Mega Man
7.2
Mega Man

Jeu de Capcom (1987NES)

C'est fou le nombre hallucinant de séries dérivées qu'à connu ce Cobra de poche qu'est Mega Man : Mega Man X, World, ZX, Zero, EXE, Battle Network, Star Force, Legends… allant même jusqu'à un improbable jeu de foot !! Mais ici, on parlera de l'ancêtre, le seul et l'unique, qui pose déjà un certain nombre de bases inhérentes à la série…


Mais d'abord, un petit coup de gueule, envers le nom-même du jeu : Mega Man. Au Japon, il se nomme Rockman, et son héros, Rock, faisant la paire avec sa sœur Roll (tout le monde aura, je l'espère, saisi la référence). On imagine aisément que ce nom a été choisi en référence à ses capacités élevées de résistance, il est "solide comme un roc". Perso, j'y vois même une double interprétation : en japonais, Rockman se prononce plutôt "rokuman" ; hors "roku" signifiant "six" et Rock faisant face à 6 robots-masters dans ce premier opus, on peut très bien l'interprêter comme "l'homme qui en vaut 6".


Et c'est là qu'intervient ma critique : pourquoi avoir changé le nom du jeu lorsqu'il est passé par la case USA ? C'est pas comme si le titre était incompréhensible pour un non-japonophone… Je suppose qu'on doit encore cette brillante idée à un service marketing foireux, dont la scène est facile à imaginer :


-"Yo, John, j'ai là un super jeu japonais, mais son titre est pas super vendeur"
-"Fais voir… "Rockman", l'homme-caillou? Ouais ça craint. Ces faces de citron n'ont vraiment aucune imagination…"
-"Ouais, faut trouver mieux, mais là j'ai pas trop d'idées… Sinon, c'est quoi ce que tu lisais tout à l'heure?"
-"Les aventures d'un vrai héros bien de chez nous, tellement viril et badass qu'il se promène en collants : Superman".
-"Super...man? Putain John, je crois que je l'ai trouvée, l'idée. Dis-moi, qu'est-ce qu'il y a au dessus de super? Mega !! On n'a qu'à l'appeler Mega Man."
-"Pete, mon vieux, t'es un génie".


Le pire, c'est que la véritable histoire n'est sans doute pas très éloignée de cette digression. Et comme à l'époque, l'Europe dépendait encore plus qu'aujourd'hui des USA, on a gardé cette géniallissime trouvaille chez nous…


Venons-en -enfin- au jeu, en commençant par le scénario, plutôt "élaboré" pour l'époque (et pour le genre) : au 21ème siècle, après un prototype raté ayant disparu on ne sait où, le Pr. Light réussit à mettre au point 2 androïdes autonomes destinés à assister l'Humanité dans la vie de tous les jours. Le succès et la reconnaissance ne se firent pas attendre, et finalement 6 nouveaux androïdes vinrent s'ajouter à la fête. Mais un jour, Dr. Wily, le rival du Pr. Light, tombe sur le proto en train de mourir et réussit à en percer les secrets : il parvient à reprogrammer les 6 nouveaux androïdes afin qu'il lui servent de lieutenants pour son projet diabolique : mettre le monde à sa botte, rien que ça. Pour le contrer, Rock accepte de se voir à son tour modifier en androïde de combat, et se retrouve alors équipé d'un canon à plasma…


Lorsqu'on arrivait pour la première fois à l'écran des niveaux, quelle agréable surprise que de voir qu'on pouvait les parcourir dans l'ordre qu'on voulait ! C'était franchement révolutionnaire pour l'époque. Bon, par contre, on déchantait tout aussi vite devant la difficulté ahurissante du soft, en particulier quand on ne suivait pas le cheminement "logique", sensé "faciliter" la progression… Car oui, autre innovation du soft, lorsqu'on triomphe d'un boss, on récupère son arme de prédilection, qui est efficace contre un autre boss ! Par exemple, Ice Slasher, l'arme d'Ice Man, met la misère à ce pauvre Fire Man ! Mais attention, contrairement au canon à plasma, les munitions des armes supplémentaires ne sont pas illimitées…


Si on tire beaucoup dans Mega Man, on saute aussi pas mal, le saut ayant deux niveau de pression déterminant sa longueur. À la différence d'un run'n'gun style Contra, la plateforme et le shoot sont d'égale importance dans Mega Man, et certains passages mettent à rude épreuve notre dextérité (et nos nerfs), et l'erreur se paye cash. C'est d'autant plus vrai qu'on commence avec trois vies et basta. Pas de mode "normal" comme le deuxième opus, pas de passwords, pas de e-tankers… C'est marche ou crève (et ce sera très souvent crève). À faire donc de préférence sur émulateur, en "s'imposant" des restrictions : pour ma part, je sauvegardais à chaque robot-master vaincu.


Pour un jeu sorti en 1987, Mega Man est fort joli. Chaque environnement est correctement détaillé et prend place dans un décor relatif aux caractéristiques du maître des lieux, soit l'un des fameux robots-masters. Le level design est exceptionnel pour l'époque (comprendre : ça monte, ça descend et ça va dans toutes les directions), et le bestiaire est en grande partie inédit d'un niveau sur l'autre. Tout ça jusqu'au désormais célèbre Wily's Castle, qui est une sorte de best of de toutes les épreuves déjà rencontrées, dans un très long niveau (heureusement découpé en plusieurs parties) où l'endurance et la concentration sont les facteurs-clés.


Malgré tout, Mega Man et très loin d'être un jeu parfait. S'il est effectivement agréable à l'œil, c'est parfois au prix de nombreuses concessions techniques. Si on peut passer sur le fait que les sprites clignotent de temps en temps plus que de raison, il arrive à certains moments que le jeu rame, et pas qu'un peu…ça rajoute une difficulté supplémentaire à un jeu qui n'en avait définitivement pas besoin… Mais contrairement à un Batman, les superbes musiques ne sont en revanche pas impactées par ces défauts techniques (on se console comme on peut).


L'autre gros reproche que j'aurais à faire, c'est un petit truc que je détestais voir à l'époque (et aujourd'hui encore d'ailleurs) dans de nombreux jeux plus ou moins similaires, Castlevania en tête : le petit rebond en arrière quand on se fait toucher par un ennemi ou son projectile. C'est particulièrement frustrant dans la série Mega Man en général, et dans ce premier opus en particulier, tant certains sauts consécutifs requièrent timing et précision diaboliques…


Mega Man est un soft culte. Mais c'est aussi une expérience vidéoludique très éprouvante tellement le jeu est l'opposé total du user friendly. Beaucoup de ses erreurs de jeunesse seront heureusement corrigées dès la deuxième itération de la série, ce qui en fait par conséquent le plus frustrant et difficile de la franchise, séries dérivées incluses, et de très loin. Mes respects donc, à ceux qui peuvent le finir sans savestates…

Wyzargo
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le 4 août 2016

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