'entretenais le faux espoir de pouvoir débarquer devant le grand méchant en lui disant que tous ses soldats étaient stériles et qu'il ferait mieux de faire exploser sa base, mais je dois admettre que ça aurait fait tâche dans une franchise « Captain America ».

Cependant, je trouve que les développeurs ont fait pas mal d'efforts sur les quêtes annexes liées aux compagnons. Grossièrement, l'assemblage de votre équipe se fera en deux étapes : le recrutement et la quête de loyauté. Tandis qu'on se limitait de recruter quasiment toute l'équipe du Normandy sur la Citadelle dans le premier jeu, on aura ici un peu de recherche à faire, et la quête de loyauté de chaque compagnon présentera un réel travail d'écriture – sauf pour les deux compagnons disponibles avec des DLC lamentablement onéreux (pléonasme). Certaines quêtes soulèvent certains dilemmes d'ordre... philosophique. Le mot semble peut-être exagéré, mais le fait est que la plupart des quêtes de loyauté dépassent le cadre du « Je dois tuer les démons parce qu'ils sont trop méchants. ».
Toutefois, les romances sont similaires à celles du premier volet et à celles de Dragon Age : sans intérêt, sans incidence, sans subtilité, sans saveur. Les développeurs ont même poussé le fanservice dans ses retranchements en proposant une « femme de chambre » qui assure parfois les fonctions de quartier-maître...

Pour résumer, je dirais que Mass Effect 2 est un très bon jeu dès l'instant où vous ne vous attendez pas à jouer à un RPG en vue isométrique, et si vous aimez un peu les combats en vue à la troisième personne. Il n'a pas inventé l'eau chaude en la matière mais les affrontements restent assez agréables, dynamiques, et ils vous emmèneront là où le scénario est censé vous conduire.
J'étais très dubitatif à l'époque où j'ai entendu parler de cette suite, scandalisé par le fait que Bioware cherchait à réduire la part de jeu de rôles. Finalement, après plusieurs parties terminées, je pense que la plupart de leurs retouches vont dans le bon sens. Vous serez comblé si vous aimez les jeux de rôle (oui, sans le « s ») très scénarisés et bien mis en scène.

Créée

le 2 mai 2011

Critique lue 351 fois

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Makks

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