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J'aime ce jeu, sans l'ombre d'un doute. J'y ai pris plaisir malgré son évidente répétitivité digne du premier Assassin's Creed.


Et j'admet être un fanboy de l'oeuvre de Kojima. Je ne peux pas malgré tout fermer les yeux sur la quantité de missions bouche-trous hallucinante. Les modes extrêmes/total stealth et autres variantes auraient dues être réservées à un genre de newgame+, ou aux side-ops.


Fillers forcés dus au développement chaotique dans ses derniers mois et au conflit Kojima Prod/Konami ? On ne le saura peut-être jamais.


The Phantom Pain se répète. Beaucoup. Les missions peuvent être résumées à: délivrer un/des prisonnier(s), kidnapper un soldat de haut niveau, éliminer une personnalité/une unité d'élite. Mauvaise foi mise à part, non bien sûr, il n'y a pas que ça, mais tout cela constitue quand même 3/4 des objectifs de missions, principales comme optionnelles. Au nombre de 50 pour les premières et plus du triple pour les secondes.


Parallèlement, et c'est bien pour ça que j'aime la série Metal Gear Solid, on tient une histoire captivante, mais souffrant d'un rythme en dent de scie (ou pas, c'est selon vous, si vous décidez de rusher toutes les missions principales ou si vous voulez, comme je l'ai fait, prendre le temps d'explorer la moindre activité annexe). Je vais SPOILER aussi sauvagement que les usagers des réseaux sociaux le font pour chaque épisode de Game of Thrones, quiconque me lit est prévenu.


Le jeu offre quantité de scènes d'une intensité que je retrouve rarement dans le jeu vidéo (de mémoire il n'y aura eu que The Walking Dead: The Game, The Last of Us et ... du même Kojima: Metal Gear Solid 3 Snake Eater qui demeure aussi pour moi le plus poignant exemple de "jeu vidéo qui vous arrache les larmes dont vous ne vous croyiez pas capables") .


Au rayon des plus sombres: l'exécution forcée de vos soldats, qui se mettent fièrement au garde à vous dans la mission 43, remettant leur triste sort aux mains de celui qu'ils admirent par dessus tout. Un moment dérangeant qui fait directement écho au final de Snake Eater 12 ans plus tôt.


Les personnages sont attachants : au delà de son design fan-service discutable (qu'ils ont tout de même réussi à justifier par une pirouette scénaristique bien trouvée), Quiet marque les esprits. La conclusion de son histoire au milieu d'une tempête de sable est à l'image du personnage: mystérieuse, envoûtante, mais porteuse d'espoir. Les raisons de son rapprochement avec notre Big Boss demeurent floues jusqu'au bout, et au fond ce n'est pas plus mal. Elle demeure également le meilleur équipier imaginable sur le terrain.


Huey, lui, fait de la peine (un peu comme son fiston dans les autres épisodes). Il énervera plus d'une fois mais finalement inspire la pitié tellement il est empêtré dans le déni ; l'impulsivité de Miller n'est pas nouvelle, en revanche, j'apprécie de retrouver Ocelot plus posé, moins tête-brûlée que ce qu'il était dans Snake Eater. Code Talker fera ici figure de vieux sage, même s'il proposera par moments quelques interventions plus légères, contrastant avec le portrait grave qu'on dresse de lui tout le long du jeu.


Les autres personnages, y compris le bad-guy annoncé Skull Face sont malencontreusement plutôt oubliables et j'en suis le premier déçu. Lorsque vient le moment de mettre en oeuvre la vengeance miroitée depuis Ground Zeroes, on en sort assez indifférent, malgré la conviction certaine qu'on vient de triompher d'une ordure.


Au delà de ça, le jeu vient ajouter aux thématiques déjà chères à Kojima et son équipe (dérives de la guerre, conséquences désastreuses de la soif de contrôle) quelques sujets plus neufs dans la série tels que la domination occidentale à travers la mondialisation ou encore la perte d'identité culturelle via les parasites qui ont le pouvoir d'affecter et même tuer tous ceux parlant une langue spécifique.


Le jeu approfondit aussi la condition des enfants soldats, thème déjà survolé dans l'épisode Peace Walker autour du personnage de Chico. Et même si en raison de la "mission 51" absente du jeu final (pourquoi ? on ne le saura surement jamais non plus), ce qu'il advient de ces "Diamond Dogs" Kids reste discutable, ceux qui auront pu voir les bonus figurant uniquement dans l'édition collector peuvent au moins s'en faire une vague idée. Les épisodes anciens (mais chronologiquement ultérieurs suivant la timeline officielle de la série) se chargeant de combler les trous.Le twist final étant relativement prévisible, il ne m'a fait ni chaud ni froid.


Le jeu qui devait conclure en grandes pompes les aventures de Big Boss n'est pas totalement à la hauteur des attentes qu'on avait placées en lui. Mais je lui pardonne. Fanboyisme mis à part, j'ai vécu une aventure très chargée en émotions, éprouvé un grand plaisirs à approcher les bases ennemies de mille et une façons différentes. L'essentiel est là, mais ce n'est pas parfait. Tant pis. Au fond, le voyage importe plus que la destination.

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